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EAN : 9782366582840
192 pages
KERO (24/08/2016)
4/5   3 notes
Résumé :
« Éva, soudain, réalisa à quel point elle avait été éteinte, car maintenant qu'elle était allumée, elle pouvait diriger son regard dans toutes les directions, et capter le moindre mouvement de la vingtaine de personnes attablées en terrasse. Une rumeur plaisante bruissait partout autour. Elle perçut : "c'est elle !", "la voici" et, en prêtant bien attention à ce bruit qui bourdonnait, elle comprit : "la messie". Voilà ! se dit-elle, voilà que ces braves gens reconna... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lire nous envoie dans des univers souvent inconnus, insoupçonnés, et pourtant, on en redemande encore. Même si l'histoire nous malmène, nous étreint ou nous choque, on cherche à chaque instant à reproduire ces sensations. Tantôt bercé par les larmes, par les rires ou l'incompréhension, lire nous rend plus vivant, car emprunt de la puissance et de l'énergie que l'auteur souhaite nous transmettre. Voilà ce que me procure la lecture. Je vis et ressens. Et lorsque je vois mon fils grandir, je ressens toutes ces sensations décrites plus haut avec davantage d'intensité : il écrit sa propre histoire.

Eva est danseuse. Elle vogue dans sa vie comme dans son esprit, de façon feutrée, à pas embrumé par des réflexions étranges. Elle a été quittée par Albane qui souhaitait faire "une pause", mot douloureux pour Eva qui ne le comprend que très peu. Mais elle avance dans sa vie, de façon étrange, à côté de la réalité. La vie d'Eva est enrichie d'événements anodins, mais qui, dans son esprit, ont une importance capitale. On découvre ensuite Eva par les yeux d'Amir, son nouveau compagnon, puis par son amie Nora. Ensemble, ils vont nous dresser le portrait d'une Eva perdue, dont la réalité ne tient qu'à un fil.

Cette histoire est compliquée, complexe, mais au final, si simple. La vision en trois portraits est très intéressante.
La première partie, c'est Eva, sa vie, ses pensées, tortueuses et sans queue ni tête. C'est Eva dans sa simplicité et son mode de pensée conflictuel. Il y a du paradoxe : on est balloté d'une certitude à l'autre, avec cette impression de ne jamais comprendre réellement qui est Eva. Cela perturbe, mais Léa Lescure arrive à nous ramener à un fil conducteur par la relation qu'Eva a au corps et à la danse. Tout est en mouvement, saccadé, lent, parfois rapide. Une chorégraphie ressemblant à la vie.

Puis c'est au tour du point de vue d'Amir. Ils se connaissaient, car ont travaillés ensemble, et finissent par s'installer ensemble. Deux années se sont écoulées. Amir découvre le quotidien d'Eva, son petit garçon Clément. Il trouve même qu'elle a une vie intérieure si riche, raison pour laquelle elle parle parfois en énigme. Jusqu'à ce qu'il comprenne lorsque Nora, l'amie d'Eva, lui explique qu'elle est hospitalisée en psychiatrie. Nora sera le fil conducteur de la troisième partie.
Il y a de la douleur dans cette relation : vivre avec l'autre comme s'il n'existait que dans une réalité parallèle.

L'écriture est particulière : on rentre dans l'histoire, mais le fil est si mince qu'il risque de casser. On se questionne, mais au final, on ne sait plus où s'accrocher. J'ai eu l'impression de passer par trois phases : le constat de la réalité d'Eva, l'épreuve de vivre cette réalité, l'acceptation pour ceux qui la côtoient.
Léa Lescure parvient à retranscrire ce qui perturbe dans la perte de repère et la déraison : on perd pied et il n'y a plus d'équilibre.

Les personnages ne sont pas présentés par leur côté positif : il y a du doute, de la colère, de l'incompréhension. On passe par différentes sensations durant la lecture qui perturbent. Mais la danse, présente dans la première partie, disparaît progressivement, laissant la place au mouvement, l'oscillation des sentiments perdurent. J'ai aimé cette sensation d'être malmenée dans ma lecture : me perdre puis me raccrocher. On s'attache aux personnages, à leur prise de conscience et à leur faiblesse.
La maladie est esquissée, et pourtant, il en ressort beaucoup d'humanité.

En bref :
Une lecture qui nous plonge dans l'esprit torturé par la maladie mentale d'une jeune femme. On se raccroche à une écriture qui malmène, mais dont il ressort une forte humanité.
Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Ciel Percé est ce genre de romans qui vous surprend de bout en bout. Il balaie toutes vos certitudes et vous pousse un peu dans vos retranchements.

C'est personnellement l'un des livres de la rentrée littéraire qui me faisait le plus envie, pour son pitch. Pour ceux qui ne le savent pas encore, j'adore tout ce qui touche à la danse. C'est un milieu exigeant, mais aussi un sport plein de sensibilité. Tout comme je lis et regarde énormément de choses touchant à la médecine, je suis toujours curieuse quand un livre ou un film traite de la danse. Ici, Léa Lescure (elle-même danseuse), aborde à la fois la danse et la folie avec le personnage d'Eva, qui perd pied suite à sa séparation avec sa compagne Albane. Elle donne l'impression de transcender le monde, elle est contemplative, un peu paumée. Léa Lescure dresse le portrait fabuleux d'une femme à côté de ses pompes. Avec brio.

Quelque chose semble s'être brisé en Éva. Elle semble voler au-dessus du monde, tout lui semble extérieur. Elle s'est fait quitter, et la Terre semble s'être arrêtée de tourner. Ou du moins, on a légèrement l'impression qu'elle tourne, mais sans elle. Elle continue de danser, elle meut son corps avec les autres, elle se donne toute entière, mais quelque chose ne va plus. Elle nous embarque alors dans une folle aventure au sens propre du terme, un délire sans fin dont on comprend finalement peu de choses. Les points de vue successifs d'Amir et de Nora nous aident alors à trouver les clés, pour tenter de comprendre ne serait-ce qu'un minimum de sa folie. Car Eva est folle, son monde part à vau-l'eau et elle entraîne tout le monde avec elle.

J'ai globalement apprécié l'écriture de l'auteur, le rythme qu'elle essayait de donner à son récit pour le moins éclectique. C'est original, c'est quand même un peu ambitieux, et ça se ressent. C'était une lecture puissante. L'auteur sait utiliser des images fortes, qui vous coupent le souffle (d'autres un peu moins, mais on ne gagne pas à tous les coups).

Je pense malgré tout que cette lecture ne plaira pas à tout le monde. Car au-delà de l'écriture, ça s'essouffle un peu. C'est un peu confus, et j'en garde une impression assez mitigée.


Lien : http://laroussebouquine.fr/i..
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Une écriture qui avance par images, un roman polyphonique à trois voix, une partition rythmée avec brio, la vie vue par le prisme de la danse et de l'amour pluriel : avec Ciel percé, Léa Lescure questionne la réalité qui nous entoure, nos sensations, notre perception du monde, les limites entre la raison et la folie. Ce roman ne juge pas et nous fait grandir.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Enfin entre parenthèses, cette vieille histoire du temps qui va sans jamais revenir, dans la peau qui se plisse toujours à sens unique et de toutes ces amoures, dans les froissements des heures, amours vent ou amours pierre, pareillement reléguées au grand foutu du passé, avec devant soi cet avenir si long, si rien, si loin, qui lui donnait, ailleurs que dans le studio, l’envie d’aller dormir.
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A l’adolescence, Eva avait été braillarde, confiante, en pleine possession d’elle-même. Elle tranchait la vie comme une lame acérée, ton péremptoire, avis définitifs et jugements ciselés. Le monde était plaisamment radical ; elle jetait sur ses contours nets un regard averti. Puis, un jour, elle n’avait plus su.
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Sérieuse, présente, confiance. […] Confiance, Eva n’avait jamais aimé le mot : l’énoncer était déjà prétentieux, le recevoir était encore plus risqué. Le mot portait une obligation, un contrat, en tout cas quelque chose de fragile qui annonçait la possibilité de se briser, comme une assiette en porcelaine accrochée au mur, maintenue par une structure de fer si fine qu’elle menaçait de tomber.
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C'est comme si mon imaginaire s'était bloqué, avait alors dit Éva la fois précédente. C'est comme quand on a l'impression de reconnaître dans le visage des passants des gens que l'on a connus. On aperçoit un profil, une démarche ou un geste du poignet qui est familier ; le regard tique, le cœur s'emballe, on pense : Ah ! C'est François ! Et puis ce n'est pas lui. Ce n'est pas lui, mais il suffirait d'un pas pour qu'on persiste à le croire. Ça m'arrive tout le temps. C'est comme si je n'étais pas capable de générer d'autres visages, d'autres prénoms, comme si mon imagination me resservait indéfiniment les mêmes personnes, mais sous d'autres formes. Un panthéon avec deux trois noms.
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Elle tenta de se souvenir, mais son esprit était déjà parti ; il bondissait si vite qu’il fallait s’accrocher pour suivre, puis, en plein saut, il explosait en feu d’artifice et les pensées sautaient comme des graines de maïs se transformant en pop-corn dans la vitre du micro-ondes.
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