Très bon souvenir de cette lecture de collège, qui mérite bien au moins un commentaire sur Babelio.
D'abord pour leur forme mêlant le rire à la rime, au service du chant des ménestrels des XIIème, XIIIème et XIVème siècles. Plus courts et accessibles que le Roman de Renart, leur morale les éloigne du roman courtois par leur ton remarquable de liberté, et parfois de grivoiserie.
Ils racontent le petit peuple, comme sauront le faire bien plus tard avec la même verve rigolarde
Marcel Aymé ou
Maupassant et, avant eux, bien sûr,
Molière.
Merci à mon professeur, qui ouvrait ainsi la voie à ma découverte personnelle de chemins aussi variés que
Rabelais,
Chrétien de Troyes, le Roman de Renart...
Tout comme le théâtre de Guignol, ces fabliaux, l'air de rien, ont éduqué, bien avant les philosophes des Lumières, un petit peuple soumis à l'ordre féodal et aux admonestations des clercs, à une forme d'esprit critique et libertaire.... en a résulté un bon sens paysan, pétri d'un conservatisme qui n'exclut pas la jacquerie face aux abus, et qui bien souvent caractérisa l'Histoire de France.
Enfin, ces fabliaux sont aussi une mine pour l'historien ou le simple amateur de cette époque médiévale : en les lisant, il me semblait pénétrer l'âme simple et vigoureuse de ces hommes et femmes rudes à la peine et nécessairement dociles aux misères du temps et des puissants, mais pour autant avant tout hommes et femmes, aux rapport sociaux bien plus riches et permissifs que ce que nous a donné à penser la froide étude des rapports féodaux et de l'assolement triennal...