Naomi souhaite se libérer de l'avenir qu'on lui a imposé. Jeune femme aux airs fébriles, elle puisera rapidement sa force dans sa passion, la danse. Les descriptions artistiques vous transporteront dans l'atelier de Huy ou dans la salle de danse avec Meriem et Naomi.
Fleur de Pêcher m'a d'abord évoqué quelque chose de doux. Je m'attendais donc à une romance mais j'étais loin d'avoir anticipé toutes les intrigues développées par Iluka. Au fil de la lecture, le titre a pris un double sens :
Fleur de Pêcher se prononce exactement comme pécher, le vice et ici, le pécher aurait été le bonheur auquel aspire Naomi, la protagoniste principale.
Le fil conducteur de l'histoire a été parfaitement travaillé. Tout au long du roman, le lecteur est tenu en haleine et redoute les actions futures. Les intrigues sont nombreuses et relèvent toutes de différents thèmes : l'amitié, l'amour, l'émancipation, le contrôle, les relations toxiques, la soumission. le scénario était parfaitement cohérent et le point culminant du suspense a été atteint au trente-deuxième ou trente-troisième chapitre. Iluka répond aux attentes du lecteur et parfois même, les dépasse. Parfois, on devine ce qui va se passer, d'autres fois, on est surpris par l'histoire, ce qui fait qu'on n'a jamais envie de finir sa lecture.
La lecture de l'épilogue a été comme un déchirement pour moi. C'était la fin de ma lecture et très honnêtement, je n'avais aucune envie que cela s'arrête. Je crois pouvoir relire l'histoire encore et encore sans me lasser.
Les intrigues sont ponctuées de descriptions absolument renversantes. Les scènes de danse de Naomi, la description des oeuvres d'art m'ont laissé sans voix. J'étais comme transportée dans un autre monde. C'était magique.
Si je devais n'en retenir qu'une, je choisirais celle-ci : « Elle attrapa mon bras, et je passai dans son dos qu'elle voûta instinctivement, me soulevant alors que je lui donnai mon poids. Je déposai doucement ma tête sur sa nuque. Son corps, plus grand et plus massif que le mien, lui permettait de me porter aisément. le mien, plus aérien, plus frêle, terminait ses mouvements légers et fragiles. Lorsqu'elle me rendit au sol, je plongeai dans une arabesque qu'elle retint. Je me retournais naturellement vers elle. » (chapitre 5).
Ces descriptions sont, pour moi, ce qui démarque Iluka des autres auteurs et
Fleur de Pêcher des autres histoires dont l'univers est le nôtre.
Chaque décor du livre a été pensé de sorte à ce qu'on en retienne les détails. Les rues parisiennes, les trajets de RER me sont apparus sous un jour nouveau (j'ai toujours une pensée pour Iluka quand je prends le RER B désormais).
Les restaurants ont tous été inventés et pourtant, j'avais l'impression de connaître ces lieux à mesure que je lisais. Iluka a fait un travail précis et très réaliste, ce qui n'était pas chose aisée.
Ses personnages ont tous un rôle très important dans l'histoire et se dévoilent peu à peu. le lecteur peut tirer ses propres conclusions et se forger son propre avis sur chacun. Je me suis particulièrement attachée à Naomi, qui au début de l'histoire me paraissait fragile, démunie. Puis, au fil des chapitres, elle est devenue une nouvelle femme grâce à l'intervention de Huy, l'autre protagoniste principal, bien sûr, mais également grâce aux personnages secondaires.
Chaque personnage permet de retenir une leçon sur la vie : leurs vies ne sont pas parfaites et ils ont dû se battre pour obtenir ce qu'ils voulaient. Et bien qu'on les aperçoive au travers des yeux de Naomi, on aperçoit aussi bien leurs bons et mauvais côtés.
L'auteure a mis un point d'honneur a se montrer inclusive, faisant figurer des personnages LGBT et d'ethnies diverses. Elle nous présente un monde artistique des plus sublimes par sa plume aussi légère que travaillée.
Les thèmes de fond ont été exploités avec justesse et de manière progressive : l'amour, l'amitié, l'émancipation, le bonheur sont des thèmes présents dès les premiers chapitres et prennent de plus en plus d'ampleur à mesure que l'on avance dans l'intrigue.
Ce roman délivre un message fort : quand on veut vraiment, on peut tout obtenir. C'est un appel aux adolescents et jeunes adultes à ne plus se laisser enfermer dans des cases dont on ne veut pas.
Le tout est permis par une plume légère, fluide qui emploie toujours le bon mot.
Ce roman, bien plus qu'une simple histoire d'amour peut se révéler être une véritable ode à l'émancipation.