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EAN : 9782200268411
336 pages
Armand Colin (13/04/2006)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

La violence des attentats du 11 mars 2004 à Madrid a choqué l'opinion. Le terrorisme aveugle des islamistes, massivement meurtrier ce jour-là, ravivait du même coup le souvenir du terrorisme des nationalistes basques, cette violence récurrente vieille de trente ans.

L'Espagne vit ainsi des tensions internes qui menacent de la fragmenter. Les nationalistes basques et catalans exercent en effet une pression constante afin d'obtenir une auto... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Barbara Loyer est une élève de Yves Lacoste qui a dirigé sa thèse consacrée au Pays Basque en 1997. Dans le sillage de son maître, elle enseigne à Paris VIII Vincennes – Saint Denis et contribue régulièrement à la revue Hérodote. Elle a également participé, avec toute l'équipe de l'Institut français de géopolitique à la "Nouvelle géopolitique des régions françaises" dirigée en 2005 par Béatrice Giblin-Delvallet.

Aussi est-on en terrain connu à la lecture du manuel qu'elle consacre à la géopolitique de l'Espagne. Dans la plus pure tradition lacostienne, elle applique les outils de la géopolitique à l'étude des conflits de pouvoir au sein d'un État. Dans une telle perspective, l'Espagne se révèle un terrain d'étude passionnant ; car, à mi-chemin d'une France centralisée et d'une Allemagne fédérale, l'Espagne se révèle un État géopolitiquement hybride, parmi les plus décentralisés d'Europe sans être fédéral. La responsabilité en est sans doute dans le franquisme qui s'est bâti contre les nationalismes basque et catalan et a maintenu sous le boisseau pendant près de quarante ans toute revendication identitaire. A la mort de Franco, la revalorisation des identités régionales est allée de pair avec la restauration de la démocratie.

Pour autant l'Espagne n'est pas un État fédéral. L'Espagne est un État unitaire, divisé en 49 provinces dont le tracé date de 1833. Mais la Constitution de 1978 reconnaît le droit à l'autonomie des « nationalités » et des « régions » qui composent la « nation » espagnole (art. 2). C'est en vertu de ce droit que se sont constituées des « communautés autonomes » - aujourd'hui au nombre de dix-sept – qui disposent, sur un modèle quasi-fédéral, d'une gouvernement, d'une assemblée et d'un tribunal supérieur de justice. Dans l'esprit des Constituants, les provinces d'Espagne n'avaient pas toutes vocation à s'ériger en communautés autonomes. Cette possibilité semblait réservée aux communautés « historiques » qui avaient eu le temps de faire voter par leurs assemblées locales des statuts d'autonomie avant le soulèvement militaire de juillet 1936 : Pays basque, Catalogne et « dans une moindre mesure » Galice. Cette spécificité se justifiait en outre par l'existence de langues différentes et de partis nationalistes actifs. Pour autant, dans une surenchère que décrit Barbara Loyer, toutes les provinces, les unes après les autres, se sont constituées en communautés. Certaines avaient une légitimité régionale à le faire : le Pays valencien, l'Aragon, les Canaries, l'Andalousie. D'autres n'ont fait que suivre un mouvement enclenché par les premières : ainsi les frontières de la Castille ont-elles connu bien des vicissitudes faute d'identité régionale tranchée (création d'une communauté uniprovinciale à La Rioja, rivalités entre Burgos et Valladolid en Castille-Leon, indécision de Guadalajara entre les deux Castille …).

Ce qui frappe, au terme de ce périple géopolitique, est l'extrême hétérogénéité de l'Espagne. Les particularismes basque, catalan, galicien interdisent tout à la fois le retour au centralisme franquiste et l'émergence d'une authentique fédération : il est à la fois impossible de nier leurs identités et de les mettre sur le même plan que les autres États fédérés espagnols. La France métropolitaine ne connaît pas une situation identique. Sans doute les identités bretonne ou alsacienne y sont-elles plus fortes que celles qu'on rencontre en Champagne Ardennes ou en Pays de Loire. Mais elles ne débouchent ni sur la revendication d'un État fédéral ni sur l'impossibilité d'une décentralisation homogène. En Espagne au contraire, « le système ne se stabilise pas, car deux communautés ont un statut avantageux, ce qui suscite des revendications toujours insatisfaites de la part des autres » (p. 251).
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