Alors là ... toutes les étoiles du firmament pour cette monographie exceptionnelle de
Dietmar Elger parue chez Hazan.
Ce n'est pas seulement la vie et l'oeuvre de
Gerhard Richter qui est évoquée dans ce beau livre ; à travers sa formation, ses influences, ses rencontres, c'est toute la création contemporaine depuis les années 50 qui est retracée; «une sous-couche» qui pourrait être à elle seule une histoire de l'art de ces dernières décennies, qui montre les différents mouvements artistiques et comment ils s'articulent et s'imbriquent.
On avance à demi-pas de souris tant le texte est riche. Et quelle clarté dans le propos ! On est à des lieues des commentaires abscons des spécialistes, certes intéressants pour un initié, mais souvent déroutants pour un amateur.
Les reproductions sont de belle qualité et laissent une large place au texte. Pas de tape à l'oeil dans ce livre là.
Tandis que certains artistes creusent toujours le même sillon,
Gerhard Richter surprend par ses ruptures de style, sa façon de faire table rase à chaque fois, de recommencer à zéro.Une oeuvre en perpétuelle évolution.
Bien sûr, il y a des périodes que je préfère : les photos-peintures, les paysages, les marines, la série des nuages, la sombre série des «morts par balle»de 1988, ou le très émouvant «septembre» de 2005 retiennent plus mon attention. Mais sa façon de virer de bord à angle droit bouscule le petit train-train dans lequel je m'étais fait un nid bien douillet. Si pour lui, rupture de style est re-naissance; pour celui qui regarde, c'est un véritable ré-apprentissage de l'observation.
Fabuleux travail que celui de
Dietmar Elger, sur un des artistes majeurs de notre temps, qui nous fait découvrir la cohérence d'une oeuvre aussi fragmentée.
Je regrette juste qu'il n'y ait pas en fin d'ouvrage un index des oeuvres reproduites qui aurait facilité ma navigation. Et c'est bien le seul bémol.
A noter que le Centre Pompidou propose actuellement une rétrospective des oeuvres de
Gerhard Richter jusqu'au 24 septembre 2012 et ses dessins sont exposés au Louvre jusqu'au 19 septembre 2012