Un catalogue d'oeuvres imaginaires pour éprouver le processus de création qui a le pouvoir de déformer le réel et de le transformer en fiction. Brillant et vertigineux.
Énumération d'oeuvres imaginées mais non réalisées pour la plupart, le premier livre de l'artiste et écrivain Édouard Levé (1965 – 2007) paru en 2002 aux éditions P.O.L. est un ouvroir de rêves, une invitation d'inspiration oulipienne à explorer les possibilités de l'art sous toutes ses formes : photographies, sculptures, vidéos, fiction, installations, tableaux vivants oniriques ou fictifs.
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https://charybde2.wordpress.com/2016/06/27/note-de-lecture-oeuvres-edouard-leve/
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8. Musée des inconnus. Au lieu des habituelles célébrités, un musée de personnages en cire présente des inconnus. Choisis au hasard dans l'annuaire, les modèles ne sont représentatifs ni d'une époque, ni d'une région, ni d'une profession. À l'inauguration, le musée montre trente statues. Deux nouveaux modèles viennent s'ajouter chaque année à la collection : au fil des ans se constitue une mémoire évolutive, sculpturale et hyperréaliste de la société.
41. Les Disparus. Un film se compose de rushes non utilisés de longs métrages dans lesquels n'apparaissent que des personnages secondaires disparus du montage final. Les répliques, qui guident le montage, sont agencées de telle sorte que les dizaines de disparus semblent se répondre, dans des dialogues dont le naturel contraste avec l'incohérence.
520. Une balle de revolver troue un roman. Les mots disparus sont retrouvés dans un autre exemplaire. Le nouvelle, intitulée Le Trou, n'est constituée que de ces mots.
215. L'intérieur d'une vieille armoire en bois est tapissé de feuilles d'or. Une fraise fraîche est placée au centre de sa seule étagère.
471. L'art d'avoir toujours raison, de Schopenhauer, est lu comme un commentaire télévisé de match de football.
Édouard Levé Autoportrait lu par Mathieu Amalric