D'après Clément, Géricault aurait loué un logement à Londres chez un bottier dont il dessina en lithographie La Jeune Femme et les trois enfants (t. V, cat. 1823). Peut-être résida-t-il ensuite chez le marchand et loueur de chevaux Adam Elmore. C'est du moins ce que nous dit, à propos du Derby d'Epsom (cat. 2268) ce même auteur qui ne paraît pas avoir identifié Elmore et l'orthographie Elmon. Mais Clément a recopié ici ce que disait le catalogue de la vente du 9 mai 1866 à propos du Derby: «Peint par Géricault à cette époque pour M. Elmon chez qui il habitait à Londres.» Comme, ainsi que nous le verrons plus loin, le Derby a été mis en vente par Mme Elmore elle-même, c'est elle qui a dû fournir ce renseignement pouvant donc être considéré comme exact.
Lors de son premier séjour à Londres, Géricault ne resta que deux mois environ. Il s'était embarqué à Calais le 10 avril et est mentionné comme arrivant à Dieppe en route pour Paris le 19 juin 1820 (t. I, doc. 177). Il devait être à Paris en août 1820 si l'on en croit le relevé de fournitures de la maison Rey (t. I, doc. 210, voir «2e feuille»). C'est donc de Paris qu'il serait parti pour Bruxelles où on le trouve en novembre. Cette visite à David qu'on a parfois mise en doute est attestée par quatre lettres de ce dernier à quelques-uns de ses élèves parisiens, écrites en novembre 1820. Proscrit à Bruxelles, le peintre du Sacre craint que sa correspondance ne soit surveillée, et se met en communication avec ces derniers par l'intermédiaire d'Horace Vernet et de Géricault.
A Londres, Géricault était en relations suivies avec Adam Elmore (1784-1849), marchand et loueur de chevaux chez qui sans doute il logea. Delacroix également, lorsqu'il vint en Angleterre en 1824, profita de l'hospitalité de celui-ci dont il vantait la générosité et qui avait, écrit-il, pour lui «toutes les bontés imaginables». Elmore était alors son maître d'équitation. Elmore s'intéressa à Delacroix, cavalier novice, à plus forte raison devait-il apprécier ce cavalier émérite qu'était Géricault, qui avait déjà consacré au cheval une partie de son œuvre.
Germain Bazin L'époque impressionniste.