La première édition de cette "Histoire de l'art" (1953) est contemporaine de celle, initialement nommée en français "L'art et son Histoire", de Gombrich (1950). On sait le succès de cette dernière cependant que l'ouvrage de
Germain Bazin est tombé dans l'oubli. Pour avoir lu et relu les deux livres l'injustice est réelle que ne saurait justifier une qualité éditoriale très inférieure pour l'infortuné historien de l'art français (petit format, nombre dérisoire de reproductions en couleurs; 4 pour la première édition et 16 pour les suivantes). L'auteur assume, comme à regret, son approche "occidentaliste" de l'art dès la préface: "A moins d'être un déraciné, un homme peut-il s'évader de son temps, peut-il rester sourd aux instances de la civilisation qui l'a nourri?". Pourtant la lecture dément en partie l'alerte et si la sémantique est douloureusement datée parfois, "peuplades sauvages", le contenu révèle tout l'intérêt de l'auteur pour les civilisations du monde et, des arts de l'Islam aux trésors Khmers, la fascination affleure au point de convoquer toutes les connaissances de l'époque sur le sujet quand Gombrich s'en tient à quelques clichés et autres survols. En 460 pages d'une écriture ferme et didactique ne cédant que rarement au lyrisme laudateur,
Germain Bazin retient l'intérêt du lecteur depuis le paléolithique jusqu'aux années 50 ou 60 selon l'édition. La discipline évoluait alors et n'a cessé de le faire - en exemple la notion de progrès dans les arts n'est plus admise - et Bazin n'en était dupe qui offre une conclusion ouverte rassemblant les regards et recherches alentours en forme d'état des lieux (philosophie, psychologie, iconologie, sociologie....). Une réédition rappelant le contexte éditorial de cette: "HISTOIRE DE L'ART" s'impose... à bon éditeur salut !