Guerre des Juifs, tome 5

La première guerre judéo-romaine est racontée par un protagoniste des deux camps : Joseph, fils de Matthatias, a combattu en 66-67 du côté juif puis, sous le nom de Titus Flavius Josephus, aux côtés de Titus jusqu'en 71. Il est connu comme historien depuis le XVIIIème siècle sous le nom de Flavius Josèphe car le jésuite Jean Hardouin ne voulait pas qu'il porte le nom d'un saint. Cette nouvelle édition bilingue (le texte antique est en grec car l'original araméen est perdu) comporte un très riche commentaire critique d'Olivier Munnich (introduction historique, résumé des livres I à IV, notes).

La grande révolte juive fait suite à des provocations religieuses de la part des romains et oppose d'une part les juifs et les romains, et d'autres part des factions juives entre elles, notamment les sicaires et les zélotes, « factieux » difficiles à départager car ils sont décrits par un transfuge du point de vue romain. le livre V rapporte la mise en place des légions qui descendent d'Égypte et de Syrie, l'encerclement de Jérusalem, les travaux de sape de ses remparts, la guerre civile dans la cité, l'installation de la famine sous les effets du siège romain et des erreurs des « factieux », le travail de propagande confié à l'auteur qui fait sa propre apologie, mais aussi, dans le détail, la géographie de Jérusalem et l'organisation du temple avant sa destruction. Flavius Josèphe est né d'une grande famille sacerdotale et décrit en témoin oculaire les cours concentriques du temple (le livre contient de nombreux plans et élévations), son organisation, son décor, les fonctions et le costume du grand prêtre. Titus confie à Josèphe l'exhortation des assiégés auxquels il déclare, en substance, qu'ils sont condamnés à perdre parce qu'ils ont offensé leur Dieu.

La « présence » du texte antique est une surprise : précision technique (méthodes de combat et machines de guerre), cruauté des deux camps et crudité de l'énoncé, importance de la propagande et arrogance des vainqueurs. Les romains doivent gagner du fait de leur « inexpérience de la défaite » et de la supériorité militaire, morale et politique de Titus. On est horrifié jusqu'à l'incrédulité par les dimensions du massacre. Josèphe rapporte un million cent mille victimes. C'est plus que dans les deux camps à Verdun en 1916, et plus que la population de la Rome antique ou de la Jérusalem contemporaine.