– Raconte, grand-mère, raconte !
– Et, comme je disais, il regrettait énormément de ne pas avoir d'enfants… Un jour vint vers lui un vieillard si vieux que sa barre traînait à terre et il était aussi bossu, et il était petit, tout petit…
– Petit comment ?
– Voyons, pas plus grand que toi.
– Alors n'était pas si petit que ça, pas tout à fait petit…
– Il était donc petit, mais pas si petit que ça. Et aussitôt qu'il arriva il dit : Votre Majesté a deux pommiers dans son jardin, tout près l'un de l'autre si rapprochés qu'on ne sait pas quelles sont les rameaux de l'un et quels sont ceux de l'autre. Lorsqu'ils fleurissent, on ne sait pas quelles sont les fleurs de l'un et quels sont les fleurs de l'autre. Ces deux pommiers donnent des feuilles, fleurissent, perdent leurs fleurs et ne donnent pas de pommes. Que Votre Majesté sache que lorsque ces deux pommiers auront des fruits, l'impératrice donnera naissance à un enfant tout en or.
Le nain s'en alla et l'empereur courut dans le jardin pour chercher jusqu'à les découvrir les deux pommiers. Ils avaient justement perdu leurs fleurs, de sorte que sous leurs rameaux il paraissait y avoir de la neige, mais pas un fruit n'avait été formé.
– Et pourquoi ne donnaient-ils pas de fruits grand-mère ?
– Qu'est-ce que j'en sais ? Dieu seul le sait…
[– Spune, bunico, spune.
– Și așa, îi părea grozav de rău că nu avea copii. Și... nu mai putea de părere de rău că nu are copii... Într-o zi veni la el un moș bătrân, bătrân, că-și târa barba pe jos de bătrân și de cocoșat ce era. Și era mic, mic de tot...
– Cât era de mic?
– Poate să fi fost, așa, cam ca tine.
– Va să zică, nu era mic, mic de tot...
– Era mic, da' nu așa mic de tot. Și cum veni îi zise: "Măria-ta, ai doi meri în grădină, unul lângă altul, că nu știi care sunt ramurile unuia și care sunt ale altuia; și când înfloresc nu știi care sunt florile unuia și care sunt ale altuia; și ăști doi meri înfrunzesc, înfloresc, se scutură și mere nu fac. Măria-ta, să știi că atunci când or lega rod ăști doi meri, împărăteasa o să rămâie grea și o să nască un cocon cu totul și cu totul de aur"... Piticul se duse, și împăratul alergă în grădină, și căută, căută peste tot locul, până dete peste ăi doi meri. Merii se scuturaseră de flori, că sub ei parcă ninsese, dar rod nu legaseră.
– De ce nu legau rod, bunico?
– Știu eu?... Dumnezeu știe...
(Bunica)]
Le jour de Noël, je passais par le jardin de l’Icône. Silence et sentiers blancs, sinueux, derrière des arbres sombres… Devant moi, la longue façade blanche et pittoresque, de l’école du centre.
À la fenêtre du milieu, une petite fille, en robe sombre, la tête appuyée contre la vitre, regardait… Voilà une gamine privée d’enfance…
Je m’en allai, les yeux baissés, emportant avec moi cette scène simple et sympathique. Il est étonnant de voir combien d’énergie on perd à la recherche d’un sujet d’écriture. C’est surtout avec les peintres que je ne peux pas être d’accord. Le beau, le naïf, le sympathique : partout. Partout où l’on tourne les regards, de l’ombre, de la lumière, des formes vibrantes de charme… Grigorescu*, tout l’a ému. Voilà un poète. À partir de ses toiles, d’une éloquence surprenante, on peut reconstituer toute sa vie, notant exactement ce qu’il a ressenti sur tous les sentiers et dans toutes les petites villes où il s’est arrêté pour quelques jours, pour quelques heures. Il y a une affinité si grande entre cette scène et le maître qu’elle commence à me paraître non pas telle que je l’ai vue, mais telle qu’il l’aurait saisie dans le cadre, douce, poétique, dans une lumière claire et tremblante.
(traduction de Dolores Toma
* il s’agit de Nicolae Grigorescu, le peintre)
Dans la rue Polonă, personne. Des arbres chargés de neige. Près d’un hôtel particulier, une petite Tzigane accroupie, dans un vieux paletot aux poches retournées. Je crus qu’elle était malade. Je traversai la rue. Elle mangeait un quignon de pain blanc, mordant à belles dents dans des côtes de porc. Devant elle un chien gras et propre. Un danois gris. Il la regardait. Il lorgnait sur la viande. Son beau collier prouvait que c’était un riche et quel glouton !
Les flocons de neige tombent paisiblement. Le chien regarde, ses yeux brillent. Il semble lui dire : « Dis donc ! quelles bonnes choses tu manges ! »
– Tu n’as pas froid ? lui demandai-je.
– Pff...
– Tu n’as pas peur du chien ?
– Pff...
– Et s’il prenait ta viande ?
– Ben, c’est sa domestique qui me l’a donnée.
– Qu’est-ce qu’il voudrait ?
– De la viande. Des os, il n’en veut pas, parce que je lui ai donné des os.
La petite fille, sale, accroupie, mâchant rapidement. Le chien gras, fier, assis sur ses pattes de derrière. Un riche convoitait le bien d’une pauvre.
(traduction de Dolores Toma)
Hadji toussa et enfonça son bonnet sur les yeux en tournant le dos au jugement dernier.
– Continuez à entasser vos trésors dans le ciel ! s'écria le ktitor en menaçant du poing les impitoyables riches qui poursuivaient tranquillement vers l'enfer… Continuez à entasser vos trésors dans le ciel, il sera plus facile à une corde de passer par le chas d’une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux!
[Hagiul tuși, trase cozorocul șepcii pe ochi și întoarse spatele "judecãții d-apoi".
– Strângeți-vã vouã comori în ceruri... strigã ctitorul, amenințând cu pumnul pe bogații nemilostivi, cari sã duceau liniștiți în iad... strângeți-vã vouã comori în ceruri, cãci mai lesne va trece funia corãbiii prin urechile acului decât bogatul în împãrãția cerurilor!]
(extrait de Hadji Tudose)
– De, Marie, tată, ține-ți inima, dar de când s-a hotărât să treacă Argeșul, singur-singurel, cu căruța cu ovăz, nu i-am mai dat de urmă. A doua zi am aflat că Argeșul a venit mare, topenia pământului, că și-a surpat malurile, c-a sorbit toate podurile și și-a răvărsat apele afară din albie cât îți bate ochiul. Dar tu fă-ți gânduri bune, că nimeni nu moare cu zile. Când ai zile, treci prin foc și prin apă și n-ai habar, când nu, te pârjolește cărbunele din lulea și te îneci într-o picătură de apă. O să vie el, o să vie, de i-o fi scris să vie...
(Apă și foc)