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EAN : 9782200274405
304 pages
Armand Colin (25/09/2013)
3.94/5   9 notes
Résumé :
La question des bibliothèques, comme plus largement celle de l’information, alors que nous sommes plongés dans la « troisième révolution du livre », est bien l’une des interrogations de civilisation essentielles posées en notre début de IIIe millénaire.
De l’Antiquité classique aux bibliothèques des grands monastères carolingiens, puis à la bibliothèque des rois de France, à celle de Mathias Corvin, à la Bibliothèque vaticane et aux monumentales collections i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Aller à la bibliothèque pour y emprunter livres et CD est aujourd'hui un geste banal. Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. C'est ce que raconte Frédéric Barbier dans sa passionnante « Histoire des bibliothèques ».

Comme dans bien d'autres domaines, cette histoire commence vraiment dans le monde grec, et tout particulièrement à Alexandrie, où Ptolémée Ier crée le célèbre Musée vers 290 avant J.C. Ce Musée, ou « demeure des Muses », destiné à rassembler l'ensemble des textes de l'Antiquité, se compose d'une gigantesque bibliothèque (le chiffre de 700 000 volumes sera avancé), d'un atelier de copistes et d'une équipe de « grammairiens » chargés de garantir la qualité des textes conservés. Construit dans le « Basileia », le quartier royal, subventionné par le prince, le Musée est directement lié au pouvoir, auquel il assure prestige et rayonnement. Ce sera du reste l'une des fonctions majeures des bibliothèques royales et princières qui se constitueront au fil des âges en occident et dont beaucoup donneront les bibliothèques nationales d'aujourd'hui.

Après sa destruction, le Musée d'Alexandrie et son mode d'organisation, rassemblant copistes et savants autour d'une bibliothèque, serviront de modèle aux communautés monastiques qui essaimeront dans toute l'Europe médiévale au fur et à mesure de la christianisation des populations…

Impossible, bien sûr, d'évoquer ici toutes les étapes d'une histoire millénaire, qui suit de près celles de l'écrit et du livre. Citons pourtant deux moments clés.

Tout d'abord la Réforme, qui favorise la création de très nombreuses bibliothèques. Luther compte en effet sur le livre imprimé pour diffuser sa pensée, tandis que sa théologie, fondée sur la lecture (de la Bible, mais pas seulement) et sur la formation intellectuelle, suppose d'avoir des fonds d'ouvrages aisément disponibles pour alphabétiser et instruire les fidèles. Ces premières bibliothèques protestantes sont largement alimentées par les « sécularisations » opérées dans les monastères et couvents catholiques.

Ce sera également le cas au début de la Révolution française, lorsque les biens du clergé sont mis « sous la main » de la nation. Parmi ceux-ci, de très riches bibliothèques (auxquelles viennent bientôt s'ajouter celles des aristocrates émigrés), qui constitueront le noyau de nos modernes bibliothèques municipales. Ce n'est qu'avec la Révolution que l'accès aux bibliothèques et au livre commence réellement à se démocratiser. Et encore par pour tout le monde : en effet, les bibliothèques resteront longtemps un monde d'hommes , et il faudra attendre la fin du XIXè siècle pour que la présence des femmes y soit perçue comme naturelle.
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Conclusion : un changement de climat

La période de la basse Antiquité et du haut Moyen Age, décisive pour la tradition de la culture livresque occidentale, est marquée par plusieurs phénomènes contradictoires.
Nous sommes, à l'origine, dans une époque de déconstruction, voire de destruction, qui voit la disparition des plus grandes bibliothèques et collections de livres et, avec elle, d'une grande partie de la culture de l'Antiquité classique. (...)
Cet effacement de la civilisation livresque ancienne s'est produit alors même qu'un nouveau paradigme émerge et s'impose, celui du christianisme. Originaires souvent d'Orient, les cadres de l'Eglise sont formés selon le cursus d'études traditionnel, dont ils conserveront le modèle à la fois comme projet et comme méthode. En Occident, d'abord dans les territoires byzantins, en Italie, puis en Gaule, non seulement les élites de l'Eglise catholique, à commencer par les évêques, sont des lettrés, membres des plus grandes familles, mais ils se substituent aux pouvoir traditionnels en voie de désagrégation. Même si les destructions de livres sont massives, le modèle de l'Eglise articulera ainsi la foi chrétienne avec la tradition de la culture antique, tandis que le pouvoir politique se pense lui-même comme fondamentalement chrétien. Lorsque Charlemagne et ses proches conseillers et collaborateurs procèdent à la renovation imperii de 800, ils affirment que l'héritage de l'Antiquité est désormais relevé par l'Occident, et qu'il s'accompagne d'une renaissance intellectuelle portée par l'écrit et par le livre. La société chrétienne s'organise ainsi autour du double pouvoir de l'empereur et du pape. (...)
Partout, des monarchies se mettent en place, liées à l'Eglise catholique, partout, le maillage de la hiérarchie ecclésiastique progresse, partout, des maisons religieuses s'établissent. Désormais, l'avenir du monde occidental sera lié au christianisme et se jouera, aussi dans les livres et dans les bibliothèques.
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Dans la plupart des maisons, la bibliothèque, l'armarium, ne désigne en général qu'un meuble, ou un espace relativement étroit ménagé dans l'un des murs du cloître : on y trouvera les manuscrits non liturgiques, les livres d'études et de référence. Lorsque les collections s'accroissent et que le scriptorium se développe, il devient nécessaire de mettre à disposition un local spécifique pour abriter les livres, d'autant que le travail dans les galeries ouvertes du cloître est de plus en plus inconfortables. Certains copistes se plaignent, et ces inconvénients ne sont pas sans conséquences sur la conservation même des volumes :
"Vous verrez peut-être un jeune écervelé, (...) tandis qu'il est transi par le froid de l'hiver et que, comprimé par la gelée, son nez humide dégoutte, ne pas daigner s'essuyer avec son mouchoir avant d'avoir humecté de sa morve honteuse le livre qui est au-dessous de lui. Plût aux dieux qu'à la palce de ce manuscrit on lui eût donné un tablier de savetier (Richard de Bury, p. 110)."
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Saint-Amand est lié, aux IXe et Xe siècles, aux cercles les plus étroits entourant le souverain, notamment grâce à l'école de l'abbaye, qui accueillait non seulement des jeunes gens se destinant à l'état monacal, mais surtout des laics appartenant aux plus grandes familles princières du royaume. L'abbé Gozlin, probablement un petit-fils de Charlemagne, quittera St-Amand pour devenir évêque de Paris, (...).
On réalise toujours au scriptorium de l'abbaye, au IXe siècle, des manuscrits particulièrement luxueux, dont le modèle est donné en 871, par la Seconde Bible de Charles le Chauve, léguée à l'abbaye de St-Denis par le testament du souverain. Nous connaissons les noms de deux écolâtres : Milon, mort en 872, est l'auteur d'une Vie de saint Amand en vers; son élève et successeur, Hucbald (930), est un théoricien de la musique. Au total, nous conservons 63 volumes du IXe siècle ayant appartenu à St-Amand, ce qui a pu correspondre à un fonds de plus de cent volumes disponibles sur place.
D'autres maisons devraient être encore citées, parmi lesquelles Clairvaux, Ferrières, etc. Lorsch est fondée en 743 dans la plaine du Rhin moyen : l'abbaye, qui suit la règle bénédictine, possède une très riche bibliothèque au IXe siècle, dont nous conservons un catalogue des années 830 et où figure le célébrissime Evangéliaire de Lorsch. Le duc d'Aquitaine et comte de Mâcon Guillaume le Pieux fonde en 910 un monastère à Cluny, sur les emprises d'un vaste domaine carolingien, possédant déjà une église et remontant probablement lui-même à une villa gallo-romaine. (...)
Cluny devient l'un des pôles de la réforme grégorienne, et sa bibliothèque et son scriptorium sont célèbres, même si les premiers abbés sont apparemment très méfiant à l'encontre de la culture profane.
Chapitre 2. Le temps de Dieu ( VIe siècle -968).
La renaissance carolingienne et les livres § Les bibliothèques des maisons religieuses et des évêchés
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" Très vite, la Bibliotheca Angelica située au coeur de la ville, en arrière de l'actuelle place Navone, devient un lieu de travail pour les savants et prend rang parmi les curiosités visitées par les voyageurs. Naudé la considère comme un modèle, et le Père Jacob confirmera : "Entre toutes les bibliothèques des quatre ordres mandians, je n'en ay point veu de plus belle dans Rome que celle des Pères Augustins ; laquelle doit sa gloire à Ange Rocca, (...) du nom duquel est-elle appelée la Bibliothèque Angélique. ce docte religieux ne se contentera pas seulement de procurer ce bien aux religieux de son ordre. Mais encore il a ordonné qu'elle seroit publique et ouverte tous lesmatins à ceux qui y veulent aller estudier, au grand soulagement de tous les curieux (p. 102-1032)."

Chapitre 5. L'innovation baroque (1545-1627)
D'abord, l'Eglise...
Rome et la Bibliotheca Angelica
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Héritier d'une riche famille d'Italie centrale, Benoît vit d'abord en ermite dans la région de Subiaco. Il crée vers 529 l'abbaye du mont Cassin (l'année même où Justinien dissout l'Académie platonicienne d'Athènes...), à l'origine de l'ordre des bénédictins. D'après la règle établie par lui, les moines devront lire régulièrement les textes sacrés, et les étudier à travers les commentaires des Pères de l'Eglise. Par ailleurs, le monastère doit autant que possible être en mesure de vivre en autarcie, de sorte que les moines auront ainsi, parmi leurs tâches quotidiennes, à copier les textes pour enrichir la bibliothèque : celle-ci est donc couplée avec le scriptorium, et le chef de l'un est très généralement responsable de l'autre. Ce travail intellectuel (lecture et méditation, mais aussi copie) occupe, d'après la règle, quatre heures par jour. La volonté du fondateur, de constituer une cité coupée du monde ( puisque les moines ne sortent pas), a pour effet de favoriser l'enrichissement de bibliothèques servant à la lecture individuelle ou collective, à la vie liturgique et à l'enseignement au sein de l'école (...).
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