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Léo Scheer (06/02/2013)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Un roman choc, d’'une noirceur fascinante.
Ce roman est la confession d’un maudit. Dès l’adolescence, et les premiers émois amoureux, un désir
irrépressible de frapper les femmes l’a emporté dans une chute sans fin. Il vivra désormais face à l’horizon indépassable du malheur d’autrui et de l’horreur d’être soi, sans échappatoire, comme prisonnier de lui-même et de la force inconsciente qui le gouverne. Quand l’heure de
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'homme qui frappait les femmes est l'un de ces romans dont je ne saurais dire si je l'ai apprécié ou non : ainsi, je n'écrirais pas qu'il s'agit d'un bon livre, mais plutôt d'un texte intéressant.

Le titre est explicite et l'on ne pourrait résumer plus simplement l'histoire, celle d'un homme qui aime frapper les femmes. le roman est court mais la lecture est néanmoins difficile car le thème abordé est non seulement profondément immoral, mais en outre les faits sont racontés sans honte ni aucun remord ! En effet, à la façon d'un journal intime, le récit fait l'apologie des exactions commises par le narrateur depuis son adolescence. Cependant, ce texte est écrit d'une telle manière qu'il s'apparente plus à une confidence couchée sur le papier une nuit d'insomnie : j'imaginais ainsi un vieil homme fatigué de lui-même et s'abandonnant à ses souvenirs, ses yeux vitreux tournés vers l'intérieur, s'observant tel qu'il fut durant toutes ses années sans parvenir à en saisir l'effroyable vérité. Un fou ? Ainsi, bien que le récit se concentre sur les violences commises envers les femmes, il ne s'agit pas du thème véritable de ce roman : bien que sous-jacente à l'histoire, c'est la psychologie du personnage qui est approfondie par l'auteur et doit retenir l'attention du lecteur.

Le récit relate la vie du narrateur, toutefois les années qui composèrent sa vie sont peu développées et très succinctes. Dès lors, le lecteur prend rapidement conscience que les seuls éléments qui marquèrent son existence et dont il se souvient dans sa vieillesse sont les femmes qu'il rencontra et les actes violents auquel il s'adonna. Malheureusement, il est difficile de se sentir captivé par ce roman car, si l'on met de côté les descriptions de la violence qui s'empare du narrateur, les personnages sont extrêmement creux : le texte compte difficilement quelques descriptions physiques ou traits de caractère et il n'y a aucune matière derrière leurs prénoms. Rien, sauf peut-être leur sexe ? Ainsi, le texte se résume à des hommes et des femmes sans visage, sans personnalité, sans passé : il s'agit d'un homme violent et tourmenté qui bat des femmes qui ne sont que cela, des femmes battues. Il s'agit d'un choix littéraire intéressant car le lecteur est amené à lire le récit d'une vie qui devient rapidement le récit d'un vice : progressivement, les quelques descriptions des premières pages disparaissent pour laisser plus de place à la violence qui grandit avec le narrateur. Cependant, la violence détruit le texte comme elle détruit le narrateur car il est laborieux de lire un récit qui ne comporte aucun sentiment. En concentrant son écriture sur le vice qui habite le narrateur, Aymeric Patricot a oublié qu'un texte, pour être lu et apprécié, doit contenir des émotions ainsi que quelques traits de caractère marqués afin de donner de l'épaisseur aux personnages et de permettre au lecteur de s'identifier à l'un d'eux - ou au moins, de se les rendre familiers. Hélas, ce texte n'est absolument pas vivant et le lecteur est contraint de demeurer à l'extérieur de l'histoire, tel un spectateur inconnu et indésirable.

Par conséquent, le récit est entièrement construit autour de la violence qui habite le narrateur, le domine et le plie chaque jour à frapper des femmes. J'ai parfois eu le sentiment qu'il ne s'agissait pas d'un roman, mais plutôt d'un essai : j'ai eu la désagréable sensation qu'Aymeric Patricot souhaitait convaincre ses lecteurs que les pires êtres ne sont parfois que les victimes malheureuses d'un esprit dément et torturé. Ceci peut être vrai, d'ailleurs on l'entend fréquemment dans les tribunaux, mais cela n'excuse en rien les actes perpétrés. La folie d'un homme ne peut excuser sa folie envers ses semblables ! Je pense que la démarche de l'auteur est maladroite car dans sa tentative d'expliquer et de justifier des actes violents et meurtriers, il sous-entend qu'un homme peut être dissocié de ses vices et devenir lui-même une victime de ses actes. Or, cette déresponsabilisation fantaisiste m'a profondément fâchée. Ainsi, ce ne sont pas les choix d'écriture ni les choix narratifs malheureux qui m'ont réellement irritée, mais plutôt l'opinion défendue par l'auteur dans un sujet aussi sensible.

Le roman est suivi d'un postface qui s'apparente à une thèse et qui justifie assez longuement l'écriture de ce roman. Grâce à ce postface, le récit gagne en entendement : on découvre que l'écrivain ne souhaitait pas faire réagir ses lecteurs au sujet des violences envers les femmes, mais plutôt leur faire ressentir l'Insoutenable. Aymeric Patricot, imprégné de cette sensation insupportable et malsaine, a ressenti le besoin de la porter sur le papier et d'en montrer la puissance destructrice : cette histoire n'est donc qu'une enveloppe, un emballage qui lui a semblé le plus approprié à son projet. Dès lors, non seulement tout est imaginé, mais le récit ne cherche à être plausible : l'auteur ne s'est pas intéressé aux faits ni à leur vraisemblance, mais plutôt à leur source ! Les mots ont donc été modelés pour donner vie à ce sentiment qui gronde en chacun de nous, cette pulsion animale instinctive qui invite à fuir ou à briser ce qui nous agresse. L'Insoutenable, une sensation qui oppresse mais qui n'est autre qu'une alerte créée par un esprit qui s'inquiète de lui-même.

Finalement, je crois que l'Insoutenable aurait pu être mieux illustré et avec plus de délicatesse et de finesse. Explorer ce sentiment puissant et qui domine de sa présence tout raisonnement est très intéressant, néanmoins je pense que le choix d'écriture de l'auteur n'est pas le plus judicieux. N'était-ce pas facile de choisir un homme violent malgré lui, qui se délecte à frapper les femmes alors qu'il souhaiterait pouvoir contrôler ses pulsions ? le texte aurait pu être mieux travaillé, gagner en profondeur et en réflexions et ainsi, mieux illustrer le combat psychologique de cet homme contre ses propres démons. Malheureusement, le récit demeure en surface des questionnements et des sensations, le lecteur ne plonge pas dans la noirceur de cet Insoutenable et ne fait que l'effleurer, de loin. L'homme qui frappait les femmes n'est donc pas à la hauteur des ambitions de son auteur et seul le postface permet de comprendre les intentions originelles de celui-ci. En conclusion, une démarche intéressante mais qui n'est pas menée à son terme.

Retrouvez cette chronique ainsi que des extraits du roman et une vidéo de l'auteur sur mon site internet !
Lien : http://reverieslitteraires.fr/
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Ce roman n'est pas simple à aborder puisque l'auteur se met à la place d'un homme violent. Un homme dominé par ses pulsions qui ne peut y résister au point parfois de se mettre en danger, lui et sa réputation. Dans sa postface intitulée l'Insoutenable, Aymeric Patricot explique son angle de vue. Il n'est d'ailleurs pas inintéressant de lire cette postface pour mieux comprendre les raisons qui poussent un écrivain à se mettre dans la tête d'un homme violent.
Dans le roman, A. Patricot démarre à l'adolescence du narrateur, lorsqu'il se sent invisible, ni beau ni laid et que la première gifle donnée à une fille lui donne confiance et pense-t-il une certaine aura, sans doute de lui seul visible. Puis, sa vie avance, ses coups augmentent auprès de femmes connues ou inconnues, rencontrées parfois au cours de soirées. Il se marie et vit une vie de couple paisible, sans encore frapper Clarisse sa femme, car aucun point de sa personnalité ne lui est encore insupportable. La violence ira crescendo et cet homme se livre en toute sincérité. Une sorte de confession totalement incroyable lorsqu'il parle de sa souffrance et qu'il implique sa femme qui, le temps avançant, n'échappera pas aux coups, dans ses accès de colère. Il écrit aussi comment ses crises ont été pour lui l'espoir d'être enfin reconnu comme quelqu'un, par ses parents, les femmes mais il se rend compte qu'elles ne lui apportent rien quant au regard des autres : "[ses] accès de violence [lui] ont semblé plus désespérants qu'à l'ordinaire... Ils ne [lui] servaient donc à rien." (p.93)
Roman court et très bien écrit, maîtrisé, qui ne déborde jamais sur des scènes insoutenables, dures, certes, mais elles servent l'angle de vue de l'auteur. Un roman pas du tout reposant sur un sujet oh combien délicat, important (pour rappel environ 120/130 femmes meurent chaque année sous les coups de leurs maris ou conjoints). Il est toujours insupportable d'entendre, tous les ans, que des femmes sont agressées physiquement ou psychiquement par leurs conjoints, il n'est pas forcément inutile de lire ce roman qui à sa juste place tente d'apporter un éclairage sur les raisons de cette violence. Ce n'est pas un rapport psychiatrique, juste des questions posées.

PS : il peut être bon de préciser que ce n'est évidemment pas une thèse qui tendrait à défendre les hommes bourreaux. C'est juste tenter de dire pourquoi, avec la violence que chacun de nous a en lui, certains passent à l'acte et d'autres non.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tout a commencé par des coups de fil anonymes : je restais suspendu, dans la pénombre, à percevoir au combiné des respirations douces, des respirations dont j'étais sûr qu'elles étaient féminines, et qui me faisaient beaucoup plus peur. J'y percevais de l'acharnement. Pour une fois, la violence d'un homme m'aurait semblé plus facile à affronter. Je ne me mettais pas en colère, persuadé que la personne en ressentirait du plaisir, mais surtout que ça l'encouragerait à aller plus loin.
Une nuit, j'ai perçu des frottements contre la porte d'entrée. Le coeur battant, je suis allé jusqu'à l'oeilleton, mais la nuit me cachait le spectacle. Je me suis assis dos contre la porte et les grattements ont repris. Je ne sais pas ce qui m'a retenu d'ouvrir la porte : peut-être la peur de couvrir de ridicule la femme qui se serait trouvée là, accroupie sur le paillasson. Peut-être aussi le plaisir de laisser grandir en moi les frissons qui me traversaient à chaque grattement, des frissons de terreur et de honte, des frissons qui me rappelaient combien j'étais maudit.
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J'éprouvais cependant de grandes lassitudes. Il y avait quelque chose de lisse et de monotone dans la succession des semaines, et même d'insupportable : ce n'était donc que ça, le bonheur ? Certains jours, l'excitation de mes dérapages me paraissait désirable. Je l'imaginais se répandre sur ma vie. Mais il fallait tenir, car il était impensable de me livrer en pleine lumière à mon penchant. (p.41)
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Je me suis alors enfermé avec ma femme, et ma fureur a fini de s'en donner à coeur joie. J'espérais que mon fils oublie tout ce qu'il avait vu. Nous devions nous-mêmes être suffisamment forts pour surmonter ces cauchemars, et c'était un cri qui perçait en moi, sans auteur ni destinataire, un cri terriblement puissant que personne n'entendait mais qui me blessait, infiniment. (p.67)
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Ce qui m'a tenu, dans l'écriture de ce texte -et de quelques précédents-, c'était l'envie de saisir l'instant même du traumatisme, l'instant où le monde vous dépasse, vous écrase, outrepasse les capacités de votre esprit. Folie pure où les lignes de force sont bouleversées, où le monde quitte son visage habituel, ou vous perdez tout moyen d'appréhender ce qui vous arrive. (p.160)
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Vidéo de Aymeric Patricot
Suite 3/3 des portraits et de l'interview des Vies enchantées et suite sur les Petits Blancs.
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