C'est un récit réaliste rythmé et bien ancré dans la vie quotidienne d'un garçon de 12 ans que j'ai découvert en lisant La nouvelle vie d'Antoine Collins. Ses parents séparés, sa grande soeur aimante feignant l'ignorance, son ami à la grande loyauté, quelques collègues de classe qu'il ne peut supporter… la table est mise pour un univers en lequel on peut tout à fait croire. J'ai apprécié d'ailleurs comment, en quelques pages seulement,
Alain M. Bergeron réussit à donner vie à ses personnages et à les caractériser (même si certains tombent parfois dans le cliché ou la bêtise et que cela peut faire tiquer). Toutefois, quand le succès s'installe, le récit prend davantage les allures d'une drôle de folie, comme quand Collins refuse de mordre le doigt de sa collègue de classe en plein délire d'admiration.
Là où j'accroche, c'est dans la façon de présenter la célébrité, et ce, malgré une grande dose de bons sentiments – Collins n'hésite par exemple pas à mettre en danger son intégrité en courant à travers une meute de fans #1 pour aller faire un câlin à une petite fille en chaise roulante. Dans un texte si peu en nuance, l'auteur présente la course effrénée d'un gentil préadolescent et de son entourage vers la popularité pour la popularité. Obnubilés par le nombre de visionnements de la vidéo, de « j'aime » ou de demandes d'amis, Collins, sa famille et son école prennent un plaisir fou à se trouver des plans pour planer sur ce succès médiatique instantané si enivrant. Un garde du corps et une doublure? Pourquoi pas! Changer de numéro de téléphone? Tout est possible! Papa et maman qui répondent aux admiratrices inconnues des heures durant? Cela leur fera plaisir! C'est ainsi en toute superficialité qu'Antoine Collins évolue dans son rêve devenu réalité.
Si l'univers présenté par
Alain M. Bergeron est très attirant (mon élève l'ayant lu a d'ailleurs adoré), on peut questionner son choix de ne présenter ici qu'un seul côté de la médaille, avec plusieurs clichés sur la gloire et l'affection du public où les seuls problèmes sont la gestion de la fuite et l'appel manqué de grand-maman. J'ai eu l'impression qu'on nourrissait l'envie de célébrité du lecteur sans amener plus loin la réflexion sur les illusions et conséquences de cette chasse frénétique à la célébrité.
La fin laisse présager un deuxième tome plus nuancé. Peut-être ce premier volet tout en rose n'était qu'un moyen pour frapper plus fort et avec surprise pour la suite? On peut donc espérer que celle-ci saura, tout en conservant un rythme agréable et sans être toutefois moralisatrice, offrir une réflexion intéressante sur le vedettariat instantané.
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