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EAN : 9782070464715
368 pages
Gallimard (19/03/2015)
3.93/5   7 notes
Résumé :
Voici l'histoire d'une guerre vieille de deux siècles et qui n'en finit pas de durer. Du bocage où s'éternise une lutte inexpiable aux fourrés de papier d'une littérature déchirée entre l'hagiographie et l'anathème, la Vendée est devenue l'un de nos mythes nationaux. Mais c'est aussi une guerre des hommes : appuyé sur une énorme documentation inédite, Claude Petitfrère en propose ici une analyse plus complexe et présente une lecture neuve de cette révolte ambiguë, c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'insurrection vendéenne : guerre civile ? Contre-révolution ? Complot “clérico-nobiliaire” ? Ou exaspération ultime d'une population qui après s'être réjouie du projet d'une nouvelle société plus égalitaire, s'est rebellée contre un état devenu autocrate et meurtrier…
C'est le thème très développé de « La Vendée et les Vendéens » de Claude Petitfrère, historien reconnu et spécialisé sur la révolution française et la contre-révolution, et les sociétés d'Anjou et de Vendée.

À priori pour le lecteur lambda, un nouveau livre sur les guerres de Vendée, ne pouvait être qu'un témoignage incontournable sur un peuple martyrisé par la Terreur (si l'on est plutôt de droite), ou un élément supplémentaire à la reconnaissance des bienfaits de la révolution à l'égard d'un pays spolié (en vrac) par : la monarchie, le clergé, l'aristocratie et tout ce qui découlait de mille ans de construction d'une nation sur le sang et la sueur d'une population pour le plaisir d'une autre (si l'on est plutôt de gauche). En réalité ce livre n'est pas “nouveau” puisque sa première édition date de 1981 et qu'il vient de paraître en “poche”, ce qui lui donne un nouveau lectorat. En fait, ni un ouvrage d'une distraction estivale rêvée, ni un roman à la mode plébiscité par les radios ou certains réseaux sociaux (pas tous !) qui sont devenus des nouveaux “maîtres-à-penser” et des fournisseurs de littérature pré-digérée.

Alors pourquoi l'ai-je choisi ? Je ne suis ni un historien, ni un politique très savant, encore moins un individu hermétique à toute publicité littéraire. Mais natif de Nantes, proche de la “Vendée militaire”, j'ai fait mon collège dans cette Vendée devenue proche de coeur, et était le petit-fils d'un grand-père incollable sur ces guerres de Vendée et qui m'a éveillé à cette histoire. J'ai reçu de mes professeurs d'histoire le programme très policé d'une “éducation très nationale”, évitant toute polémique ; visité cette région fort agréable, lu quelques livres traitant du sujet, et donc ait coché ce livre dans la sélection Babelio Masse Critique de fin mai. Pour voir et en savoir davantage…

Dès l'introduction “Le feu aux poudres”, l'auteur nous livre le fruit d'un travail de recherche très poussée, en s'appuyant sur une structure de témoignages des deux camps en présence : les Bleus et les Blancs, et nous présente le tout sous la forme d'une controverse grâce à laquelle le lecteur pourra se faire une idée plus précise des faits relatés. Bien sûr les connaissances de l'histoire, de cette région, et de cette époque, sont des éléments importants qui vont aider ce dernier à se forger une opinion qui ira probablement dans le sens de son éducation et de sa culture politique.
J'ai beaucoup aimé le découpage des chapitres suivant les thèmes proposés :
I - L'événement
II - Deux lectures de l'événement
III - Les structures sociales de l'armée catholique et royale
IV - Les structures militaires et politiques
V - Mentalités et Motivations
et en conclusion “Des causes de la Vendée”.

Claude Petitfrère y expose une étude presque chirurgicale du peuple Vendéen à travers : la société paysanne, la culture religieuse, la nature des relations entre l'aristocratie locale et la paysannerie. Je peux citer encore la géographie de cette Vendée militaire qui outre le découpage de l'actuel département comporte également l'ouest du Maine-et-Loire (les Mauges), le sud de la Loire-Inférieure (le Pays de Retz), et le nord des Deux-Sèvres, la chronologie des événements, les batailles avec son lot de victoires (?) et de défaites et surtout de victimes, les répressions, exactions, mensonges et outrances d'un camp comme de l'autre. C'est une véritable archive de documentations, ponctuée de nombreuses références bibliographiques (quelquefois trop) et surtout une base de réflexion offerte au lecteur au-delà des thèmes habituellement évoqués d'une manière trop superficielle et confuse, à savoir :
- une révolte initiée par les aristocrates en exil,
- l'exécution de Louis XVI par un tribunal révolutionnaire illégitime,
- la levée de 300.000 hommes imposée de force pour défendre la Patrie en danger,
- la Constitution civile du Clergé considérée comme déïcide dans cette région fortement catholique,
- l'asservissement des paysans par une bourgeoisie dite patriote et trop heureuse d'avoir pu acquérir des biens nationaux à vil prix, …

Si le fond de l'ouvrage est d'un intérêt indiscutable et les documents produits d'une rare précision (avec son lot des descriptions souvent insoutenables), leur présentation équilibrée souffre un peu de sa principale qualité : la richesse du fonds documentaire. En effet à moins d'être un universitaire rompu à l'exercice de la lecture rapide et connaissant le sujet presqu'aussi bien que l'auteur, il est difficile de prendre de la distance avec un texte aussi complet. Après une étude aussi pointue, je laisse volontiers à Claude Petitfrère la conclusion, remarquablement concise et complète, et sa réputation d'historien n'étant pas usurpée, la synthèse de tous les élément développés dans son livre est d'une limpidité à la portée de tous les lecteurs. Pour illustrer mon propos, je vous renvoie au troisième extrait proposé dans les citations.

Ç'aura été une des critiques les plus ardues que j'ai eu à faire depuis mes contributions à Babelio, sans prendre parti. J'espère qu'elle est à la hauteur de l'ouvrage, de l'auteur, et des attentes des futurs lecteurs d'un livre incontournable dans l'histoire d'un peuple mal connu et de son histoire tourmentée.
Merci à Babelio et aux Editions Gallimard - Folio Poche, pour cette découverte très instructive.
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Ayant longtemps vécu en Vendée et ayant travaillé sur quelques sites historiques des guerres de Vendée, j'ai eu accès, comme beaucoup de Vendéens, à la version officielle de cette guerre civile méconnue hors de ses frontières et largement enjolivée sur le territoire où elle s'est déroulée. J'ai toujours considéré avec un brin de méfiance cette version officielle largement mise en avant, entre autres au Puy du Fou : "les Vendéens, ce peuple de géants, catholiques et royalistes, se levant pour défendre Dieu (qui n'en demandait pas tant) et le roi".

La lecture de l'ouvrage de Claude Petitfrère, réédité en poche par Folio, m'a fait réaliser à quel point cet épisode historique a pu être détourné par les uns ou les autres au profit de leurs convictions politiques. Insurrection royaliste et pro-cléricale ou complot clérico-nobiliaire ? Claude Petitfrère prend les différentes explications qui ont été données sur les raisons de ce conflit singulier et présente des faits tangibles, appuyés sur des documents d'archives, qui confirment ou infirment ces explications. Son but n'est pas de raconter les guerres de Vendée ni de savoir qui des royalistes ou des républicains a raison dans sa lecture des événements mais d'analyser qui étaient les Vendéens : de quelles classes sociales venaient-ils ? y avait-il des femmes dans les rangs des combattants ? étaient-ils des fanatiques endoctrinés par les nobles et le clergé ? Pourquoi les Vendéens se sont-ils soulevés et comment le conflit a-t-il pu prendre une ampleur inégalée dans les autres régions rebelles à la République ?

Claude Petitfrère répond méthodiquement à ces questions, en s'appuyant sur des extraits de documents d'archives (principalement extraits des archives du Maine-et-Loire) qu'il complète de courts commentaires pour faire le lien entre eux.
Cette organisation et le découpage en très courtes parties rend la lecture de cet ouvrage plutôt facile et, surtout, intéressante (même si, personnellement, certaines parties m'ont moins intéressée). On peut remercier Claude Petitfrère d'avoir mené une étude aussi objective sur un sujet qui déchaîne autant les passions.
Mon seul bémol serait de savoir si des personnes qui n'ont aucune connaissance sur le sujet pourrait s'y retrouver car les événements sont retracés, mais très succinctement. L'auteur veut surtout analyser les caractéristiques sociologiques de la population insurgée, les raisons qui l'ont poussée à la révolte.

En conclusion : un ouvrage assez facile à lire, d'une grande rigueur, pour permettre à ceux qui s'intéressent au sujet des guerres de Vendée d'avoir une vision plus objective des faits.
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La guerre de Vendée est-elle soluble dans le roman national ? Question à laquelle, aujourd'hui encore, il est très difficile de répondre. Les uns diront que la Révolution était dans son bon droit, les autres ne retiendront que les représailles sanglantes des colonnes infernales révolutionnaires.
D'où l'importance de ce livre qui, loin de professer une vérité dogmatique, prend le parti de s'avancer sur ce sentier périlleux en s'appuyant sur des textes d'époque et des souvenirs écrits par des contemporains des événements. Et ce, en puisant dans les deux camps.
Tout commence avec l'exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, qui fait entrer la Révolution, déjà en conflit avec d'autres puissances étrangères, en guerre contre l'Angleterre et la Hollande. La Convention lance alors une conscription de 300 000 hommes. C'en est trop pour ces régions de l'Ouest, qui se soulèvent, excédées par l'espoir déçu d'une Révolution qui a substitué de nouveaux privilégiés – les bourgeois – aux anciens – les nobles – et augmenté les impôts qui accablent toujours les plus modestes. L'auteur parle d'ailleurs d'une forme de lutte des classes dans cette révolte. le bocage vendéen, isolé, tenait par ailleurs à ses paroisse, « le seul lieu de rencontre ». La décision de les regrouper remettait donc profondément en cause son mode de vie. D'où sa défense de l'Eglise traditionnelle.
Ainsi, cette Armée Catholique – plus organisée que les Chouans – va mener plusieurs coups de force contre les révolutionnaires avant d'être écrasée par ces derniers.
On peut se demander pourquoi des paysans se sont révoltés contre ceux censés les avoir libérés du joug aristocratique et religieux. C'est que, comme l'explique Claude Petitfrère, un joug en a remplacé un autre dans l'esprit de ces hommes et ces femmes, en plus de porter atteinte à leurs traditions. Les Vendéens se sont sentis floués par la Révolution. La colère a grondé, jusqu'à exploser en 1793. Et si la noblesse et l'Eglise des réfractaires s'est greffée sur cette révolte, elle fut d'abord populaire et spontanée, loin d'une quelconque conspiration.
Maintenant, s'il y eut de part et d'autre des exactions, il faut reconnaître que les fameuses colonnes infernales du général Turreau avaient effectivement « une volonté de génocide » contre les Vendéens. Selon moi, elles n'avaient rien à envier aux divisions Das Reich et Brehmer, responsables de plusieurs massacres dans le sud-ouest de la France en 1944. Dire que la vengeance révolutionnaire fut impitoyable est un euphémisme !
Loin d'un Michelet, qui écrivait que « le plus cruel des deux partis était celui qui croyait venger Dieu, qui cherchait à égaler par l'infini des souffrances l'infini du crime. Les Républicains en versant le sang n'avaient pas une vue aussi haute. Ils voulaient supprimer l'ennemi. Leurs fusillades, leurs noyades étaient des moyens d'abréger la mort et non des sacrifices humains... », cet essai fait ainsi preuve d'objectivité en cassant quelque peu certains mythes, tel « le cliché du Vendéen se laissant mener à l'aveuglette par ses supérieurs », car baigné d'obscurantisme.
Une excellente lecture en tout cas, qui ne distribue ni bons ni mauvais points à un camp ou un autre, et qui a le mérite de déranger nos idées reçues sur ce qu'il faut bien appeler une guerre civile, c'est-à-dire fratricide.



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Ouh làlàlà, 2 jours de retard pour la critique promise...avec mon mea culpa qui sera j'espère accepté par les organisateurs de la Masse Critique.

Fraîchement arrivée en Vendée, ce livre me semblait l'occasion de mieux connaître mon nouveau fief, d'autant plus que j'ai toujours aimé les romans historiques. Mais ce n'est pas un roman, c'est une explication, textes d'archives à l'appui des périodes tumultueuses et non moins intéressantes de la Vendée.

Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de recherches.
Je n'aime pas vraiment cette façon de présenter les choses, j'ai l'impression de lire deux fois la même chose: ce qui est expliqué, illustré par ce qu'on lit ensuite.

Un peu perdue parce que pas spécialiste de cette période de l'Histoire, Vendéenne en particulier, ce n'en est pas moins un sujet très intéressant, traité consciencieusement par l'auteur. Simplement la forme n'est pas faite pour moi.

Merci à la Masse Critique de cet intermède historique au milieu de mes romans habituels!
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Dans "La #Vendée et les Vendéens" l'histoire est vivante. La majeur partie du livre est constituée de citations d'époque, on est directement transporté.

La guerre de Vendée y est décryptée et l'on comprend qu'il s'agissait avant tout d'une guerre des classes. Déjà.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Ceux qui, ayant porté les armes ou ayant pris part à la révolte et aux attroupements, auront été arrêtés sans armes, ou après avoir posé les armes, seront envoyés à la maison de justice du tribunal criminel du département ; et après avoir subi interrogatoire, dont il sera retenu note, ils seront dans les vingt-quatre heures livrés à l’exécuteur des jugements criminels et mis à mort, après que les juges du tribunal auront déclaré que les détenus sont convaincus d’avoir porté les armes parmi les révoltés, ou d’avoir pris part à la révolte ; […]
Art. IV du Décret du 19 mars 1793 pris par la Convention à l’égard des insurgés, et tous ceux suspectés de complicité, prêtres, nobles, seigneurs ou leurs domestiques, étrangers ou anciens hommes publics…
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- Extrait de la conclusion de l'ouvrage.

Si l’explosion de 1793 laissa les conventionnels stupéfaits, c’est qu’ils n’avaient prêté aucune attention aux mille signes avant-coureurs. L’insurrection n’éclate pas comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, elle s’intègre dans une longue suite de troubles allant se multipliant depuis 1791, et dont le plus grave avait été la puissante révolte des paysans des environs des environs de Châtillon et de Bressuire en août 1792. La fréquence de ces troubles dit l’ampleur du mécontentement. La colère s’est accumulée, en effet dans le bocage par la stratification des déceptions. C’est qu’en 1789, loin d’être voués par une sorte de fatalité à la contre-révolution, les futurs Vendéens attendaient beaucoup de la réunion des États Généraux. Leur révolte fut à la mesure se leur désenchantement.
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Quelques régiments de troupes légères nous suffiroient en ce moment pour écraser nos ennemis, mais si on attend encore quinze jours, tout est perdu. Les insurgés se fortifient, établissent des postes, des magasins, forment des plans, rassemblent des armes, se donnent des chefs instruits ; l’incendie se propage et s’étend aujourd’hui dans les départements de la Vendée, des Deux-Sèvres, de Maine-et-Loire, d’Isle-et-Vilaine et du Morbihan, et dans peu de tems, nous craignons que toute la côte ne soit en insurrection. Vous sentez quel danger menace la patrie, si ces départements maritimes ne sont pas promptement pacifiés et soumis ; mais ils ne peuvent l’être que par la force, car ces insurgents sont animés de passions si violentes qu’il est impossible de leur faire entendre raison.
(orthographe de l’époque).
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