De la pure Sf mm à la française, 305 pages de space opéra a mi chemin entre Star Trek et Battlestar Galactica avec un soupçon de l'ésotérisme de Dune !! Tout un programme n'est ce pas ? Ce livre est un vrai paradoxe (non, non pas spatio-temporel je ne vais pas la faire celle-la !!); paradoxe qui est bien sur la cause de ma récente pathologie.
Je m'explique: l'écriture de
Jessica Naide est plutôt simple, propre et concise et j'irai même jusqu'à dire qu'elle n'a rien d'extraordinaire sans avoir pour autant de défaut particulier à soulever.
Mais alors, comment réussit elle à nous livrer une histoire aussi captivante, passionnante, enivrante (ça marche aussi avec plein d'adjectifs ou tu peux coller un ante a la fin) , une intrigue qui dès les premières pages t'emporte littéralement, te prive de toute notion du temps qui passe ? J'ai eu beau me creuser la tête, je n'ai pas trouver la réponse et je me suis juste laisser séduire par l'épopée du Sékai et de ses occupants ! C'est bien simple , dès la dixième page je savais déjà que j'étais foutue, que je serais totalement accro au capitaine Kazuya et son équipe, que je serais complètement ensevelie dans cette ambiance spatiale sombre et ce contexte futuriste que l'on devine lourd de pertes pour l'humanité! Une dystopie bordel , elle a osée , elle l'a fait ! Un space opéra dystopique donc, par le biais de l'errance d'un vaisseau dans l'espace (où personne ne vous entendra crier #paietacultureduneautreepoque) à la recherche de minerais et de vivres , éléments vitaux à la survie de l'équipe et à l'avènement de leur quête .
Un début de récit en huis clos très haletant avec ce qu'il faut de mystère et d'humour, des scènes d'actions sobres et scénarisées avec la minutie d'un story board qui ne croulent pas sous des effets explosifs pour simuler une montée d'adrénaline. D'autres passages plus calmes, plus profonds qui peu à peu laissent la vraie intrigue et ses secrets se révéler au lecteur: la quête du Sékai et de son capitaine visionnaire.
Un univers très bien construit et des personnages sobrement décrits, avec des noms d'origine asiatique qui au départ me perdaient un peu (l'auteur ayant vécu au Japon on sent pointer la finesse de cette culture dans les échanges et les comportements des divers protagonistes), mais qui peu à peu prennent vie d'une façon magique.L'auteur a visiblement pris le parti de livrer un roman presque nu de description , nous laissant créer nos propres codes et nos propres critères esthétiques sans jamais nous priver de la moindre information nécessaire à la cohésion du récit. Pas un seul passage n'est superflu ou même juste "moins bien", c'est hallucinant ce rythme constant qu'elle parvient à maintenir du début à la fin, je n'ai pas trouvé un seul moment que j'aurais aimé lire autrement ,pas une seule phrase de trop , pas une seule expression malvenue ou maladroite , rien, nada zero défaut de consistance dans le contenu!!
Les personnages? Parfaits aussi , pas de surhommes, pas de souffreteux que t'as envie de secouer ,pas de héros anabolisés qui se mord la lèvre inférieure et dieu merci , alléluia ,dans l'espace il n'y a pas de papillons non plus et rien que de l'écrire j'en jouirais presque!!
Iwata Kazuya et Sotcha se découvrent peu a peu , au même rythme que nous, lecteurs, découvrons les mystères des tatouages du capitaine et des forets légendaires qui ont disparu , qui semblent même ne jamais avoir existé. Deux hommes aussi différents que semblables , deux êtres aussi normaux qu'exceptionnels (je vous le dis elle est très forte cette Jessica), deux personnages aussi jeunes qu'ils sont déjà vieux d'une vie à la fois belle, normale, difficile ou cruelle ,deux héros qui enfin se croisent dans un monde galactique parfumé du gout de notre Histoire et de ses chaos.
Kazuya, qui aurait tout du ténébreux habituel, est au contraire bourré d'humanité , de douleurs mais aussi de joies à travers ses souvenirs, un être blessé mais toujours volontaire et déterminé à oeuvrer pour un futur.
Sotcha , d'emblée le mystère de l'histoire, est celui par qui les questions arrivent aussi bien pour nous que pour l'équipe .Il est jeune, fragile et éternel à la fois , tranquille et sauvage dans la recherche de sa propre histoire . Il est la part de mystère qui réveille celle qui sommeille en Iwata et qui la rejoint dans une douceur amoureuse timide au départ puis plus profonde ,plus certaine, avec des scènes d'une douceur et d'une poésie plutôt rares dans un mm.
Yui , la pilote, est vive et malicieuse , pleine d'entrain, c'est la part de lumière qui réchauffe un vaisseau perdu dans l'obscurité des galaxies, la part féminine de l'équipe (même si elle n'est pas la seule femme du roman), elle est a la fois soeur, amie , amante, guerrière , elle est la somme de plusieurs aspects de la Femme enfermés dans un même corps avec une personnalité beaucoup plus riche qu'il n'y parait .Ses échanges avec Shijiro le cuisinier mécano du vaisseau sont plutôt drôles; une vraie bouffée d'air frais dans cette ambiance pesante où règne pourtant l'amour des uns pour les autres .
Taika le second ,mais on pourrait le voir comme un frère pour Kazuya, est l'aspect purement réfléchi , philosophique et pourtant il est l'étincelle qui sort le capitaine d'une vie toute tracée, qui nous donne aussi envie d'en savoir beaucoup plus sur lui et son passé .
Puis vient le moment crucial où le capitaine Iwata, au passé trouble encombré d'actes de guerre et de renoncements à des croyances illusoires, livre son histoire et celle du Sékai à Sotcha , l'histoire de la résistance qui tout en le plongeant dans une fuite perpétuelle lui ouvre les portes de sa destinée , de leur destinée . Ce moment qui lance définitivement l'épopée née sous les doigts de
Jessica Naide et qui ,toi lecteur/trice te piège complètement dans un nouvel univers qui tient ses promesses du début à la fin.
Un destin dans lequel j'ai plongé avec une surprise énorme , un roman qui m'a donné ,je ne saurais même pas dire pourquoi vraiment ,une des plus grosses claques du moment , je songe sérieusement à supplier l'auteure pour qu'elle me confie les prochains tomes de sa saga à chroniquer ( je suis prête à dealer ma réserve personnelle de chocolat #clindoeilsubtil ) !! Un premier tome très abouti ( quelques très légères maladresses ou erreurs de correction surfent encore ici ou là sans que ça ne gêne en rien ) qui ne laisse pas sur sa faim et qui en plus te donne l'envie fulgurante de harceler l'auteur pour avoir la suite ( et non je n'avouerai pas si je l'ai fait ou pas ..)
Si vous avez pu lire mon pavé ampoulé alors vous n'avez aucune excuse pour ne pas lire La noirceur des étoiles qui lui est une vrai découverte !Yop.
NB: le seul bémol (faut bien que j'en trouve un sinon on va croire que je suis payée) pour moi serait la couv alors que je préfère nettement l'illustration choisie par l'auteure pour son site.
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