Je fouillais dans mes réserves campagnardes à la recherche de livres que je savais y trouver quand j'ai vu
La vengeance d'Hamlet de
Michael Innes.
Un titre comme ça ne s'oublie pas, j'étais sûre qu'il était dans la liste des cents meilleurs romans policiers (effectivement c'est le n°66) et je suis inscrite au Challenge !
Sur la couverture le dessin d'un collier de Cartier, années 30 : c'est bien ce dont nous avons besoin puisque nous allons passer le week end à Scamnum Court, la résidence d'été du duc et de la duchesse d'Horton. Dans la présentation du domaine, l'auteur cite Blenheim, le seul château en Angleterre qui puisse porter le titre de "Palace" comme ceux de la reine , on imagine donc que Scamnum n'est pas tout petit.
Le duc et la duchesse ont prévu que leurs invités allaient jouer
Hamlet : ils ont donc invité les acteurs, l'équipe technique et bien sûr les spectateurs (ils doivent avoir beaucoup d'amis !)
En général je me débrouille bien pour savoir qui est qui quand les personnages des livres sont très nombreux à être présentés dès le début du livre, mais là, j'ai très vite été noyée. D'autant que tous ces gens semblaient jouer aux propos interrompus (autre jeu de l'époque) et citaient à tout propos (et il me semblait hors de propos)
Shakespeare et
Hamlet (bien sûr) et d'autre auteurs de la même époque (ou pas).
Heureusement le premier meurtre a vite eu lieu, bientôt suivi du second et le détective habituel de l'auteur est arrivé, conduit jusqu'aux limites du comté par le Premier Ministre dans sa propre voiture : on craint une affaire d'espionnage ! Il faut dire que le Lord Chancelier, doublement excentrique puisqu'il est Lord et anglais a l'habitude de promener avec lui les textes (secrets) des négociations (secrètes) qu'il est en train de mener. Il donne même librement, des éléments du code au cas où nous voudrions mieux les comprendre. On ne voit donc pas l'utilité de déplacer des espions professionnels !
Une autre hypothèse pour expliquer ce meurtre : une vieille affaire remontant à l'époque où la victime faisait ses études et qui aurait provoqué une vengeance : voila qui conviendrait mieux à
Hamlet et au titre du livre.
L'enquête peut donc commencer : deux meurtres et cinq messages de menaces envoyés. il faut donc vérifier les alibis...des très nombreux suspects...L'un était là et ne pouvait pas être ici...l'autre était ici et ne pouvait pas être là...On sait que c'est un exercice quasi obligé des policiers de cette époque mais il y a longtemps que je ne m'impose plus de lire tout ça...Et on en arrive à la fin et on connait le coupable...
J'étais perplexe après avoir lu ce livre et j'aurais bien aimé trouver des critiques de Babeliotes. Hélas, pas une seule ! Je suis donc allée voir le petit frère anglais Googreads, et là au milieu de textes très élogieux j'ai trouvé ce qui correspondait assez à mon impression :"This book was almost a private joke fot Innes and a few stuffy, well-educated friends to pore over."
Dire que je ne me suis pas amusée avec les amis "stuffy et well educated " de l'auteur n'est pas tout à fait vrai.
J'ai beaucoup aimé le petit déjeuner servi pour plus de 150 personnes alors que le domaine est cerné par la Police qui ne laisse personne sortir mais qui ne laisse pas non plus entrer le lait frais et les provisions nécessaires;
J'ai beaucoup aimé aussi les clins d'oeil à
Agatha Christie, le policier qui regroupe ses "cellules grises", les invités qui proposent qu'on demande l'aide de ce détective étranger, prétentieux mais si efficace. Scamnum Court m'a évidemment fait penser à Chimneys, et, c'est étonnant, c'est certainement une coïncidence, le jardinier chef qui tient tête à la duchesse d'Horton et refuse de dépouiller ses serres pour décorer le château et la table du dîner pour cents couverts s'appelle Mac Donald comme le jardinier chef de Chimneys qui mène la vie dure à sir et lady Coote les locataires du marquis de Caterham !