C'est divertissant comme lecture.
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Après la mère, la fille. Des aventures tout aussi trépidantes, même si l'intérêt du lecteur s'essouffle un peu. Les expressions québecoises sont toujours un plus.
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M
es douze vernis à ongles sont alignés sur la couette fuchsia de ma chambre. Assise à l’indienne sur mon lit, je les fixe depuis quelques minutes. J’hésite entre Coral Kiss et Sapphire. Pas facile comme choix. Aujourd’hui, est-ce que je me sens légère et lumineuse comme le premier ? Ou bien si je suis plutôt sombre et froide comme le deuxième ? Hummm… Un peu des deux, peut-être ?
À moins, justement, que j’opte pour les deux. Une couleur pour les mains et une autre pour les pieds. Génial ! Eh bien, voilà ! Tout est si simple dans la vie quand on se donne la peine de réfléchir.
J’allonge le bras pour saisir les flacons quand une autre main me devance.
— Si tu te décides pas, moi, je vais le faire. Je prends ceux-là !
Marie-Pier s’empare des vernis Espresso et… Sapphire.
— Non, je le voulais, celui-là, dis-je en montrant le vernis bleuté.
— Trop tard, Juliette. T’avais juste à te déniaiser avant.
Ça, c’est mon gros problème dans la vie. Je souffre d’indécision chronique. Ce qui permet aux autres de choisir avant moi, exactement comme vient de le faire mon amie. Impossible maintenant de m’en tenir à ma première idée : Marie-Pier déteste qu’on copie sur elle. Tout comme moi, d’ailleurs.
Quand je suis venue au monde, j’ai été accueillie comme la princesse que maman voulait avoir depuis qu’elle était toute petite. Durant mon enfance, elle m’a aimée, dorlotée, chouchoutée comme pas une… jusqu’à ce que je me sente étouffée. Trop d’amour maternel, est-ce possible ? C’est du moins ce que j’ai ressenti à l’adolescence et que j’ai manifesté en prenant mes distances avec elle. Quelle mauvaise idée ! Sentant que je lui échappais, elle s’est faite encore plus envahissante. Il a même fallu que papa intervienne pour qu’elle comprenne que je l’aimais toujours mais que j’avais besoin d’air. De beaucoup d’air.
Mon regard s’éloigne vers le grand canapé du salon double, où j’ai passé une partie de la nuit dernière… à pleurer en silence. Pourtant, tout avait si bien commencé. Samuel a été adorable. Il n’a cessé de s’extasier sur mes longs cheveux blonds « si doux » et sur mon sourire qu’il a qualifié de « dévastateur ».
Mon compagnon m’a traitée comme une princesse, en m’offrant des vodkas à la canneberge, en venant sur la piste de danse chaque fois que je le lui demandais et en m’écoutant attentivement quand je lui racontais mes mésaventures au boulot. La soirée a été parfaite.
Je l’ai trouvé charmant et intéressant avec ses histoires de parachutisme, un loisir dont il parle avec passion, les yeux brillants. Plus les heures filaient, plus je me disais que ça y était. Qu’avec lui j’y arriverais. Mais non. Je me trompais.
Je sens les larmes me monter encore aux yeux et je détourne le regard pour éviter que mes amies me voient de nouveau vulnérable. Je fixe mes mains, tout en jouant machinalement avec mon petit bracelet brésilien orange et noir. J’entends Clémence qui s’approche de moi.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? me demande-t-elle doucement.
— Pas comme la dernière fois, j’espère ! s’exclame Marie-Pier.
Elle a vu juste. Mais si elle voulait être plus précise, elle aurait dit : « Pas comme les dernières fois. »
— Ben oui… Mais c’est pas ma faute ! Je suis tout simplement PAS capable de l’oublier.
Je dois avouer que, moi aussi, j’ai imaginé une vie avec F-X. Faite de complicité, de fous rires et de passion. Je me suis demandé si c’était lui, finalement, mon Roméo. Celui que j’attends depuis des années. Mais à quoi bon se torturer l’esprit de la sorte ? Dans moins de deux heures, François-Xavier Laflamme ne sera officiellement plus sur le marché des célibataires.
Ce que je croyais être une amourette d’adolescence est peut-être beaucoup plus que ça. Je m’en veux de ne pas t’avoir relancée avant. Si je n’avais pas fait le con et attendu tout ce temps, qui sait où nous en serions aujourd’hui… » Et blablabla, et blablabla… Bien beaux, tous ces mots, mais ça ne nous avance pas plus !
Le Salon dans tes oreilles - S1E42 - Faire son deuil en temps de pandémie
Si, dans leurs ouvrages, les trois auteur.trices présents lors de cette table ronde abordent le deuil de façons fort différents, ils réfléchiront ici à un point brûlant d'actualité: comment surmonter cette épreuve quand elle advient en temps de pandémie?
Présenté par
SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL
Et
LES ÉDITIONS LA PRESSE
Novalis
LIBRE EXPRESSION
Avec
Nathalie Roy, Auteurrice
Viviane Archambault, Auteurrice
Stéphanie Bérubé, Auteurrice
Maguy Métellus, Animateurrice
Livre(s)
Le deuil au fil des saisons : Guide pour les personnes endeuillées et celles qui les accompagnent
J'ai choisi janvier
La vie sans Boris: essai sur le deuil animalier
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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