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La Vie tumultueuse des Producteurs » tient la promesse de son titre. le livre nous présente bien le récit de la vie d'un certain nombre de représentants de cette profession, en n'épargnant pas les anecdotes sur le tumulte de leurs amours, de leurs mésententes ou coups de gueule. Pas de tromperie sur la marchandise donc, et une manifeste érudition d'un auteur à l'évidence cinéphile. On apprend beaucoup sur ces personnages plus ou moins connus du grand public mais grâce à qui les films se tournent ou ne se tournent pas.
Mais alors, pourquoi une note de deux étoiles seulement à cet ouvrage ? Parce que ce livre en fait trop.
Trop dans l'érudition, tout d'abord, au point que cela tourne à l'étalage, et, pire, que cela nuit à la clarté du propos. D'anecdotes en anecdotes, on glisse du producteur à un réalisateur qu'il a produit, à un autre réalisateur, à une actrice qui n'a jamais tourné pour le producteur en question. le fil conducteur des chapitres en devient parfois confus, au point qu'on ne sait plus toujours de qui on parlait au départ.
Trop dans le style ensuite. Visiblement cet aspect du texte a été soigné, ce qui est une qualité, mais au point d'en devenir grandiloquent et même lourd, et peu adapté à ces récits biographiques qui auraient été plus clairs en restant plus factuels. Morceaux choisis : “Surpris dans ses randonnées nocturnes, la grande silhouette masculine paraissait un peu voûtée, comme prématurément fatiguée, sans cesse fuyante, transperçant la pénombre comme un fantôme, poussée inlassablement par un spleen qui ne voulait pas partir. Vaine tentative de régler les comptes de son passé sans jamais pouvoir les solder. ” ou “ Si « la vie est une ombre qui marche »(
Shakespeare), Rassam, l'homme pressé, a choisi de courir plus vite que son ombre. Peut-être est-ce pour cela qu'il arriva trop vite à la mort. ”
Trop également dans les suppositions psychologiques à propos des hommes de cinéma qu'il décrit : “ Ecorché vif depuis toujours, sensibilité à fleur de peau, hanté par ses complexes et démons, le professionnel le plus puissant de son métier était d'une faiblesse très humaine. Trop humaine. Avec son physique de Français moyen, de petit employé timide, l'adulte devenu roi du cinéma était resté le gamin timide et tendre attendant un compliment de son père, une caresse de sa mère, un bravo ou un encouragement de son public. ”
Trop enfin dans le jugement, très prompt par exemple à parler de films « commerciaux » ou de « facilité ».
Bref, le livre aurait gagné à être plus sobre. Toutefois, selon ses goûts, le lecteur pourra penser que les réelles et nombreuses informations qu'il dévoile valent de passer sur ces excès.