L'amour est un chien de l'enfer

J'ai pris plus ou moins de plaisir à lire cette nouvelle édition du PNE, il y en a quatre qui sortent du lot à mes yeux ou plutôt devrais-je dire à mon goût parce que j'ai bien conscience que cette critique littéraire va surtout refléter ma sensibilité plutôt qu'un point de vue objectif et je vais me montrer rude parfois sur des pratiques sexuelles qui provoquent chez moi un fort rejet. J'espère que je n'offenserai personne, ce n'est pas du tout un jugement mais vraiment un goût personnel qui va résonner.

Avant de rentrer dans le détail de chaque nouvelle je voudrais faire deux constats globaux : en dehors de la toute dernière nouvelle on est pleinement dans les représentations érotiques et sexuelles du patriarcat, de l'hétéronormativité et du capitalisme, ça se ressent partout. Malheureusement ce sont des filtres que je ne peux plus faire semblant d'ignorer (et ça me gâche parfois la vie ahah) je trouve également que le mot de fin imposé et amené maladroitement les trois quarts du temps mais j'imagine bien que c'est un exercice délicat quand on a un temps imposé et la critique est facile.

Nouvelle par nouvelle désormais.

Tout d'abord concernant les deux lauréats, on est sur un viol dans le premier, disons les choses comme elles le sont, donc vraiment malaisant, glauque voire même glaçant, avec cette inconscience indifférente de cette enfant de riches qui s'approprient les choses parce qu'elle en a les moyens. Mais l'idée est très intéressante, pleine d'imagination et il y a tout de même une forme de justice qui relève du karma sur la fin. Je l'ai bien apprécié.
La seconde lauréate en revanche... On est sur une sexualité extrêmement agressive, violente même et je n'ai vraiment pas aimé, j'ai du mal à comprendre où sont le désir et l'érotisme là-dedans, ça ne fonctionne pas du tout avec moi : obsession toxique, agression, drogue, douleur. J'ai vraiment eu du mal.

Viens ensuite "Hors les flammes" que j'ai trouvé vraiment insipide. Autant j'ai pu éprouver des sentiments de dégoûts ou de rejets pour certaines des nouvelles autant là c'était vraiment rien, je me suis ennuyée ce qui me fait dire que c'est vraiment la moins bonne de la sélection à mes yeux.

Arrive "devices connected" qui est ma seconde préférée parmi toutes, le sujet a déjà été visité un million de fois puisqu'il s'agit d'amants mais j'avoue avoir une faiblesse pour les tourmentes de passions impossibles et je trouve la nouvelle écrite avec beaucoup de justesse sans tomber dans le mélo ou le pathos.

Pour ce qui est de "Pongo", on retombe dans le glauque et le sale, ni excitant ou érotique à mes yeux. En terme de relations humaines on est dans le bas-fond mais j'imagine que ça témoigne d'une certaine réalité.

"Vendeur de croquettes" aurait pu être fun si la nouvelle n'avait pas été amenée aussi maladroitement, pour ne pas dire de façon si ennuyeuse par manque de subtilité. L' "histoire" est un peu claquée au sol et j'en cherche encore l'originalité.

Avec "Galatée" on se retrouve avec ma préférée de toute, irrévérencieuse pour ne pas dire carrément blasphématoire. Relation intense et éphémère, provocatrice et érotique à souhait, j'adore.

"L'odeur des vivantes" a le grand mérite d'avoir du sens et de porter message. On voit néanmoins que ça sort tout droit du fantasme d'un homme (guerre, trauma, plan à trois où tout est fait pour lui... bien sûr !) mais ça reste agréable à lire.

"Fabienne" est peut-être celui qui a le plus rebuté mon imaginaire. Fétichisme des pieds et humiliation, clairement pas ma cam. J'ai même eu un grand moment de dégoût (marche AVEC la tête des gens en guise de chaussure, l'image est écoeurante) ça m'a rebutée.

"Gloria Patri" est ma quatrième favorite. Nouvelle excitante qui manque quand même peut-être d'un peu de contextualisation et de profondeur (ahah) mais le temps manque avec cette épreuve donc ça peut se comprendre et le vrai reproche se situerait plutôt là : le manque de naturel à évoquer les parties génitales, je pense qu'on a fait tout le tour du dictionnaire ! Je sais bien que c'est pas sexy de se répéter mais là c'est un peu "trop".

Enfin, dernière nouvelle de ce recueil, "Montre-moi ton côté sombre", ma troisième préférée, la plus touchante peut-être et en tout cas une des plus fluides et bizarrement excitante pour moi, le seul vrai petit pied de nez bienvenu au patriarcat et à l'hétéronormativité !