L'appel du Soi

Je me passionne pour notre capacité à déconstruire les conditionnements.

Si je reprends la métaphore des peaux d'oignon, je me suis souvent posé cette question apparemment idiote : à quel moment l'oignon est-il pur oignon ? Et plus concrètement que restera-t'il de moi si je réussis à me débarasser de ma culture familiale et des violences systémiques?
A quel moment pourrai-je dire : « ça y-est ! Je suis arrivée au noyau. »
Que dois-je abandonner ou conserver?

La réponse de Jean-Philippe et Muriel Faure dans le livre « L'Appel du Soi » est on ne peut plus clair : « tout ».
Il faut tout abandonner de ce que l'on a cru être notre identité ; cette construction faite de bric et de broc (croyances, conditionnements sur nous-mêmes) n'est qu'illusion.

L'explication présentée par ce livre est simple : Notre mental a un besoin vital de sécurité d'où une volonté de tout contrôler. Il a adopté une liste de caractéristiques pour nous définir. Ces dernières sont des restrictions de la Conscience qui crée rivalité, peurs, addiction à la reconnaissance et souffrance.

« Le mental est perpétuellement en quête de rassurance : qu'il est aimable, aimé, apprécié, reconnu ! Cette recherche est sans fin, il n'obtiendra jamais la sécurité à laquelle il aspire. Seule la reconnaissance du Soi amène l'arrêt de cette course. Mais cette perspective terrifie le mental. Elle signifie pour lui sa disparition. Elle n'implique pourtant que la disparition de la peur et le réalignement du mental à sa fonction organique de servir. »

Comment alors ne plus être esclave de l'égo ?
La solution décrite est simple mais subtile car tout effort prenant sa source dans la volonté d'atteindre un but mettra le mental en premier plan.
Le processus décrit par les auteur·e·s consiste en « une ouverture à ce qui est ».
Les termes « rester là », « ne rien faire », « observer ce qui va et vient » associés à « ici et maintenant » sont les clés de cette approche naturelle.

Sont décrits dans ce livre deux espaces dans lesquels nous pouvons poser notre attention. Il existe l'univers du mental où règne une division artificielle entre l'individu et son environnement.

Lorsque l'agitation cesse apparaît un autre espace dans lequel seul le moment présent existe, où il y a non séparation, une conscience immuable et intemporelle. Ce non-état ne peut pas être défini par des mots et des concepts mais expérimenté.

Le processus de découverte du « Soi » est comparé à un sachet de thé dans l'eau : notre mental est le sachet de thé que nous osons plonger dans la Présence pour qu'il se dilue sans effort. Même si le changement de paradigme semble demander du courage, les auteur·e·s nous rassurent sur le fait qu'une fois dans l'ouverture à l'instant, la Grâce oeuvre comme l'eau chaude dans le cas du thé. Reste alors la gratitude pour ce qui se produit.

« J'honore et je respecte l'intelligence profonde de la vie. Je m'incline devant elle, non par résignation mais par amour. J'aime et j'honore la vie en accueillant ce qui me traverse et en accueillant ce qui traverse l'autre. Je demeure présent à chaque instant. Je laisse danser l'énergie de gratitude en moi et je la déploie. »

Cet ouvrage suit les questionnements de « chercheurs de vérité » qui participent à des Satsang. Ces questions et réponses permettent d'affiner ou d'illustrer les informations délivrées.
A une personne demandant comment éviter de se laisser distraire par chaque pensée qui passe, voici ce qu'ils répondent :
( la participante reprend la métaphore d'un train qui représente une pensée qui se présente et parle de sa difficulté à ne pas embarquer dans chaque train.)

« Je te dis de trouver l'espace qui voit ce mouvement en toi. Il n'est pas prisonnier de cette errance puisqu'il la constate. Depuis cet espace, vois le train venir, vois l'attraction qui l'accompagne et vois l'habitude d'y embarquer. Reste à quai ; le train partira sans toi. »

Comme le cercle représenté sur la couverture, le livre nous emmène dans un cycle où les informations sont répétées sous de multiples formes : citations, questions de pratiquants, poèmes ou transcriptions de méditation.

En effet, il ne s'agit pas de comprendre une théorie mais de se laisser toucher par les mots, panneaux indicateurs d'une reconnaissance pressentie.