C'est avec surprise et enchantement que j'ai découvert le recueil de Jean-Marc et Catherine Sourdillon
le Seigneur de la pénombre. le Turdus merula,
Le Merle noir, est le motif de ce très beau livre où l'inspiration de l'écrit se conjugue avec harmonie au geste du peintre.
Le chant du merle possède cette beauté étrange et fascinante, cette particularité qui souvent nous fait lever la tête, chercher du regard la présence proche de l'oiseau, sa forme dans les feuillages des arbres ou dans l'ombre d'une cour, d'un jardin. Dans toutes les modulations, les variations de son chant, le merle établit autour de lui comme un courant de silence, une aura de temps suspendu. C'est là que la poésie peut permettre d'approcher au mieux l'oiseau, la source d'un chant logé dans la pénombre.
Jean-Marc Sourdillon en de courts paragraphes fait le portrait de cet oiseau-là, du merle et de son chant, portrait tout en subtilité, en suggestions, en images sonores et limpides.
" Son chant est comme un " oui " prononcé du fond du monde, qui avance vers nous en spirales, nous frôle, nous touche, nous chatouille, légère ébullition - la réponse du dedans - un hippocampe évoluant dans les eaux du commencement, un ressort détendu, un point d'interrogation flottant entre deux vagues, une offre, une invite au passage, suivie aussitôt d'un évitement. Une petite pépite de dynamite à se mettre sous la dent. Un genou, une épaule, un sourire avec quelque chose d'ébouriffé. A nous de le saisir, de finir de le prononcer, avec nos mots à nous et ce qui nous reste à vivre, pour que le monde soit et que la vie s'ouvre.
Qu'il y ait un jour la note juste - par quoi se lève le jour - notre véritable commencement, l'accès à soi, la spirale ascendante de soi. "
Pris au fil du jour et de la nuit, du temps qui passe, le chant du merle suggère, initie chez
Jean-Marc Sourdillon une pensée, une rêverie, un mouvement dans la parole, dans l'écriture qui fait du Seigneur de la pénombre un recueil d'une belle sensibilité. Une sensibilité accrue par les remarquables illustrations de Catherine Sourdillon, aquarelles en noir et blanc pour la plupart, qui confèrent à l'ouvrage une valeur plus grande encore.
Nous savions pouvoir apprendre à écouter, à observer un oiseau (le merle) à juste distance. Il ne nous restait plus qu'à apprendre à le lire. C'est ce qu'au travers du Seigneur de la pénombre nous permettent de faire Jean-Marc et Catherine Sourdillon.
Je tiens à remercier les Éditions Illador, souligner la qualité des papiers choisis et la très belle mise en page des ouvrages publiés, qui sont en soi comme des objets prêts à accueillir une histoire personnelle, celle de notre rapport particulier au livre.
Je remercie également Babelio de m'avoir permis de poursuivre la découverte de l'oeuvre de Jean-Marc Sourdillon dont
L'unique réponse m'avait beaucoup plu au moment de sa publication.