Il y a de la magie dans ce roman et beaucoup de poësie.
Un morceau d'âme corse en quelques pages.
Ca se lit très vite et on a plaisir à le relire aussi.
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Un livre magnifique. Un texte très fort d'une grande poésie. Je l'ai lu plusieurs fois avec toujours la même passion et l'ai fait connaître à d'autres lecteurs. Une très belle rencontre avec cet auteur corse fabuleux conteur.
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La foudre s'était abattue auprès d'eux, les projetant parmi les pierres du torrent qu'ils s'apprêtaient à franchir. Mon père me retira vivant de sous le cadavre de ma mère. Mais, si ma vie fut épargnée, on dit qu'avec l'esprit de ma mère un peu de mon esprit a été emporté dans le roulement du tonnerre, et que, depuis ce moment, s'est ouvert cet abîme qui me sépare à jamais de tous.
Le fusil à mes pieds, j'étais là, les bras ballants, encore étourdi.
Etait-ce bien elle qui avait paru devant moi? Elle, Lésia, si belle, si délicate au milieu du maquis... Et elle serait venue pour moi, pour me parler... Toute la nuit, elle avait hanté Torrémorta comme une vision fugitive... Et c'était ce matin, alors qu'elle avait été si près de moi, si réelle, que je doutais de l'avoir vue.
Je me mis à marcher sans but, au hasard des sentes.
Torrémorta est un hameau abandonné, groupé au pied d'une tour à demi écroulée. Nul n'y va plus jamais et nul ne se souvient de ceux qui y habitèrent. Quelques maisons conservent une partie de leurs toits crevés; d'autres ne sont plus que des pans de murs déchiquetés. Dès le crépuscule, les chauves-souris surgissent des fenêtres vides pour danser leur molle ronde; sur les planchers pourris, les rats se mettent à faire mille bruits. Quand souffle le vent, des portes qui ne ferment sur rien claquent en gémissant. Parfois même, sous les coups forcenés des rafales, quelque reste de toit s'effondre au milieu du craquement des poutres.
Nos deux doigts suivaient les lignes et parfois, quand nos mains se frôlaient, un frisson me parcourait et les phrases du livre se brouillaient. Une fois même, elle s'était tellement penchée vers moi que je sentis ses cheveux caresser mon cou...
Il déboucha tout à coup, bousculant les dernières bruyères. Lorsqu'il fut près de toi, l'Arbre, il s'arrêta net. Il ne pouvait nous avoir sentis car le vent venait toujours contre nous. Mais son instinct devait l'avertir d'un danger inconnu, imminent.
Les oreilles rigides, les défenses luisantes, les yeux flamboyants, il se tenait là, tout en hure, figé, monstrueux, superbe.
Je fis feu.
Il aurait dû tomber : il chargea.
Jean-Claude Rogliano avait huit ans quand, au fond de son village, il découvrit, abandonné aux ronces et au lierre, un hameau fortifié du XIIIe siècle. Tombé amoureux de ses maisons tours, nourri des récits que son père, un merveilleux conteur lui faisait, il peuplait ce lieu à vertige de personnages réels ou de légende qui l'avaient habité autrefois. Après s'en être inspiré pour en faire le décor de son premier roman, il en a fait l'acquisition pour en relever les ruines afin de l'habiter et créer des gîtes afin de partager avec des hôtes venus du monde entier la magie de Tours de Tèvola. Son premier roman, Mal'Concilio, demeure le livre corse écrit en français le plus lu.
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