Votre ami avale vos fautes, votre ennemi vous les ressert. (Proverbe)
Je ne manque jamais une occasion de recommander les ouvrages, de grande qualité, édités par la « Collection pour les Nuls ». Je suis, en revanche, dubitatif sur « Les clés de la langue française pour les nuls, tout-en-un » (Éditions First 2018).
L'impression générale et univoque témoigne de la volonté des auteurs –
Christine Bolton,
Marianne Gobeaux,
Françoise Ravez et
Jean-Joseph Julaud - de livrer un manuel « clé en mains », sans aucun renseignement des règles d'orthographe, de grammaire et de syntaxe, alors que celles-ci se réfèrent toujours à leur histoire ou à leur sociologie lesquelles permettent une compréhension et une assimilation intelligente et pérenne.
Bien évidemment, lesdites règles ne sont que conventions, et parce qu'elles ne sont que conventions, elles évoluent régulièrement avec la société, sa pratique, ses usages ou sa culture. Mais elles ne peuvent être assimilées que grâce à une compréhension intelligente et une intégration pérenne qui suppose une pédagogie digne de ce nom. Or, « Les clés de la langue française tout-en-un » ne répondent pas à cette exigence.
Pour preuve (P.21) :
« Vous hésitez sur l'écriture du son G …Vous vous demandez si vous devez écrire -Gant ou -Guant à la fin d'un mot ?
Pour les formes en -ANT provenant des verbes, les deux possibilités existent souvent. Pour trouver laquelle est bonne, le test infaillible est de mettre « très » devant. Si c'est possible il faut orthographier -Gant : « je travaille avec un collègue fatigant, avec un collègue très fatigant »
Si vous ne pouvez pas mettre « très » devant, écrivez -GUANT : ma collègue me fatiguant, j'ai changé de bureau, car vous ne pouvez pas dire : ma collègue me (très) fatiguant, j'ai changé de bureau ».
N'aurait-il pas été plus instructif et aussi rapide d'exposer, préalablement, la différence entre un adjectif et le participe présent ?
Ce n'est plus un livre pour les nuls, mais un ouvrage pour les feignasses !
Toutes les explications des règles d'orthographe, de grammaire et de syntaxe – jusqu'à la ponctuation - sont présentées selon ce modèle. C'est navrant et induit par la nouvelle société post-littéraire dans laquelle nous évoluons.
Mais les auteurs ne sont pas dupes lorsqu'ils écrivent :
« Depuis 1990, les règles de l'orthographe française ont été simplifiées ! Mais soyez prudents : même si deux orthographes sont à présent acceptées, de nombreuses personnes (employeurs, jury d'examen et concours) …préfèrent l'ancienne ».
En d'autres termes – je ne reviendrais pas sur les bienfaits de l'évolution de l'écriture, mais aussi de la nécessité de conserver un équilibre logique qui disparait au profit des pressions des lobbys minoritaires stupides (écriture inclusive, féminisation erronée, excessive et contreproductive des mots et des fonctions) – cet ouvrage constate et encourage l'inégalité, par facilité, entre ceux qui font l'effort d'apprendre à écrire correctement et les autres.
Accorderiez-vous votre confiance à votre avocat, à votre médecin – il y en a beaucoup (trop), ou simplement à un ami -, qui vous adresseraient une lettre percluse de fautes ? Moi, pas. Et si le niveau ne cesse de baisser chez les élèves, les étudiants et les parents, les exigences des jurys d'examen et des employeurs, pour le moindre emploi, ne diminuent pas, voire ne cessent d'augmenter. Et c'est heureux dans cette société où tout par à vau-l'eau.
En résumé, ce livre n'est que bachotage bête et méchant que je ne recommande pas.
Michel.
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