Heureuse initiative que celle des éditions de l'Amateur : proposer aux amoureux de l'art et des voyages une nouvelle traduction de l'ouvrage de
John Ruskin, Les Matinées à Florence, véritable guide de la ville phare
De La Renaissance, hantée par la présence d'illustres artistes, architectes, peintres, de Donatello à Giotto, de Cimabue à Botticelli. Écrivain, poète, peintre, professeur de dessin et critique d'art, c'est cette dernière activité qui conféra à
Ruskin sa célébrité. Passionné par le continent, qu'il découvrit très jeune, il éprouva vite le besoin de partager ses goûts artistiques. Ainsi est né le présent ouvrage, aboutissement de son projet et très avant-gardiste dans sa conception : faire visiter Florence à ses contemporains voyageurs, invités à le suivre, en sept « matinées », dans un parcours initiatique, de l'église Santa Maria Novella à la Galerie des Offices, en passant par l'église Santa Croce, avec un long arrêt devant le campanile de Giotto, soulignant le rôle capital de l'artiste dans l'évolution de la peinture italienne. C'est sans doute en ce domaine que
Ruskin révèle tout son génie critique, doté d'une extraordinaire intuition. En effet, à son époque, nombre de ses analyses, confirmées par la suite, n'étaient pas communément admises. Et pourtant, qui aujourd'hui remettrait en cause la pertinence d'approches croisées, historiques, sociologiques, politiques, pour comprendre la production artistique d'une période ? Enrichi de remarquables illustrations et de notes inédites, voici un ouvrage constamment passionnant, à la fois par son essence même et par la possibilité offerte au lecteur de remonter aux origines de la critique d'art moderne.
Par
Joëlle-Elmyre Doussot, critique parue dans L'Objet d'Art 509, février 2015