Par un Vénitien de pure souche, le comte Alvise Zorzi, qui s'enorgueillit de compter un Doge parmi ses ancêtres, une histoire passionnante et assez chauvine de la grandeur de Venise, qui culmine avec la prise de Constantinople en 1204, de sa rivalité multi séculaire avec Gênes pour la maîtrise du commerce maritime en Méditerranée, de son lent déclin, dès lors que la découverte de l'Amérique (n'oublions pas que Colomb était génois) et les conquêtes qui s'ensuivent, affaiblissant le rôle clé de Venise, au carrefour des routes commerciales méditerranéennes et de l'Europe.
La spécifité politique de Venise, sérénissime République, même au Moyen Âge, gérée par une assemblée de nobles familles marchandes, et dirigé par un Doge issu de leurs rangs, fait réfléchir sur les rapports entre mer, commerce, et république... En sont symboliques les noces rituelles du Doge avec la mer sur sa galère le Bucentaure.
Une histoire très documentée, et d'un part pris émouvant, qui peut montrer que Venise n'est pas encore tout à fait un musée en péril.
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Ecrit par un authentique vénitien (et d'une grande famille de surcroît) ce livre permet de se faire une idée d'ensemble de l'aventure improbable que fut la naissance et le développement de cette cité qui fut refuge et devint puissance européenne avant de ne survivre que par son incroyable patrimoine artistique et peut être (hélas trois fois hélas) de disparaître sous la montée des eaux. A lire pour tout amoureux de la Sérénissime …
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(Vers 1350)
La légende prétend que le doge, fort vieux et de nature irascible, aurait eu une femme jeune et légère, et qu'un jeune patricien, Michele Steno, peut-être parce qu'il avait été repoussé par la dogaresse, aurait gravé sur le trône ducal le fameux distique :
Marin Falier da la bella moier
Altri la galde e lui la mantien
(Marin Falier à la belle épouse
D'autres en jouissent et lui l'entretient)
Devant l'Impunité dont aurait joui le jeune homme, le vieillard, touché dans son honneur, méprisé par ses proches, aurait cherché à se venger des patriciens en les exterminant et en instaurant un gouvernement populaire.
Après la honte de Zonchio, le sultan Bajazet pouvait dire ) l'envoyé vénitien Alvise Manenti que jusque-là ,le doge avait pu épouser la mer , mais que désormais c'est à lui qu'elle appartenait , à lui, le Grand Turc. Et le poète Joachim Du Bellay de commenter férocement :
"..ces vieux coquz vont espouser la me
dont ils sont les maris et le Turc l'adultère."