je vois mes mains loin de moi
remuer jouer changer
comme branches de pêcher
il neige sur mes phalanges
et le majeur fait le mort
Les choses soudain m'échappent
je veux saisir leur rondeur
leur duvet leur densité
leur éclair ou leur fruité
mes paumes soudain s'effacent
je ne serre qu'une trace (p. 31)
Les mots fondent sous la langue
s'étonne Alice qui change
Ils voyagent dans les veines
pour resurgir très étranges
dans la forêt de mon corps
Au pays des mots troublants
je suis devenue -fougère-
En moi la lumière bouge
dans ces fourrés de lisière
où rôde entre roux et vert
l'ombre d'un frère ou d'un fou (p.40)
Le matin n'est pas fini
soupire Alice à mi-voix
Il manque encore mais quoi ,
Une serrure une aubade
la carte des souterrains ?
Une tour pour voir très loin
des lendemains qui poudroient ?
Un train un astre une rade ?
les choses flottent perdues
dans ce pays incertain
Il manque toujours quelqu'un
(p.7)