Entre les pages de «
Matière ardente », Jelle est de retour. Jelle, femme mystérieuse, celle qui est toutes les femmes, de l'intime à l'universelle, le « Je » et le « Elle » et qui interroge l'avenir en écoutant nos voix
« Encore une arche dit Jelle
Vers ces brumes blanches
Où quelqu'un appelle »
Et dans ce « siècle qui (nous) percute de ses impacts violents », nous devons continuer à chercher la lumière. Mémoire ensevelie dans les soubresauts du monde, dans ce « magma spasmodique » où l'histoire fait ployer les nuques.
Et même si « aucun poème n'apprivoise les cris », si tout n'est que fragilité, il suffira de peu « un mot de neige », pour que perdure le vivant.
Malgré ce corps qui s'alourdit, malgré la maladie et « la mort qui rôde », Jelle se tourne vers le jour qu'elle interroge, elle « veut porter l'écho de l'errance humaine »
La mer, chère à la poétesse bretonne, est présente, qui apparait en filigrane car, si la femme finit par s'effacer, dissoute dans « les temps d'avant nous », « tout retourne à la mer »
L'écriture aérienne et profonde de Jacqueline Saint -Jean interroge la vie, le temps qui passe et la mort. Elle nous plonge avec délicatesse dans la mémoire des femmes, de toutes les femmes.
Recueil ardent et profond qui nous touche par sa beauté épurée.
« Reste une sanguine
Une encre qui s'obstine
Au palimpseste du temps »
Ces derniers vers fusionnent merveilleusement avec l'oeuvre picturale d'
Henri Tramoy qui illustre ce recueil et où se mêlent rouge ardent, gris et noir.
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