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EAN : 9791096997077
305 pages
Omblage Editions (16/11/2018)
4/5   5 notes
Résumé :
Heinrich Schmidt n’était qu’un simple forestier bavarois quand le margrave local voulut faire pendre trois hommes. Suivant la tradition du Moyen-Âge, il choisit Heinrich dans la foule et lui ordonna de s’occuper de l’exécution ; dès lors, Heinrich fut marqué à vie, contraint de pratiquer le métier infamant de bourreau jusqu’à sa mort. Il transmit cette charge honteuse à son fils, Frantz Schmidt, qui commença à travailler à ses côtés dès son enfance. Exclu lui aussi ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Être bourreau n'est pas une sinécure. Même si le travail (où les maladroits n'ont pas d'avenir) apporte quelques avantages matériels, l'indignité attachée à la fonction assujettit le bourreau et sa famille à une vie sociale terriblement restreinte.

Au seizième siècle, le bavarois Frantz Schmidt, fils de Heinrich, un forestier devenu bourreau sur une simple désignation dans la foule par le margrave local, va lutter toute sa vie pour réhabiliter son honneur et assurer celui de ses descendants. Ainsi, entre les tortures ordonnées (les plus horribles), visant à faire avouer leurs crimes aux " pauvres pécheurs ", mais surtout à sauver leur âme par leur repentance, et les exécutions, Franz soigne les blessures externes des hommes — activité traditionnellement permise aux bourreaux, qui est susceptible de les sortir, lui et sa famille, il en est convaincu, du métier infamant de bourreau.

C'est l'oeuvre de toute une vie, racontée avec verve par l'historien américain Joel Harrington, spécialiste de l'Europe à l'époque de la Réforme. Mais c'est aussi, toujours en s'appuyant sur le journal que Frantz Schmitz, lettré, tint toute sa vie, le récit effrayant et passionnant du fonctionnement de la justice au seizième siècle, dans une Allemagne violente où l'aveu était roi, la preuve étant impossible à apporter.
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Joel Harrington, historien américain spécialiste de la Renaissance, s'est intéressé à la figure du bourreau durant cette période, et en particulier l'un d'entre eux qui avait eu la bonne idée de tenir un journal des exécutions pratiquées au cours de sa longue existence. Né en 1554, fils du bourreau de Bamberg, Frantz Schmidt (connu par la suite en tant Meister Frantz) effectue son apprentissage auprès de son père avant d'être nommé à Nuremberg, l'une des villes les plus peuplées et les plus prospères de l'Empire. C'est le début d'une fructueuse carrière qui s'étalera sur les dernières décennies du 16ème siècle et le début du 17ème.

La Renaissance a été une période de transition entre le Moyen-Âge et les temps modernes, et ce fut exactement la même chose pour la fonction d'exécuteur public. Le métier se professionnalise, tandis que l'ensemble de la société commence à évoluer dans son rapport au bourreau. Celui-ci est toujours formellement rejeté mais, à l'inverse du bourreau médiéval, il n'est plus forcé de résider hors des murs de la ville et peut entrevoir un début de reconnaissance sociale. Meister Frantz incarne cette évolution. Il n'avait rien d'une brute insensible. C'était un homme qui savait lire et écrire, intègre, pieux, fiable et consciencieux dans son travail ; ses qualités étant reconnues en haut lieu, il chercha durant toute sa vie à lever le poids de l'infamie qui pesait sur son nom afin que ses descendants puissent embrasser une carrière plus honorable que la sienne. La municipalité de Nuremberg, consciente de l'importance de sa fonction, lui octroyait de nombreux avantages matériels, ce qui faisait de lui un bourgeois. En évoquant la vie quotidienne de Meister Frantz, l'auteur en profite pour tordre le cou à quelques idées reçues : par exemple, la fameuse cagoule noire qui serait en fait une invention des artistes romantiques, les exécuteurs publics ayant plutôt tendance à s'habiller de manière élégante, avec des étoffes voyantes et colorées.

Une fois Meister Frantz bien établi à Nuremberg, le récit de sa vie s'apparente à une longue chronique judiciaire et criminelle. Père de quatre garçons et trois filles, il semble particulièrement sensible aux crimes impliquant des enfants, telles ces mères qui assassinent leur bébé à la naissance. Très à cheval sur les questions d'honneur, il exècre les meurtres avec trahison, par exemple ces bandits qui poignardent dans le dos leurs camarades pour récupérer une poignée de florins. À l'inverse, les vols sans violence le laissent assez indifférent. Dès que possible, Joel Harrington cite des extraits du journal de Meister Frantz, cédant ainsi la parole au bourreau, qui nous donne lui-même le "pedigree" des individus qu'il pend, brûle ou décapite. Nous avons-là un tableau saisissant du monde criminel à cette époque, même si, à la longue, ce catalogue de méfaits tous plus abominables les uns que les autres finit par être un peu lassant. Il est néanmoins intéressant de voir que certains actes suscitaient au 16ème siècle la même réprobation qu'aujourd'hui, tandis qu'une évolution drastique a eu lieu sur d'autres points : ainsi Meister Frantz fut-il plusieurs fois amené à exécuter des hommes dont le seul tort était d'avoir des amants du même sexe, le "péché de sodomie" étant considéré comme un "crime contre Dieu" à l'instar de l'inceste ou de la zoophilie.

Plus inattendue est l'activité de médecin, dont Meister Frantz affirme qu'elle constituait sa véritable vocation. Sur sa pierre tombale, il sera d'ailleurs qualifié de médecin et non de bourreau ! Par la force des choses, les bourreaux étaient très au fait des subtilités de l'anatomie humaine. Soigner les criminels après leur avoir infligé les pires tortures, afin qu'ils parviennent vivants au pied de la potence, faisait partie de leurs prérogatives. L'exercice de la médecine durant la Renaissance n'étant pas aussi réglementé qu'aujourd'hui, le bourreau était également amené à guérir les honnêtes bourgeois qui, en temps normal, fuyaient sa compagnie. De la médecine à la magie noire, à cette époque il n'y a qu'un pas, d'autant que l'Europe entière était en pleine chasse aux sorcières. Mais la ville de Nuremberg a été peu touchée par le phénomène, et les exécutions pour sorcellerie sont au bout du compte assez marginales dans la carrière de Meister Frantz.

Joel Harrington est honnête avec son lecteur, il prend soin d'émailler son texte de nombreux "peut-être", "sans doute" ou "vraisemblablement". En effet, le journal tenu par Meister Frantz est un document précieux, mais son auteur n'est pas du genre à s'épancher et à faire part de ses états d'âme : l'historien doit lire entre les lignes, interpréter, extrapoler... Au bout du compte, le bourreau conserve une part de mystère. Il faut également noter que cet ouvrage n'a rien d'un essai historique rébarbatif à l'usage des seuls spécialistes. L'écriture de Joel Harrington est claire, sans jargon ni coupage de cheveux en quatre. Nul besoin d'être un fin connaisseur de la Renaissance allemande pour apprécier "L'honneur du bourreau", qui est donc une lecture très enrichissante... À condition d'avoir le cœur bien accroché pour supporter 300 pages de crimes et de tortures !

Il s'agissait là de mon premier contact avec les jeunes éditions Omblage, que je ne connaissais pas du tout jusqu'à présent, et mon impression globale est plutôt positive. Le travail éditorial n'est pas parfait, il reste un certain nombre de coquilles, mais il m'est arrivé d'en rencontrer autant dans des publications de maisons plus installées, ce n'est donc pas rédhibitoire. Hormis ce défaut, c'est un bel ouvrage, agrémenté de nombreuses illustrations en noir et blanc, pour la plupart des dessins et des gravures d'époque. Dès les premières pages, on trouve deux jolies cartes, très lisibles, de Nuremberg et du sud de l'Allemagne vers 1600 : une bonne initiative, qui pour le coup est loin d'être systématique chez les autres éditeurs d'essais historiques... Je garderai un œil sur le catalogue de cet éditeur, qui m'a l'air de privilégier les sujets atypiques tels que celui-ci. Voici encore une belle découverte faite grâce à Masse Critique : merci à Babelio et aux éditions Omblage !
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Grâce à Masse Critique et aux éditions Omblage, que je remercie, j'ai pu lire cet ouvrage de Joel F. Harrington sur "L'honneur du bourreau", concernant la vie du bourreau attitré de Nuremberg à la fin du XVI°s. L'auteur est un spécialiste de l'Europe réformée de la Renaissance et vient de la Vanderbilt Divinity School, sorte de faculté de théologie située dans le Tennessee. Il sait retracer avec vivacité la carrière et les activités de son héros, Frantz Schmidt, ainsi que son ambition de voir son nom et sa famille lavés de la honte inhérente à son métier : le bourreau était un paria. L'auteur sait à l'évidence reconstituer ce destin individuel, à partir du journal, ou du livre de raison, de son personnage, bien qu'il omette absolument d'analyser la notion d'honneur propre à l'Allemagne du XVI°s, comme si la chose allait de soi et existait indépendamment des structures sociales, lesquelles ne font pas l'objet d'une description précise. de même, l'auteur semble avoir une foi naïve en certains traits humains, comme s'ils étaient éternels et invariants : la résistance à la douleur et à l'horreur, la compassion, les préjugés, les mouvements de foule, semblent être les mêmes au XVI°s à Nuremberg et aujourd'hui aux USA. Or on sait - pour la douleur par exemple - que la tolérance varie selon les époques et les cultures. Cette même naïveté conduit l'historien à expédier la Guerre de Trente Ans en trois lignes, où il réduit ce conflit pan-européen à des querelles de personnes (p. 282). Harrington est très compétent dans son domaine particulier, mais n'a aucune idée des perspectives d'ensemble ni de l'étrangeté profonde des mentalités de ce temps, qui transparaît parfois malgré lui. Il prévient souvent le lecteur moderne de ne pas se scandaliser de l'horreur des exécutions de ce temps, en lui rappelant que nous ne sommes pas moins cruels aujourd'hui. A quelle sorte de lecteur Harrington croit-il s'adresser ?


Le lecteur français est vacciné contre une certaine dose d'anglicismes dans les traductions, au point qu'il ne s'en rend même plus compte. Pour les remarquer donc, il faut que ces anglicismes soient plus nombreux que d'habitude. le texte français en est criblé : "expertise" pour expérience, savoir-faire, "standard" pour critère, règle ou principe, le célèbre "opportunité", "pamphlet" pour publication, "autorités séculaires" pour séculières ("secular"), "agressivité à poursuivre [leurs] clients", pour une publicité insistante et efficace (mais nullement agressive en français), etc ... Les noms d'auteurs latins sont donnés en anglais dans leur forme originelle, mais en français on les traduit : sur History Channel, Livy, Tacitus, Seneca et autres devraient devenir en version française Tite-Live, Tacite et Sénèque. Ici, Vesalius doit devenir Vésale et Galen, Galien. On me traitera de puriste, mais je ferai observer que certains (rares) passages ne sont intelligibles que si on les retraduit en anglais. D'ailleurs, l'auteur original, à ce que je devine, ne semble pas être un maître de la langue anglaise non plus.


Ce livre est plein d'intérêt malgré tout cela, à condition de ne lui demander que ce qu'il peut offrir. A cet égard, le sous-titre, "Châtiment, fierté et honte au XVI°s" exprime une ambition trop haute pour les capacités de l'auteur.
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J'ai adoré ce bouquin, qui m'a passionné quasiment de bout en bout. Il faut dire que les histoires de bourreaux m'ont toujours fasciné, ce qui fait de moi, d'emblée, un bon public pour ce genre de biographie. Voilà déjà bien longtemps que j'ai dévoré celle d'Anatole Deibler, et, il y a quelques années, ce fut le tour de l'auto-biographie/biographie de Sanson.
Il y a d'ailleurs un dénominateur commun à ces trois larrons, pourtant si éloignés dans le temps les uns des autres, c'est cette justification du meurtre légal qu'ils trouvaient dans l'horreur des actes de leurs "clients", ici appelés "pauvres pécheurs", et cette empathie avec le sort de leurs victimes. Nul doute que cela devait bien les aider à supporter les rigueurs de leur métier, puisque chacun des trois assuma une carrière particulièrement longue, quasiment sans jamais trembler (à l'exception de Sanson qui finit hémophobique, et qui me paraît - ce n'est peut-être pas une coïncidence - avoir été celui des trois qui éprouvait le plus de "pitié" pour ses clients).
Pour ce qui est de notre ami Meister Frantz, on voit poindre dans sa biographie l'aurore de quelques principes humanistes qui guideront la justice dans les siècles suivants, comme l'indulgence pour les mineurs, l'horreur de l'infanticide (qui était disons largement toléré au moyen-âge), ou le traitement des femmes : très intéressant, ce chapitre où l'on voit notre bourreau intercéder pour que l'on arrête d'enterrer vives ou de noyer les femmes en lieu et place de les pendre, sous prétexte de pudibonderie (une femme en robe suspendue, cachez-moi cette chose que je ne saurais voir). Ainsi, entre le début et la fin de la carrière de 40 ans de ce bourreau, les femmes passeront d'un traitement de défaveur à presque un traitement de "faveur" (tout étant relatif).
Un bourreau qui, bien qu'il ne tremblait ni devant la torture ni devant les pires exécutions, n'avait rien de l'image d'Epinal d'une brute épaisse, et qui, bien que très pieux, était plus que sceptique devant la sorcellerie, appréciant d'exécuter un chasseur de sorcières pour diffamation plutôt que les malheureuses innocentes que celui-ci entendait dénoncer.
Un livre qui entend relativiser, également, les horreurs judiciaires de l'Ancien Régime. Certes, on pendait des voleurs, mais l'on voit bien qu'il s'agissait de multi-récidivistes impénitents qui n'avaient tremblé devant aucune menace, bannissement ou peine corporelle, et que, dans un monde sans prisons, c'était en désespoir de cause que l'on finissait par se débarrasser une fois pour toutes de ces parasites.
Certes, le supplice de la roue, appliqué aux bandits de grand chemin, était épouvantable, mais le récit de leurs crimes est également à frémir d'horreur, et cette réponse judiciaire, la Loi du Talion en quelque sorte, était compréhensible. Elle n'a d'ailleurs rien de si suranné que ça, dans un XXIème siècle où plus de 50 pays appliquent encore la peine de mort, et dans lequel des millions de gens rêvent de la rétablir à chaque fois qu'une affaire sordide sort dans les médias.
Au fil des pages de cet excellent livre, on en vient vraiment à considérer cette ville franche de Nuremberg – et son exceptionnel bourreau – comme un état préfigurant la modernité... À ceci près qu'il semble bien qu'elle ait été "un îlot" au milieu d'un monde par ailleurs très obscurantiste.
Finalement, s'il y a quelque chose qui étonne par son archaïsme, c'est cette discrimination appliquée aux bourreaux, des hommes à qui la société a demandé – voire ordonné – de faire le sale boulot.
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Cet essai historique peut paraitre malsain au prime abord étant donné le sujet. Mais ce n'est pas du tout le cas. Il n'y a pas de descriptions détaillées des actes de torture, ou de mort. Bien au contraire, Meister Frantz, le bourreau que l'on suit à travers cet essai, fait tout pour que son métier soit respecté en adoptant une conduite exemplaire, contrairement à certains autres qui peuvent avoir du mal à vivre avec l'idée de la mort.
On apprend des tas de choses sur cet emploi à la fois important mais mal vu. L'auteur, un historien américain, dépeint aussi toute la société allemande à l'époque de la Réforme. On a ainsi une vision globale des us et coutumes, ou du ressenti de la population.
J'ai bien aimé me plonger dans cette époque pas si éloignée de la nôtre. J'avoue pourtant qu'au bout d'un moment on attend un peu plus. Il y a beaucoup de redites, de longueurs.
Merci à Babelio et aux éditions Omblage pour cette découverte.

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L'épée du bourreau avait acquis une valeur symbolique et monétaire particulière. Elle était grande – longue en moyenne de plus d'un mètre et pesant environ trois kilos – et souvent très ornementée. Au milieu du seizième siècle, l'épée de combat classique, dont s'étaient servis les bourreaux au Moyen-Âge, avait en général été remplacée par une arme conçue exprès, avec un bout plat et non pointu, et une répartition des poids plus adaptée à l'usage exclusif de la décapitation. Beaucoup de ces épées ont survécu et elles témoignent de l'art et du soin exceptionnels qui présidèrent à leur création. Chaque épée avait une inscription unique, telle que "Par la justice, le pays prospérera et s'épanouira, dans l'anarchie il ne survivra pas", ou "Garde-toi des mauvais actes, sinon ton chemin mène à la potence", ou, plus bref, "Les seigneurs jugent, j'exécute". Plusieurs épées portent aussi des gravures de la balance de la justice, du Christ, ou de la Vierge et l'Enfant, ou de la potence, de la roue ou d'une tête coupée. Quelques dynasties de bourreaux inscrivaient les noms et les dates de chaque détenteur, et une famille faisait même une encoche sur l'épée pour chaque condamné ainsi exécuté.
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Dans l’Europe du seizième siècle, les gens, y compris les médecins diplômés et les guérisseurs populaires, croyaient en général que les cadavres possédaient des pouvoirs de guérison puissants. Cela conduisait à une pratique qui paraît maintenant bizarre voire révoltante ... c'était l’ingestion, le port ou l’usage médical de parties du corps humain pour soigner les maladies ou les blessures.
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Origine du malheur familial des Schmidt.
Heinrich Schmidt et son fils avaient un ressentiment encore plus fort et plus profond envers le margrave déchu que les autres habitants de Hof. Cela remontait au lundi 16 octobre 1553, trois jours après le retour d'Albrecht-Alcibiades et de sa suite dans Hof dévastée. Comme d'autres villes allemandes de sa taille, Hof ne pouvait avoir son propre bourreau à plein temps. Mais quand Albrecht, haï de tous, arrêta trois armuriers locaux censés avoir comploté pour le tuer, plutôt que de prendre un professionnel itinérant pour les exécuter, le margrave têtu invoqua une coutume ancienne : il ordonna à un spectateur de les exécuter sur le champ. L'homme à qui échut cet honneur affreux était Heinrich Schmidt. Etant un citoyen respectable de Hof, Schmidt protesta avec véhémence contre son seigneur, disant que cet acte mettrait l'infamie sur lui et ses descendants, mais en vain. Franz Schmidt raconta, à soixante-dix ans, "Si [mon père] n'obéissait pas, il [le margrave] menaça de le pendre, lui et les deux hommes à côté de lui."
(...)
Comme Heinrich Schmidt l'avait prévu, du moment où il exécuta l'ordre d'Albrecht, lui et sa famille furent exclus de la société honorable, sans pitié et pour toujours, par leurs voisins et anciens amis, avilis à la fois par leur association avec un métier odieux et (avec) un tyran détesté. Déshonoré, Heinrich Schmidt aurait pu tenter d'échapper à l'ignominie en commençant une nouvelle vie avec sa famille dans une ville éloignée. Il choisit au contraire de rester dans sa maison ancestrale et de gagner sa vie dans le seul métier qui lui restait. Ainsi naquit une nouvelle dynastie de bourreaux ...

p. 47-48
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Les quarantaines qu’imposaient les gouvernements [au XVIe siècle, en Allemagne] pendant les épidémies, par exemple, retardaient un peu la contagion, comme aussi de meilleurs régulations sur les ordures et les déchets, mais fuir les zones urbaines lors des épidémies restaient le plus efficace pour ceux qui le pouvaient.
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Les Européens du début de l'époque moderne n'avaient pas le monopole de la violence et de la cruauté humaines, ni des châtiments individuels ou collectifs. ... la fréquence dans toutes les sociétés du seizième siècle des exécutions capitales et des pillages étatiques fait pâle figure face aux guerres totales, purges politiques et génocides du vingtième siècle.
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