L'eucharistie constitue bien une «politique alternative », car elle produit dans notre monde, au cœur de l' Église, un corps constitué de personnes en communion les unes avec les autres où le Christ n'est pas seulement à la tête, mais au centre et à la périphérie. En refusant de considérer dans cette perspective, le spirituel comme un domaine, ou un «plan » extra-mondain ou extra- temporel (c'est-à-dire comme appartenant à «l'autre monde »), Cavanaugh veut présenter la proximité du Royaume de Dieu qui, par l'imagination eschatologique vient de manière disruptive faire irruption dans le temporel (qui n'est plus considéré comme un domaine, un espace propre, mais comme l'entre-deux orienté vers la parousie). p.99
Le «récit chrétien » est la manière dont est racontée dans I'Écriture, puis dans la prédication des Pères, la réalité de notre monde où les divisions et le péché s'opposent à la création bonne de Dieu et à l'unité du genre humain dans la communion.
[...] Dans cette perspective, dans ce «récit », le péché est rapporté à la création des individus comme tels, c'est-à- dire comme une rupture quasi ontologique entre les individus et le groupe. Toujours dans cette même logique, le salut implique la restauration de l'unité de I'ensemble de l'humanité dans le Christ. La participation au corps du Christ est le moyen de l'établissement de l'unité dans la communíon. p. 148
Cavanaugh aborde les questions d'appréhension de l'espace au travers des quatre figures du migrant, du touriste, du pèlerin et du moine. Plus que des modèles, ces figures témoignent de différentes manières d'imaginer la pratique de l'espace et du temps. (p 175 s)
Migrant et touriste : imagination qui les pousse à traverser les frontières pour trouver un autre monde (p. 185)
Pèlerin et moine : celui qui se déplace à la recherche spirituelle du centre de sa vie et celui qui l'accueille comme le Christ au cœur même de son pèlerinage spirituel. (p. 186)
Cavanaugh souligne le rôle de l'Eglise: tenir la tension entre l'exigence de la vie dans le monde et l'exigence de la vie sous le régime de la grâce, et donc rappeler aux gouvernants leur statut provisoire, strictement temporel (au sens premier du terme, c'est-à-dire en attendant la seconde venue du Christ). p. 123
Considérer que le politique réside dans un lieu «hors de» l'Église implique de refuser à cette dernière la réalité sociale et corporelle qui lui revient selon l'économie divine du salut, pour ne lui octroyer qu'une influence indirecte sur la vie concrète du monde. p. 122