"Au large" est une épopée maritime. C'est aussi un ouvrage de guerre mais ce récit, fait de sang, de sueur et de veille, est destiné à une demoiselle.
Il est donc édulcoré de toute violence.
La souffrance n'y est évoquée que comme un mal nécessaire mais inévitable.
Il est écrit par un marin, un jeune enseigne de vaisseau pour qui, même s'il la réprouve sincèrement, la première guerre mondiale est l'occasion de faire son devoir et d'obtenir un premier commandement assez inespéré au regard de son jeune âge.
Ce livre s'ouvre sur le port de Cherbourg ou plutôt au pied de la porte d'une librairie du quai qui encadre, sous un pan de ciel bleu, les embarcations de l'escadre attendant le retour de ses permissionnaires.
Il s'ouvre , le 2 août 1914, sur la mobilisation à peine décrétée.
Louis Guichard, jeune enseigne de vaisseau embarque sur le torpilleur "la Marseillaise" sur lequel, jusqu'à la venue de l'hiver, il va défendre à l'ennemi l'entrée du Pas de Calais.
En février 1915, il est nommé commandant du chalutier "Marguerite".
Il y trouvera un équipage, à peine militaire, formé de pêcheurs plus marins que lui, un armement tout juste constitué d'un ou deux canons de "quarante-sept" et une cabine qui sent le poisson.
Quatre jours sur six, par gros temps comme par mer plate, il y abdique la grande bataille navale pour la patrouille, le dragage de mines.
En juin de la même année, il est nommé commandant d'une flottile de quatre vedettes, d'un type nouveau, tout juste débarquées du ventre d'un cargo qui arrive des États-Unis.
Désormais la devise de ce jeune officier de marine sera "en vedette toujours".
Et chaque fois qu'il faudra risquer un bateau quelque-part, l'amiral pensera à lui...
"Au large" est un superbe récit, humain, sensible et passionnant.
Louis Guichard est un "pacha" comme en espère chaque marin à la veille d'un nouvel embarquement. Pour parler de son équipage, il trouve les mots justes.
Mais il est aussi un véritable écrivain.
Son ouvrage est passionnant. Écrit dans un style élégant et efficace, il dépeint la véritable vie du marin de "la petite flotte" en guerre.
L'ombre du marin, de l'homme est presque perceptible derrière les mots.
Un deuxième récit vient s'ajouter à ce premier opus.
"L'odyssée d'un transport torpillé" est dans mon édition, ajouté pour former un tout, un volume, de carton et de couture, qui fait la fierté de ma bibliothèque.