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EAN : 9782915398021
64 pages
A propos (22/09/2008)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Artiste d’origine très modeste, Andrea Mantegna devint en 1460 le peintre officiel de la cour des Gonzague à Mantoue, fut anobli par deux fois, couvert d’éloges de la part des artistes et puissants de son temps, fit édifier une magnifique maison, ... et mourut criblé de dettes. Considéré comme un artiste emblématique de la Renaissance italienne, comme l’égal des plus grands maîtres de cette époque, il a laissé une œuvre d’une grande beauté, marquée par d’abondantes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'art n'a pas forcément besoin d'une énorme "somme" pour se manifester avec éclat, ce petit ouvrage en est la preuve. Sans doute la vie et l'oeuvre d'Andrea Mantegna (1431-1506) s'y prêtent-elles particulièrement, tant elles se coulent à merveille dans la conception remarquablement claire et attractive de cet opuscule que les éditions "A Propos" lui consacrent. Une première étape, très accessible et de grande qualité, pour qui s'intéresse à l'histoire de l'art ; des repères essentiels ; des arrêts sur image ou focus très heureux pour ce qui est de l'iconographie ("L'adoration des mages" vers 1500, en couverture) ; des pistes pour des analyses ou des réflexions plus avancées, Anne-Sophie Molinié, auteur du texte, enseigne l'histoire de l'art à Paris Sorbonne (IV).

Déjà perçu par ses contemporains comme l'un des artistes les plus fameux de son temps, le Quattrocento, Mantegna offre l'exemple, parmi d'autres non moins connus, d'un artiste itinérant qui met son talent, ainsi que ses ambitions, au service d'une cour princière, celle de la famille Gonzague à Mantoue pour ce qui le concerne. Quatre chapitres scandent l'histoire de ce peintre étonnant, de sa naissance dans une famille très modeste et de ses premières années de formation artistique à Padoue, à sa mort à l'âge de 75 ans, à Mantoue. Quatre périodes précédées à chaque fois d'une chronologie enrichie des événements culturels, politiques, économiques et sociaux concomitants, viennent contextualiser l'oeuvre. Un cinquième vient conclure en s'attachant à l'un des aspects plus singulier du travail de l'artiste, son oeuvre graphique, dessins, esquisses et gravures, indissociable de sa pratique picturale. Ces pièces bientôt recherchées par les collectionneurs ou même copiées, par Dürer notamment, permettront la diffusion de sa pratique dans toute l'Europe humaniste.

A Padoue où il entre, à onze ans, en apprentissage chez son maître Francesco Squarcione, le jeune Andrea apprend le dessin et la sculpture, il rencontre Paolo Ucello (1397-1475) et se familiarise avec les innovations du grand Donatello (1386-1466). Installé à son compte dès 1447, il cultive très tôt un goût puissant pour l'héritage de l'Antiquité qui ne cessera jamais d'irriguer son inspiration et magnifiera son oeuvre. Il reçoit rapidement des commandes importantes, mais ce sont les fresques de la chapelle Ovetari, sur lesquelles il travaille de 1448 à 1457, qui le font connaître au-delà de Padoue. Ses constructions savantes, de perspectives, et l'illusionnisme créé par ses compositions "modernes", subjuguent les contemporains, et plus tard Vasari, mais "L'Assomption de la vierge en présence des apôtres" (huit, quand le commanditaire en voulait douze), lui vaudra un procès où il obtiendra cependant gain de cause. Il épouse la fille du peintre Jacopo Bellini, renforçant des liens déjà étroits avec ce que la Vénétie compte de mieux en peinture. On admire l'extraordinaire "Présentation de Jésus au Temple" (vers 1454), une détrempe à la colle sur toile et surtout le retable de San Zeno (1457-1459) qui nécessite deux ans de travail, toujours visible à la basilique du même nom à Vérone, et dont le modèle s'impose ensuite partout en Italie du nord tant sa conception et sa vision sont novatrices. Les trois parties de la prédelle sont dispersées dans des musées français (Tours et Paris).

Ludovico Gonzague, marquis de Mantoue, fait des offres à Mantegna depuis 1456 : "un salaire généreux, un logement, des vivres et du bois de chauffage, la charge de peintre de cour, une pièce de damas pourpre brodée d'argent pour sa livrée, l'usage des armoiries des Gonzague", que ce dernier finit par accepter, s'installant à Mantoue en 1459 avec sa famille. Mantoue est un foyer d'humanisme où Dante et Pétrarque ont fait leurs études. Mantegna y rencontre probablement Alberti dont les recherches sur la perspective le fascinent. Des oeuvres de cette époque, beaucoup ont disparu. Restent certains portraits, parfois marmoréens, qui ne visent pas l'idéalisation mais une forme d'expressivité tout à fait nouvelle, ou des tableaux religieux.

C'est la Camera picta ou Chambre des Epoux (Ludovico et sa femme barbara de Brandebourg), commencée en 1465 et achevée neuf ans plus tard qui marque véritablement le passage de Mantegna à Mantoue. Cette pièce, peinte à fresque, du Castello San Giorgio, la Camera Degli Sposi, glorifie, au milieu d'un décor à l'antique, des situations où Ludovico et sa cour sont mis en scène dans une époustouflante création en trompe-l'oeil due au génie artistique de Mantegna : "Au centre, l'illusionnisme perspectif est à son apogée avec l'oculus (oeil de boeuf) qui semble ouvrir sur le ciel" p."30-31. "La Déploration du Christ", vers 1475, encore plus spectaculaire dans son raccourci morbide, démontre s'il le fallait encore l'incroyable virtuosité de cet artiste détonnant qui invite ses contemporains à une expérience esthétique unique en les faisant participer à la création qu'il leur donne à voir. La perspective est au XVe siècle une source inépuisable de découvertes et de plaisirs.

A la mort de Ludovico, son fils francesco puis son petit-fils Federico, reconduisent le peintre dans ses fonctions à la cour. le "Saint Sébastien" (1480-1481) détrempe à la colle, aujourd'hui au Louvre est de cette période. Un autre grand cycle voit également le jour à ce moment là : celui des triomphes De César, conservé aujourd'hui au Palais d'Hampton Court. Thème antique, cher au peintre et traité en neuf immenses toiles à la détrempe, d'une procession triomphale accompagnant César après sa conquête de la Gaule. Mantegna, dont la célébrité est désormais acquise, effectue ensuite de 1488 à 1490, un voyage à Rome sur invitation du pape Innocent VIII à décorer la chapelle de sa résidence du Belvédère. Décors perdus car la chapelle est détruite au XVIIIe siècle. de retour à Mantoue, il réalise une somptueuse "Vierge de la victoire", retable votif, qui célèbre la défaite des Français à Fornovo face aux mercenaires de Francesco en 1495.

Isabelle d'Este, éduquée à Ferrare, a épousé Francesco Gonzague en 1490. Collectionneuse avertie, elle est l'une des premières à posséder un "studiolo" et en confie la décoration à Mantegna. "Mars et Venus" dit le Parnasse, tempera sur toile vers 1497-1502, et "Le Triomphe de la vertu", tempera sur toile de 1502, deux oeuvres que l'on peut également admirer au Louvre et où le maître adopte une manière moins sévère, viennent honorer cette commande de la marquise, dont le goût se porte ensuite sur d'autres peintres. Les difficultés financières et la maladie attristent la fin de la vie de Mantegna. Il doit se séparer de son imposante maison et laisse un monument funéraire dominé par un buste en bronze le représentant et sculpté de sa main.

Après Masaccio, Paolo Ucello, Piero della Francesca, Mantegna ouvre une postérité où s'inscrit presque aussitôt le génie de Léonard et où puiseront beaucoup plus tard Poussin, Rubens et bien d'autres encore. Une lecture qui m'a donné envie d'aller comprendre d'un peu plus près ce qui s'est passé du côté de la perspective au début du XVe siècle dans le milieu artistique florentin.

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Avec cet ouvrage consacré au célèbre Mantegna, prince des peintres et figure emblématique du Quattrocento italien, Anne Sophie Molinié revient sur les différentes étapes de la vie du peintre : son apprentissage et ses premières années en tant qu'artiste à Padoue, son travail à la cour de Ludovico de Mantoue puis d'Isabelle d'Este, le mécénat dont il bénéficie auprès des Gonzague... Outre son parcours, l'auteur aborde également en détail des sujets tels que les progrès auxquels contribua l'artiste dans le traitement de la perspective, la forte influence exercée par l'Antiquité classique, ou encore son talent pour des techniques picturales particulières telles que l'emploi de raccourcis et de vues en contre-plongée. On trouve aussi évidemment ici des précisions quant aux plus grandes oeuvres de l'artiste, à l'origine d'un grand nombre de fresques, retables, gravures et évidemment de la célèbre Camera picta (Chambre peinte), aussi appelée Chambre des époux, véritable tour de force illusionniste au service de la diplomatie princière.

Le sujet est passionnant et, malgré la brièveté de l'ouvrage, traité de façon claire et concise. La présence de plusieurs petits encadrés intitulés « A propos » et destinés à approfondir une notion mentionnée dans le cadre de la biographie de Mantegna portant aussi bien sur la ville de Padoue à l'époque du Quattrocento, que sur les cours princières dans l'Italie de la Renaissance, est notamment très appréciable. L'auteur a également pris soin d'insérer quelques représentations picturales d'assez bonne qualité pour qu'on puisse en apprécier les détails, ainsi que des « arrêts sur image » constitués d'une pleine page consacrée à une oeuvre de l'artiste (Le triomphe de la vertu ; le triomphe du Jules César...) suivie d'une brève analyse de la dite oeuvre. Les dernières pages, enfin, sont consacrées aux lecteurs désireux d'approfondir le sujet et comportent, entre autre, une bibliographie ainsi que des indications quant aux musées où l'on peut aujourd'hui encore admirer les oeuvres de Mantegna.

Un petit ouvrage qui ne paye certes pas de mine mais qui se révèle au final intéressant et ingénieusement construit. Un grand merci à Babélio et aux éditions « A propos » pour cette plaisante découverte grâce à laquelle j'en sais aujourd'hui davantage sur ce peintre de génie qu'était Mantegna.
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Grâce à Babelio et aux éditions A'Propos, j'ai renoué en quelque sorte avec mes études d'histoire de l'art.
Cette courte monographie sur Mantegna décrit l'essentiel et constitue une première approche assez complète de la vie de l'artiste mais surtout de son oeuvre. Beaucoup d'ouvrages se pencherait sur la vie de l'artiste exclusivement. Là, Anne-Sophie Moliné décrit avec une grande simplicité les oeuvres et les techniques de Mantegna. Elle délivre ici des clés de lecture et les met en corrélation avec le contexte politique, social et culturel de l'époque.
Le texte est également ponctué d'informations complémentaires soit sur les oeuvres, les artistes ou hommes politiques contemporains ou encore de chronologies. le tout est savamment illustré par de nombreux tableaux de l'artiste.
Cette collection proposée par A'propos est très intéressante. En une soixantaine de pages, le lecteur arrive ainsi à avoir une première approche pertinente et complète du travail d'un artiste. Les oeuvres essentielles sont présentées et étudiées. Un "petit" ouvrage bien mieux que beaucoup d'autres éditions plus connues. Les autres titres sont donc à découvrir pour ainsi avoir une première approche de l'histoire de l'art.
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Cette biographie de Mantegna est très intéressante. C'est un ouvrage concis, très bien documenté, qui apporte les informations essentielles sur la vie et l'oeuvre de l'artiste, et qui montre bien ses particularités dans le contexte historique et artistique de l'époque efficacement décrit.
Les reproductions sont de bonne qualité, bien que le petit format de l'ouvrage ne permette pas toujours de saisir les détails et les jeux avec l'architecture présents dans de nombreuses oeuvres de ce peintre. Les analyses de tableau sont pertinentes et toujours intéressantes. le travail du peintre est traité en lui-même et à l'échelle de son temps : l'importance des cours locales dans la renaissance italienne est est particulièrement bien traitée et illustrée par celle de Mantoue.
Un ouvrage de bonne qualité, à la fois complet et accessible, qui constitue une excellente introduction à l'oeuvre de Mantegna et au Quattrocento dans le nord de l'Italie.
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Bon livre sur Montegna. On découvre son parcours et ses oeuvres. le livre est didactique sans être abscons et donne les bases essentielles sur cet artiste. les personnes intéressées pourront poursuivre leurs recherches avec des livres plus complet.
Je recommande de lire la princesse de Mantoue dans la foulée. Cela permet de bien replacer le peintre et sa peinture dans son contexte.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation

Detrempe ou tempura: l'un des procédés les plus anciens de la peinture, la détrempe désigne l'emploi de couleurs broyées à l'eau, auquel est ajouté une substance, pour que la couleur adhère au support. Jusqu'au XVème, le médium le plus utilisé est le jaune d'œuf, notamment dans la peinture sur bois. Sont également utilisé les colles, comme la gomme arabique
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Au XVème siècle, le portrait confronté au conflit entre ressemblance à la personne physique et beauté, est un genre souvent déprécié par les théoriciens. L'intérêt croissant pour l'individu et les progrès du naturalisme font de la ressemblance le critère principal d'appréciation de l'œuvre, compensé en Italie par le souci d'idéaliser le modèle.
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Profondément attaché à l'antiquité son œuvre participe à l'invention de la perspective. Il s'en dégage un sentiment de gravité, de solennité et une puissance inventive qui nous saisissent encore aujourd'hui et qui placent Mantegna aux côté des plus grands maitres italiens de la renaissance.
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Cet oculus - véritable innovation dans la peinture décorative - constitue très vite une source d'inspiration pour bien d'autres artistes. Ici pour la première fois en peinture Mantegna place le spectateur à l'intérieur de l'œuvre, le faisant participer à la représentation.
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De grande qualité, elles traitent les motifs que l'on rencontre dans ses peintures mais introduisent aussi des inventions que seules permettent ces techniques, par exemple le jeu des ombres et des lumières créant la profondeur.
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