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EAN : 9782954126012
Les Inapercus (16/05/2012)
4/5   4 notes
Résumé :
N retrace l'errance d'un enfant élevé par son père dans la forêt, et sa progressive libération de cet univers hostile et coupé du reste du monde.
Les oeuvres de Mikaël Lafontan, photographe franco-suédois, évoquent au plus près cette lente ouverture des frontières d'un monde devenu oppressant, mais que l'enfant hésite à quitter.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ils marchent, toujours vers le sud. Ils font corps avec la forêt, mais le fils ignore pourquoi ils sont là, et pourquoi la colère paternelle.

Les rares mots qui sortent de la bouche du père : « Ici. Bois. Mange. Dors. Pas bon. Bon. Laisse. Attention. Chut, » ne lui disent pas. Ce qu'il sait, ce sont ses craintes de la colère de l'adulte, sa peur du vacarme de la forêt et de la violence de ses habitants.

N comme nord, la direction prise par tout marcheur égaré. Le dos au soleil. Père et fils vont vers le sud. Le père n'est pas perdu, il fuit. Peut-être un drame avec la femme du cliché qu'il dissimule dans son sac. Une fatalité comme celle de l'anéantissement de l'un, pour que l'autre prenne la bonne direction.

N est l'histoire de cette poétique et angoissante tragédie sylvestre, racontée magnifiquement par Eric Pessan et illustrée par les superbes photos de Mikael Lafontan .
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Un père et son fils "marchent en forêt", dans une brève fable, inquiétante, mystérieuse et d'une troublante beauté.

Publiée en mai 2012 aux toutes jeunes éditions Les Inaperçus, cette nouvelle d'Éric Pessan, construite autour des superbes photographies de Mikaël Lafontan, nous livre en 35 pages une bien inquiétante fable, résolument inclassable.

Dans la forêt, dont mousses et fougères n'ont au fil des mois bientôt plus de secrets pour eux, un homme et son fils marchent. Ils marchent sans vraiment s'arrêter, surmontant courbatures et blessures, à l'écart des villages à peine devinés ou entrevus, toujours à l'opposé du "N" figurant sur la boussole du père.

Le lecteur ne saura pas la raison de cette épreuve, fuite éperdue ou recherche consciente d'ermites, la figure d'une femme à demi effacée sur une vieille photographie ne pouvant à elle seule dissiper cette brume tenace, mais le climat, quasiment cinématographique (le Boorman de "Délivrance" n'est pas si loin), créé en si peu de mots par l'auteur, nous entraîne doucement dans la tragédie, celle d'un quotidien bizarre confronté à de l'ordinaire (qui ne connaît le plaisir enfantin de la marche en forêt ?) ayant acquis au passage une stature mythologique... Comme si, par moments, le Petit Poucet était devenu lui-même fils d'un Ogre rêveur et inlassable, pour affronter avec lui une route post-apocalyptique à la McCarthy...

Chaque pas sous les arbres, entouré d'un halo mystérieux, baigné d'une interrogation diffuse, reste ainsi soumis à un fantastique qui refuse de dire son nom. Pour un moment de bonheur terrorisé, sous les futaies.

"À l'orée du village, j'attends. Papa va seul acheter des allumettes, quelques vêtements, de la nourriture, des bougies, une nouvelle lampe de poche. J'attends. Il m'ordonne de me cacher, de ne me faire voir par personne. Il m'ordonne de ne surtout pas m'endormir : on est vulnérable lorsqu'on dort. La vigilance, toujours. Et il prend la route qui mène à l'inconnu. J'attends. À chaque fois, j'ai peur qu'il ne revienne pas."
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Un enfant et son père marchent à travers bois, tournant le dos au Nord et à leur passé. Chaque pas refoule leur mémoire, distrait la colère du père, étonne l'enfant. Chaque enjambée agglomère leur pensée à la mousse, gangrène leurs phrases, desquame leur identité.

Peu importe, au final, ce qui les pousse à fuir, à s'enfoncer au coeur de la sauvagerie, à rebours de leur histoire : seule compte la voix de cet enfant qui, déclinant la rumeur des lichens, l'odeur des saisons, la présence des fougères, s'inquiète de son identité (“nous étions peut-être deux espèces totalement différentes“). Est-il être des bois, persona de monosyllabes écorchées, petit mythe ambulant à classer près des images confuses des “grandes forêts de l'enfance, les bois enchantés, les trolls, les dragons, les magiciennes et leurs marmites au cul brûlé, les cabanes dans les bois où se terrent des créatures hideuses, l'ogre, les arbres qui bougent et étranglent les voyageurs” ? Est-il d'une espèce autre, à “la lisière de l'homme“, atteignant “des strates bien antérieures, des époques de reptation, de faiblesses et de grandes terreurs, des époques de proies dissimulées dans les sables” ?

Ou bien n'est-il qu'une émanation de cette forêt matricielle qui peine à le recracher de ses entrailles, syntagme prisonnier d'un texte à la luxuriance formidable ?

La suite de la critique par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/n/
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L’air est glacial, très humide, il va sans doute pleuvoir avant peu et nous n’avons pas revêtu nos capes imperméables. Hypnotisé, je fixe la direction des lueurs, elles sont des dizaines maintenant. C’est comme les étoiles, au crépuscule, il faut regarder le ciel, et dès que l’on en aperçoit une, on se rend compte qu’elles sont innombrables.
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