C'est l'histoire d'un orphelin du Frioul, élevé au monastère, qui part à la recherche de ses racines familiales en Sardaigne.
Sa quête de racines débute par une traversée laborieuse de l'île, à pieds sous le redoutable soleil sarde, tel un voyage initiatique à travers la végétation, les jeux de lumières et la poussière, au terme duquel le lecteur en viendrait presque à respirer les pages de son livre tant il semble qu'il s'en dégage une odeur de thym sauvage, de myrte et de genévrier. A Nuoro, capitale de la Barbagia (le « pays des barbares »), alors simple village de campagne, Vincenzo trouvera son grand-père, Michele Angelo et son admirable tante Marianna.
L'orphelin du Frioul va grandir dans ce nouvel univers, comme la nouvelle ramification d'un arbre trop ancien, puisant son énergie débordante dans les vieilles racines profondes de sa lignée.
Arrivé à Nuoro, Vincenzo trouve le réconfort d'une cellule familiale, aussi amputée soit-elle par les ravages des guerres et du temps, il découvre le réconfort solide d'un grand-père et l'amour inconditionnel d'une tante dévouée. Il va se construire dans le calme austère du coeur de la Sardaigne, dans l'univers si particulier de cette curieuse région, pays étrange au possible pour un enfant du Frioul, que cette île d'où l'on peut admirer tout à la fois la montagne et la mer, où l'ombre fraiche des chênes succède à la chaleur suffocante des chemins, où le vent n'est jamais un ami, soufflant toujours trop froid ou trop chaud - car clairement, le tiède n'est pas le propre de la Barbagia…
Vincenzo va découvrir les joies d'une campagne paisible, l'amour d'une famille, la malaria, les combats contre les moustiques et les sauterelles, les travaux de plein air, les amitiés et les bagarres, le vin âpre des fêtes de village et Cecilia.
Et si chaque village sarde semble toujours abriter une Cecilia, pour Vincenzo il n'y a désormais que cet amour unique et sans concession. Car Cecilia, sa Cecilia est bien unique, seule la sienne possède des yeux d'une couleur qui ne se décrit pas.
Entre la montagne et la mer, entre l'immobile austérité sarde et les évolutions d'un pays en reconstruction, entre les mariages, les naissances et les décès, entre les bras de Cecilia, les évènements traversent les saisons, s'éloignent d'un passé tout en rejetant les temps nouveaux pour ne laisser place qu'aux moments intermédiaires, il tempo di mezzo. Les saisons se succèdent avec leurs joies et leurs pertes, e tutto ricomincera…
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Titre italien : "Il tempo di mezzo".
Vincenzo, sardo-frioulan, orphelin élevé au séminaire de Trieste, débarque en Sardaigne à 29 ans, après une traversée éprouvante, en 1943, l'année de la faim et de la malaria.
Il veut rejoindre Nuoro le pays de son père mort au combat dans le Frioul, juste après sa naissance, en 1916.
Lui, l'orphelin, le fils de personne, va dans l'île ancestrale, il pourra attacher son prénom au nom de son père.
Quand il arrive en Sardaigne, il n'est pas encore habitué à son patronyme; les documents le rattachent à une lignée dont il ne sait rien. Il trouvera un peu de passé mais surtout un futur dans cette famille éprouvée par les deuils, heureuse de l'accueillir . Il est la continuité, le renouveau.
Ce qui est troublant, c'est qu'il est l'exact portrait du fils disparu, son père.
Le roman s'appelle "il tempo di mezzo", c'est le temps du milieu, celui entre les générations des protagonistes et aussi celui du pays quand commence le boom économique et l'illusion que tout est possible.
Le début est lent, comme la longue marche entreprise par le jeune frioulan, comme sa découverte du paysage, de la végétation.
Le final m'a paru trop développé. J'avais hâte de tourner les dernières pages.
Les personnages sont attachants. La vie n'est pas toujours rose.
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Vincenzo débarque en Sardaigne, pays d'origine de sa famille, mais il ne connait ni le pays, ni ses coutumes et doit découvrir et conquérir cette terre, sa famille, retrouver son identité et comprendre les traditions parfois ancestrales.
Son arrivée permet à sa tante et son grand père, endeuillés, de (re)trouver l'espoir, un nouveau souffle de vie; sa seule présence les réjouit car assure la suite de la lignée des Chironi, orgueilleuse et fière... Rien n'est pourtant jamais aussi simple.
Un récit un peu complexe où se mêlent sentiments, douleurs, traditions, souvenirs, condition humaine, au cours du XXème siècle en pleine mutation et modernisation... comme un conte, une saga, une histoire qui rend hommage.
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Quand Vincenzo arrive dans un petit village sarde c'est pour y découvrir les membres de sa famille... Les deux derniers membres plus exactement car un tragique destin semble peser sur la famille Chironi...
Les jours comme les mots de ce roman s'écoulent alors lentement, à travers des rencontres et des souvenirs... Vincenzo tente de trouver sa place parmi ses racines et ses fantômes, assoiffé d'amour...
Un roman plaisant, avec une écriture poétique mais parfois longue... Une histoire de destin tragique qui touche mais sans arriver a véritablement émouvoir...
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En suivant un chemin de terre, il atteignit une sorte de petite oasis formée de très jeunes chênes. Il s'arrêta pour écouter l'air immobile du tout premier matin qui portait en lui la mer et la terre, le sable et le rocher, qui sont d'ailleurs la même chose sous des formes différentes. Dans ce silence pullulant, il perçut le son léger d'une source. Il regarda autour de lui pour savoir d'où ce son provenait exactement. Il s'enfonça parmi les arbustes qui le dépassaient en hauteur tout au plus d'un empan, il sentit le parfum contomoso, douceâtre, humide, de la terre à l'ombre, et il vit le ruisselet qui jaillissait d'un rocher...
A Noël on voudrait être assez fort pour ne pas se laisser emprisonner dans la glu de l'affection commandée, dans le miel de la bonté périodique.
L'esprit est à soi-même sa propre demeure,
il peut faire en soi un ciel de l'enfer,
un enfer du ciel.
J. Milton - Le paradis perdu
Noël est un fatras sordide de vitrines, un flottement trouble de mièvreries. Où tout un chacun sourit à soi-même. Oh oui. A Noël on voudrait être assez fort pour ne pas se laisser emprisonner dans la glu de l'affection commandée, dans le miel de la bonté périodique.
Tout homme est prisonnier de ses fantômes - W. Blake (Jérusalem)
Marcello Fois - La lumière parfaite