Dame Luwise est devenue l'élue et la représente d'Okotaï, l'Arbre-Mère et à présent, elle se doit d'imposer les vues de celle-ci afin de la sauvegarder et de fournir une paix salvatrice à l'humanité. Une démarche difficile alors même qu'elle pourrait être considérée comme une Prophétesse honnie et que ses alliés se sont réduits comme peau de chagrin. Bien sûr, elle peut compter sur quelques fidèles comme Tobiane présent depuis le début ou Vanésine blessé au coeur comme jamais. Mais des doutes et des blessures rongent certains d'entre eux depuis leurs affrontements contre les démons enténébrés et l'alliance de Luwise avec ceux-ci. Dans ces conditions, comment convaincre les Seigneurs de sa bonne foi ou de sa légitimité même avec le soutien de son parrain ? Sans parler des Aërs qui voient d'un mauvais oeil cette usurpatrice potentielle de leur ascendant sur les royaumes des Branches.
Geoffrey Legrand met un terme à sa trilogie en poursuivant le récit fait par Luwise elle-même qu'elle fait aux crépuscules de ces jours. le style, beau et de qualité, nous plonge dans des faits historiques par bonds de périodes cruciales à moments déterminants de ce monde original.
Le chemin se fait parfois un peu long. le premier quart ne m'a pas totalement séduit, détaché de faits épiques, il se concentre sur cette lente évolution de Luwise et sa recherche d'appuis et d'une fragile légitimité. Il fallait également que je me remette dans le bain du tome 2, lu deux ans auparavant - le texte ne faisant que de brefs rappels. On ne sait pas trop ce qui va porter le roman par la suite et j'ai craint un récit très protocolaire, presque scolaire de cette évolution.
Puis peu à peu, l'auteur nous replonge dans des événements qui commencent à faire sens, avec quelques touches de suspens pour s'engager peu à peu vers plus d'action et une série d'affrontements pour déterminer le monde à venir.
Les personnages passent un peu en arrière plan de l'histoire et tout tourne autour de Luwise, les autres ne sont que des passagers, souvent des victimes tragiques des événements nous dépouillant un peu trop d'un aréopage de figures secondaires.
Si certains passages m'ont semblés longs, J'ai particulièrement apprécié le séjour de Luwise avec les sousterriens et cette confrontation intelligente des cultures et des a priori à la vie dure. Tout comme le passage sur les îles aër est fort agréable.
Le thème sous-jacent d'un monde mis en péril par les hommes reste bien sûr présent sans être le cheval de bataille de la trilogie. Mais il est de fait que les hommes préfèrent rester dans leur conflit et intérêt propre plutôt que de s'unir pour la survie de leur monde et donc à terme, d'eux-mêmes. Cela n'est pas sans rappeler notre situation actuelle.
Après un début délicat, j'ai fini par adhérer à L'Ère du Feu et à y prendre plaisir malgré une certaine pesanteur et tristesse qui émane de celui-ci.
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