J'ai bien aimé lire ce recueil de nouvelles qu'on m'a conseillé. Des nouvelles (assez courtes, entre deux et quatre pages) qui ressemblent souvent à des portraits ou à de courtes tranches de vie, dans des univers différents. Souvent il s'agit de femmes. Humour et poésie, alliage d'une langue littéraire soutenue avec des parlers populaires, les chutes sont plutôt des phrases pirouettes. J'ai ri en lisant la nouvelle "Combats de couloir", moi qui aime nager, je connais bien ce genre de situations !
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Là il s'égare, ivre de lui-même. Des publications dont il ajoutera l'intitulé, tard dans la nuit, sur son CV déjà bien garni et qu'il peaufine jour après jour. Il a pris des cours à distance de frappe au clavier - qu'il ne regarde plus. Une vraie dactylo : main droite sur j, k, l, m, main gauche sur q, s, d, f, il tape frénétiquement, en tous lieux, en tout temps. Il dépèce sa putain de thèse qu'il exploite 'intelligemment', jusqu'à ce que notoriété s'ensuive. Des communications ! Des communications à des colloques avec comité de sélection : Prague, Vancouver, Milan, Bucarest, voilà qui vous met sur orbite.
Elle fait ses vingt bassins crawlés, tous les jours que Dieu lui donne. C'est sa dope à elle : oubliés veuvage, solitude, passage du temps. Ça glisse, c'est tout droit, c'est cadré, virage et rebelote. Tu te laves dans l'eau lustrale, tu t'oublies dans la mécanique bien huilée du mouvement. Tu es une force qui va, envers et contre tout, obstinée, sans états d'âme, invincible. Tu arpentes le temps à l'aune de ta seule force musculaire : Je suis l'Animal du Temps.
Un moment d'intense émotion et d'yeux embués : une parfaite empathie avec la lignée immémoriale des travailleurs obscurs, des sans-grades, des exploités, qui ont édifié, avec du sang, des larmes et de la sueur, tant les cathédrales que les buildings de notre modernité - ceux qui, juchés sur la ferraille bruyante de gros tracteurs, labourent les terres qui nous nourrissent, ceux qui, sous un soleil de plomb, goudronnent les rubans d'asphalte de nos belles autoroutes, les forçats qui conduisent, abrutis de fatigue, de monstrueux poids lourds emplis de nos consommables de nantis.
Nora, elle en a juste un peu marre de se déguiser tous les jours en nana, en nana-canon, nana-caviar, nana-assassine, c'est du boulot et ça rapporte pas gros. Ils sont nuls les mecs de se faire avoir avec des trucs, des bouts de ficelle, des petites ruses à la con, trop fastoche !
Il dit que les minijupes c'est plus pour elle, ça fait cagole, c'est vulgaire. Mary Quant ? Elle doit en être à soigner son Alzheimer. Elle, elle aurait l'âge de s'habiller chez Agnès b, c'est sobre, c'est chic : la jupe juste au-dessus du genou.