01 - CRAC, BOUM, HUE !
Quand Bruno vient au monde muni d'un braquemart hors-norme, c'est toute la famille qui s'émeut. Comment peut se passer la naïve période de l'enfance avec pareil engin entre les cuisses ?
02 - JÉSUS REVIENT
Marie-Philomène a le sang bouillonnant dans toutes les parties de son corps. Alors quand son mari Hyacinthe s'enivre à l'occasion, elle se fait une raison : ça lui permettra plus de parties de jambes en l'air avec Léon. Mais quand Léon casse malencontreusement sa pipe, son corps crie famine. Elle s'en retourne vers son mari soûlard. Piètre condition pour les gens de peu, celui-ci passe aussi l'arme à gauche. C'en est assez ! Il est des signes qui ne trompent pas, le Divin l'exige, elle doit tourner sa fièvre vers la rédemption. Elle se rend alors en France, chez son amie Lucette, bigote s'il en est. Mais la libido est chose indomptable pour qui possède le feu sacré...
03 - L'AUTRE
Dans la famille, y'a mon frère et ma soeur, et pis y'a Antoine, le p'tit dernier, le seul à recevoir l'affection de maman. Nous aussi, les bisous, on n'aurait rien contre, mais y'a que mamie qui nous en concède en douce. Tout me semble étrange, je ne sais pas comment le dire, mais je le sens en moi, comme une intime conviction, il y a des secrets qu'on me cache.
04 - L'IMPOSTURE
Difficile de séduire, d'être heureuse, épanouie, quand une particularité physique n'échappe à personne. S'en accommoder révèle une force intarissable. Certaines vies sont des défis.
05 - LES BRUYÈRES
Quand Patricia et Jean-Claude décident de placer Gilberte Barillé en maison de retraite, ça coince. C'est pourtant bien Les Bruyères, c'est calme, et puis, c'est calme. Ah, ça, pour être calme... pis y'a la salle commune où tous les vieux bullent et reniflent en attendant le mot de la fin. Mais qui a cru que Gilberte allait tolérer ça sans broncher ?
06 - REGARDE-MOI !
Un couple en berne après un triste épisode, et la vie tourne à l'aigre. Elle rêve de chairs collées, lui de tranquillité. Alors quand l'art de l'effeuillage s'en mêle, les cartes sont rebattues. de la déliquescence d'un couple émane parfois de la renaissance d'une femme.
07 - LE DERNIER ÉTÉ
Mais qu'a donc maman à m'acheter des glaces, m'appeler "mon" Jeannot et insister autant pour que j'aille pêcher ? A croire qu'elle aime le poisson plus que je ne me l'imaginais. A moins qu'elle aussi aime pêcher, mais pourquoi ne pas m'accompagner alors ? Que les femmes sont compliquées...
08 - IN UTERO
Un léger sentiment de solitude, Suzanne ? Et si Marc comblait tout ça ? C'est que l'horloge biologique tourne tout de même, et qu'une femme sans enfant, même aujourd'hui, même à Paris, c'est un drôle de signal. Alors elle s'y met, Suzanne, pas tout à fait convaincue que la maternité lui manque, mais que voulez-vous, ainsi va la vie.
09 - PLACE 57
La quarantaine tout juste sonnée, célib' et carrière au point mort, Violette s'en va retrouver sur un coup de tête, Marie-Laure retrouvée sur "Copains d'avant" pour y faire un bilan de milieu de vie. Mais le trajet jusqu'à Nantes desserre parfois autant Angers que les cuisses des utilisatrices de la SNCF.
10 - JOYEUX NOËL
Maurice est un fanatique des éclairages de Noël en extérieur. C'est une philosophie de vie, un viatique, il règne sur la ville, les journaux s'en font l'écho. Mais il n'est plus tout jeune, Maurice, pis bedonnant, essoufflé, surement cardiaque, pas très en forme pour tout dire, si bien que c'est Paulette qui s'y colle, à grimper en haut du sapin, sur un escabeau, tous les jours, parce qu'on vous l'a dit, le Maurice, il rigole pas avec Noël ni avec sa femme, faut que tout soit parfait et que ça file droit à la maison ! Mais le jour où Paulette se rebelle enfin, on n'est pas loin du drame.
11 - L'EMBÛCHE
Clarisse n'aime pas réellement la bûche de Noël, non, mais elle aime par-dessus tout briller en société, surtout quand elle peut écraser la petite province arriérée. C'est qu'à la Capitale, on a tout mieux. Elle s'est vantée publiquement d'avoir déniché la meilleure pâtisserie pour ça. Mais quand il s'agit de faire la queue dans le froid de décembre un 23 sur un trottoir bondé, la voilà qui commence à regretter son inclinaison à toujours vouloir épater la galerie avec son parisianisme.
Commenter  J’apprécie         10
Que ce soit à lire d'une traite ou à siroter, découverte inattendue que cette dose de "Pheromones" prise tout au long du mois février (c'est qu'avec le froid de l'hiver, j'avais besoin d'un coup de fouet). N'y allons pas par quatre chemins, je connais l'oeuvre de Marie-Line Musset sur le bout des arpions (je lis tout d'elle, jusqu'aux lignes de ses mains). Jusqu'à lors dans le polar et le noir (ce qui n'était pas pour me déplaire, toujours enclin à estourbir un voisin ronchon), l'auteur semble prendre un virage nouveau dans son oeuvre. Je ne m'y attendais pas. Clairement, "Pheromones" ouvre de nouvelles perspectives, et honnêtement, j'ai trouvé l'ensemble plus fort, plus dense, plus mûr ! La dame sait se renouveler et prend un chemin qui me parle davantage : celui de la trouble barrière entre fiction et auto-fiction. Où est le vrai du faux ?
Ici, et pour la première fois, Marie-Line Musset s'offre. Se livre. S'ouvre. On discerne l'auteur derrière la plume. Il y a du vivant. De l'autobiographie. Ça sent le vrai. Pas seulement des histoires lancées comme ça, pour passer le temps ou faire peur à mémé. Non, cette fois, ça défend des points de vue et pue le réalisme. Ça se risque. Et le risque paie ! On s'attache à cette voix qui gagne en corps.
A titre d'exemple, j'ai dégusté le ton de "L'embûche", une critique maquillée des fêtes de Noël. La prose de Marie-Line n'est jamais aussi enlevée que lorsqu'elle use de la première personne, en situation. Drôle et léger, contemporain, vif, plein d'esprit, ça pointe - en nous divertissant un max - les abus de notre société d'abondance, les vétilles du quotidien, nos combats stériles. Dans cette course à la bûche de Noël, le lecteur jubile, le sourire aux lèvres durant toute la nouvelle, face à nos travers tournés en dérision. C'est facétieux et malin. Et quand vient la rupture, le fond, la dure réalité qui remet les pendules à l'heure, la mise en relief en est d'autant plus appréciable.
Le recueil est de la même eau, impliqué, intelligent, distrayant et jamais pesant. La deuxième moitié du recueil me semble supérieure à la première, plus intime aussi. On aimerait bien en savoir plus sur la part de réel dans tout ceci, mais une chose est certaine, Marie-Line Musset a trouvé une veine porteuse, moderne, un ton enlevé et brillant qui pourrait faire les beaux jours des éditions Inédits.
Commenter  J’apprécie         30
"(...) Elle qui ne s'accordait jamais d'écart sucré fit une dérogation à la discipline de fer qu'elle s'était imposée depuis des années. Pouvait-on envisager une relation durable avec Margaret Thatcher ? (...)
Marie-Line MUSSET, In Utero, in Phéromones, 2016, éditions Inédits (p. 110).
"(...) Dire que demain après ma journée, je vais devoir me taper deux heures de train pour aller manger une dinde sèche en écoutant Minuit Chrétien à la flûte de pan. (...)"
Marie-Line MUSSET, L'embûche, in Phéromones, 2016, éditions Inédits (p. 145).
Hugo dort profondément.
La lumière dorée du matin embellit sa peau terne, j'envie ce soleil qui le caresse.
Il fait trop chaud dans cette chambre, mais il s'obstine à fermer la fenêtre en plein été, je suffoque. Ses pores délestent son angoisse et imprègnent les draps d'une sueur âcre. J'aimais la lécher autrefois, mes doigts avides dessinaient des choses futiles sur son ventre, calligraphiaient des mots d'amour dans le creux de ses reins.
C'était avant cette nuit-là.
"(...) Marc sortait d'une histoire destructrice qui l'avait obligé à prendre deux petits comprimés bleus, matins et soirs, afin de voir la vie en rose. (..)"
Marie-Line MUSSET, In Utero, in Phéromones, 2016, éditions Inédits (p. 110).
"(...) Je couche toujours le premier soir, si j'attendais j'aurais de l'espoir, l'espoir ça fait mal, et j'ai eu trop souvent mal. (...)"
Marie-Line MUSSET, L'imposture, in Phéromones, 2016, éditions Inédits (p. 65).