Je remercie les éditions « Les jardins de Priape » et Babelio Masse-Critique de m'avoir donné l'opportunité de lire
Sensualité sauvage, de Eve de Candaulie.
Premier point positif : j'ai appris un mot ! « Candaulisme », dont la définition est : "Pratique sexuelle qui consiste à observer son ou sa partenaire alors qu'il ou elle coïte avec une autre personne. La personne observatrice éprouve alors une forte excitation".
Voilà qui pose le décor pour cette histoire narrée par
Eve de Candaulie (choix de pseudonyme astucieux)
Ensuite, je dirais que le début ne m'a pas du tout emballé. Je l'ai trouvé très superficiel. Eve nous raconte ses rencontres extra-conjugales et bien sûr ses confidences sur l'oreiller à son mari (puisque c'est le sujet : le candaulisme) … mais j'ai eu l'impression d'un discours sans âme, sans cette touche de « sensualité » qui justement sied, et est même indispensable, à ce genre de littérature.
J'ai pensé que ce roman allait être être long et ennuyeux s'il s'agit d'une suite de scènes de ce genre. Car en somme ; Eve s'éclate avec ses ami(e)s et raconte cela à son homme le soir pendant qu'il remettent le couvert, tout excités par ces récits.
Puis, peu à peu, les récits s'enrichissent, certes le texte est un peu plus descriptif et on tourne moins autour du pot, on appelle un « chat », un « chat », ou plutôt « une chatte » une « chatte ». Mais ce n'est pas ceci qui rend la lecture plus intéressante, ce sont plutôt toutes les réflexions de l'auteure autour de sa conception des choses de l'amour. J'ai pris peu à peu de l'intérêt à cette lecture. J'ai apprécié les situations vécues qui sont devenues plus réelles, plus sensuelles, en un mot, plus humaines. le récit prend également une autre dimension lorsque Eve nous parle de sa vie de maman (elle a une fille), témoignant de sa vie de femme dans la quarantaine qui sait mener de front son quotidien de mère et de femme,sans pour autant renier ses désirs… pour le coup, un peu particuliers.
J'ai trouvé intéressant les moments où Eve tente de glisser quelques messages subliminaux à sa fille en revisitant par exemple l'histoire du Prince charmant. Habile façon de lui dire de vivre sa vie sans se soucier du conformisme dans lequel on veut nous enfermer. A une époque où on nous assomme tous les jours pour mettre à tout prix les gens dans des cases selon leurs préférences sexuelles, j'ai apprécié la simplicité avec laquelle l'auteure se positionne dans ce grand tourbillon de soi-disant tolérance les uns envers les autres. Elle ne juge pas, ne fait pas de grandes théories sur le sujet et nous transmets un message subliminal (enfin, c'est ma perception): vouloir à tout prix ranger les humains dans des cases aura tendance à nous isoler et nous sectariser.
L'histoire a aussi ses parts d'ombres, avec le confinement et les distances imposées entre nous… puis cette rencontre qui fait peur, la rencontre de trop. C'est alors l'occasion de découvrir une autre facette que cette Eve délurée et débridée. On le sait, mais l'auteure nous le rappelle : le respect est une pierre essentielle à l'édifice de la sexualité entre adultes. Et ce n'est pas parce qu'une femme a des désirs pour le moins hors du commun, qu'elle ne doit pas être respectée et que ce fameux « non » n'a pas autant de valeur que celui d'une femme plus « conventionnelle » (si j'ose dire).
Au final, ce roman propose un témoignage riche sur un sujet abordé plutôt tabou.
Je le déconseille aux lectrices, lecteurs prudes qui pourraient être choqués par des scènes assez crues.
Pour les autres, je conseille cette parenthèse sauvage… pour découvrir qu'il existe autant d'humain que de façon de vivre sa sexualité et que le respect des autres est bien la chose la plus importante… pour le reste chacun est libre et avoir du respect pour les autres, c'est aussi ne pas les juger.