On aurait dit que les branches de cette cahute-là n'avaient pas été coupées et assemblées par des hommes, mais qu'elles avaient poussé sur place pour former des murs et un toit. En s'entrecroisant, les plantes grimpantes et les branches avaient tissé une sorte de trame contre nature, comme la peau d'une bête malfaisante. De la résine épaisse, noire et nauséabonde, s'écoulant des branches de pin, recouvrait le toit de la hutte. Des braises grisâtres, vestiges d'un feu de camp, couvaient devant l'entrée de la cabane. Une marmite en fonte noire était posée sur les cendres fumantes. Des dizaines de corbeaux et de vautours morts gisaient sur le sol, leurs pattes griffues recroquevillées sous eux.
Serafina tremblait de tous ses membres. Son cœur battait la chamade. Elle redoutait ce qu'elle allait trouver dans ce lieu maudit. Mais il fallait qu'elle en eût le cœur net. Elle ne pouvait plus reculer.
Elle leva les yeux vers le ciel, là où elle avait vu les oiseaux voler, puis elle se tourne dans la direction d'où ils étaient venus. Elle survola la canopée du regard. Son esprit s'appliquait à déchiffrer l'énigme. Enfin, elle comprit ce qui se passait.
Les oiseaux ne migraient pas.
Ils fuyaient.
Elle prit une longue et profonde inspiration. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine. Les muscles de ses bras et de ses jambes se contractèrent.
La chose, quelle qu'elle fût, était en route.
Et elle arrivait maintenant.
Si Serafina avait appris une chose au cours de ses douze années de vie, c'était que, tant qu'un rat n'était pas mort, on devait tout faire pour l'achever. On ne baissait pas les bras. Alors, elle se battrait. Et elle continue à se battre jusqu'à ce que sa famille la comprenne.
Elle était désormais convaincue que quelque chose n'allait pas dans la forêt. Quelque chose clochait à Biltmore. Et elle avait bien l'intention de découvrir de quoi il s'agissait et d'y mettre bon ordre.
Elle aurait voulu qu'il se tienne à ses côtés et contemple avec elle les étoiles, les oiseaux, les nuages ourlés d'argent et la lune brillante dans toute sa splendeur. Bien sûr, elle lui raconterait tout la prochaine fois qu'elle le verrait. Mais les mots prononcés de jour ne pourraient jamais rendre la beauté de la nuit.
La forêt qui avait toujours été son alliée et son refuge était tout à coup devenue son ennemie.