Shrikanto est le narrateur de ce roman bengali dont la première partie a été traduite ici. Il se souvient de sa vie vagabonde, des personnes qui ont bouleversé sa vie. Il évoque d'abord Indronath qu'il connut alors qu'il était adolescent. Cet ami, à peine plus âgé que lui, le fascinait par son audace. C'est lui qui l'initia à "l'exaltation de l'errance", l'entraînant à bord d'un simple canot sur les eaux tumultueuses du Gange. C'est lui qui l'emmènera au coeur de de la jungle où il rencontrera Annoda qui y vit avec son mari, un charmeur de serpent et fumeur de "ganja", dont l'histoire nous révèle le péché qui causa leur déchéance. Cette femme que la vie a injustement maltraitée est d'une compassion immense. Plus tard Shrikanto retrouvera Rajlakshmi qu'il avait connue dans son enfance et qu'on croyait morte dans son village. Quand Shrikanto la rencontre, sans pouvoir la reconnaître, elle est devenue Piari, une "baïji", une jeune femme qu'on paie fort cher pour son art du chant et de la danse. Rajlakshmi avait autrefois aimé Shrikanto en secret et se montre tout de suite très attentionnée. Comme Annoda, elle a connu de grandes infortunes, en grande partie dues à un système de caste rigide et aveugle, Rajlakshmi avait été mariée à un homme de sa caste qui était parti au bout de deux jours avec l'argent que cela lui avait rapporté, et comme Annoda elle fait preuve d'une grande compassion. Saratchandra Chatterji qui avant de connaître le succès littéraire avait longtemps mené une vie aventureuse montre beaucoup d'empathie pour ces exclus de la société indienne qui en même temps représentent pour lui des modèles d'humanité.
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