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EAN : 9781631493133
160 pages
Liveright Publishing Corporation (31/07/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
"At 89 Jules Feiffer could be forgiven for putting his feet up, but the veteran Pulitzer prize-winning cartoonist has been busy in recent years on his Kill My Mother trilogy and this, the final volume, is a testament to the man's feisty energy." The Herald

Jules Feiffer delivers the tour de force of his illustrious career in this epic finale. In The Ghost Script, he plunges us into the blowzy, boozy world of Blacklist Hollywood, circa 1953: witch hunt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le troisième d'une trilogie : Kill My Mother – A Graphic Novel en 2014, Cousin Joseph en 2016, The Ghost Script. La première édition date de 2018. Cette bande dessinée est écrite, dessinée et mise en couleurs par Jules Feiffer, auteur de dessins de presse et de BD, écrivain, scénariste de cinéma et auteur de théâtre. le tome commence par une introduction d'une page rédigée par Jules Feiffer. Cette bande dessinée comporte 148 pages.

En 1953 à Hollywood, Archie Goldman (42 ans) s'est établi comme détective privé, travaillant avec sa mère Cissy. Comme presque tous les jours, il passe devant une manifestation d'un syndicat gauchiste, exigeant l'arrêt des essais nucléaires. La police les canalise sans intervenir. Soudain des gros bras réacs chargent dans la foule, armés de battes. Comme à chaque fois, il suffit qu'ils jettent un regard sur lui pour que les brutes soient convaincues qu'Archie Goldman fait partie des manifestants et pour commencer à le courser. Il finit par se faire mettre à terre et rouer de coups. le soir, Ricky vient trouver Lola dans le nightclub Addie's Atelier. Il lui remet un grand carton qui contient une tenue rouge de dominatrice très révélatrice, avec un loup assorti. Il s'agit d'une commande d'un rôle à jouer en privé pour le riche monsieur Murchison. Il y a un texte à apprendre. Dans le même temps, Dame Voile (Lady Veil) se prépare pour entrer en scène et chanter pour les clients de Addie's Atelier. En 1931, Sam et Elsie Hannigan sont couchés dans leur lit conjugal et Elsie lui demande à quoi il pense. Elle finit par lui dire qu'un certain cousin Joseph a appelé.

En 1953, Archie Goldman pénètre dans l'extravagante demeure, un croisement entre un manoir et un château, de Lyman Murchison. Il se retrouve face à Baxter, un individu à la carrure d'armoire à glace qui sert d'assistant à Murchison. Madame Je-Sais-Tout (Elsie Hannigan) prend l'antenne à la radio pour son émission habituelle, livrant les derniers potins croustillants d'Hollywood, en réponse aux questions de Pattie. Baxter conduit Archie Goldman jusqu'à Lyman Murchison, dans sa serre privée. Murchison entame la conversation en lui parlant du film le Grand Sommeil (1946) d'Howard Hawks, avec Lauren Bacall et Humphrey Bogart. Dans son monologue, il évoque également le fait que Cecile Goldman, la mère d'Archie était une communiste. Archie rectifie : elle était une socialiste et il se lève pour s'en aller. Murchison le fait se rasseoir et se lance dans un deuxième monologue, cette fois-ci sur la déchéance des États-Unis qui a commencé avec la politique du New Deal (1933-1938) qui s'est accompagnée d'une augmentation de la législation liberticide, et de l'organisation des syndicats de travailleurs. Dans son bureau richement décoré, Everett Kornblum (producteur) reçoit monsieur Rose (scénariste) pour lui expliquer que la première version de son script demande à être retravaillée pour pouvoir être acceptable. En particulier, la liste noire mentionnée doit être évoquée de manière métaphorique, par exemple par le biais d'un fermier utilisant un nouveau type d'engrais chimique qui s'avère être toxique. Monsieur Rose quitte le bureau en claquant la porte.

Dernier tome de la trilogie : il ne sert à rien de commencer par celui-ci car l'auteur ne fait que des rappels lacunaires sur les personnages déjà apparus, et des rappels encore plus étriqués sur les relations qui les unissent. Or Jules Feiffer a indiqué qu'il rend hommage aux polars de la fin des années 1930 et des années 1940. Il cite d'ailleurs explicitement le Grand Sommeil (1939) de Raymond Chandler. Pour les lecteurs ayant lu les 2 premiers tomes, il faut y faire un petit tour pour se rafraîchir un peu les idées. Ce dernier tome se déroule en 1953, le premier en 1933 et 1943, et le deuxième en 1931 : on y rencontre donc tous les personnages encore vivants. le lecteur doit bien se rappeler qui sont Elsie Hannigan et Sam Hannigan, Patty (Patricia Hughes), Billy Doyle, Cissy, Everett Kornblum, Sey Ackerman, Cousin Joseph, Addie Perl, Lady Veil. Il apparaît également quelques nouveaux personnages comme les 3 auteurs (monsieur Rose, Fay Bloom et Oz McCay), ou encore Sax McManus, Lyman Murchison, Orville Daniels. Comme dans les tomes précédents, Jules Feiffer réalise des dessins aux contours très lâches, évoquant un peu la fluidité des dessins de Will Eisner mais sous forme esquissée, ce qui fait que tous les personnages ne sont pas forcément identifiables au premier coup d'oeil.

Armé de courage, le lecteur commence donc cette bande dessinée, avec l'espoir bien clair de pouvoir comprendre le fin mot de ce polar noir et caustique, et peut-être même d'enfin comprendre qui exactement est Lady Veil. Arrivé à la page 8, il se rend compte qu'il lit des pages qu'il a déjà lues dans le tome précédent. Effectivement, il retrouve ainsi 12 pages extraites soit du tome 1, soit du tome 2. Il s'agit pour l'auteur d'effectuer un bref rappel sur des événements survenus précédemment. du coup le lecteur peut plus facilement assembler des pièces du puzzle de l'enquête. Comme dans le tome 2, l'auteur a construit son récit sur la base de la recherche d'un script fantôme, et sur la volonté d'Elsie Hannigan de venger la mort de son mari. du coup, le lecteur peut suivre le fil directeur et s'y raccrocher quand il ne sait plus trop quel personnage il est en train de suivre, ou ce qu'il est sensé déjà savoir sur lui. Comme dans les 2 premiers tomes, Jules Feiffer découpe son récit en brefs chapitres : il y en a 63 pour 148 pages, changeant de personnages à chaque chapitre. Arrivé à la dernière page, le lecteur a réussi à comprendre qui s'est vengé de qui, qui est coupable de quoi, et il a obtenu sa réponse concernant l'identité de Lady Veil, ainsi que le sens de la page très mystérieuse du tome 1 où elle ramassait un revolver dans la forêt. Jules Feiffer ne lui a pas complètement facilité sa lecture, avec une répartition temporelle non chronologique entre les tomes 1 et 2, avec des lignes de vie de personnage qui se croisent à plusieurs reprises, certains ayant même changé d'identité en cours de route. Mais au final, il est possible de tout comprendre, avec un peu d'attention et une lecture active.

Le lecteur retrouve la narration visuelle si personnelle de Jules Feiffer : ces silhouettes et ces visages rapidement tracés avec des contours irréguliers, ces fonds de case régulièrement vides, des personnages qui évoluent parfois sur une scène totalement vide de repère. L'artiste semble prendre un malin plaisir à réaliser des pages qui prennent à rebours les règles basiques de la bande dessinée : mise en couleurs en bichromie, mais pas la même deuxième couleur d'une page à l'autre, découpage changeant systématiquement d'une page à l'autre avec une case qui dépasse parfois de la bande, des dessins en pleine page, mais aussi des pages comporter jusqu'à 20 cases, des tâches de couleurs quand ça lui chante (compréhensible pour la tenue en cuir rouge de dominatrice, très surprenant pour les chaussettes de Max McManus), des enfilades de tête en train de parler, des pages sans décors, des dessins en pleine page avec un personnage représenté dans plusieurs positions à des moments différents. le plus fort, c'est que ça fonctionne. le lecteur est régulièrement surpris, la narration est fluide et organique, avec une forte personnalité.

Dans son introduction, Jules Feiffer annonce qu'il a souhaité rendre hommage à Milton Caniff (1907-1988) et Will Eisner (1917-2005), ce qui se perçoit dans sa narration visuelle. le lecteur s'attache rapidement aux personnages, comprenant bien leurs motivations et percevant bien leurs émotions. Toujours dans l'introduction, Jules Feiffer avoue ingénument qu'il s'est pris à son propre piège : parti pour écrire un polar poisseux aux relations entremêlées entre les personnages, il a fini par intégrer des éléments sociaux, y compris pour ce dernier tome, évoquant directement la Liste Noire de Hollywood (créée en 1947) et le comité House Un-American Activities Committee (1938-1975). Il cite explicitement Clifford Odets (1906-1963) et son témoignage devant ledit comité, où il avait nommé des collègues communistes. Effectivement, l'auteur met en scène un microcosme hollywoodien, avec un riche individu soudoyant certains producteurs pour éviter la réalisation de films promouvant des idées trop à gauche, le racisme, l'antisémitisme, les délations, les passages à tabac par des groupe d'extrême droite venant casser du manifestant, les émissions à ragot de radio, la délation sous différentes formes, les manipulations à tiroir, l'avantage que les producteurs de cinéma tirent de la Liste Noire (des scénaristes travaillant pour moins cher), etc. Au fur et à mesure, le lecteur prend conscience que ces destins croisés impliquent des individus de toutes les couches de la société, et s'entremêlent pour tisser une riche tapisserie des intérêts et des trafics inavouables entre individus influents, tout en utilisant à bon escient les conventions du genre polar.

Alors qu'i s'apprête à passer un moment difficile, le lecteur découvre qu'avec le même niveau de concentration que pour les 2 premiers tomes, il arrive à assembler toutes les pièces du puzzle, qu'il côtoie des individus riches et complexes, qu'il plonge au coeur d'un environnement conflictuel, que les intérêts personnels supplantent bien souvent toute considération morale. Alors que la narration visuelle lui semble a priori accumuler les défauts sur la base de dessin pas finis, il tombe sous charme en moins de 5 pages, pour ne plus prêter attention à ses écarts par rapport à la norme. Jules Feiffer conclut sa trilogie avec élégance, intelligence, et facétie.
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