Thor, tome 4

Ce tome contient les épisodes 615 à 621 (par Matt Fraction et Pasqual Ferry, parus en 2010/2011) et l'épisode 620.1 (par Dan Abnett & Andy Lanning, et Mark Brooks).

Épisodes 615 à 621 - À Broxton dans l'Oklahoma, Eric Solvang s'adresse à un asgardian dont l'identité n'est pas donnée. Les 2 interlocuteurs sont assis dans le café de Broxton ; Solvang explique qu'il est un astronome quantique et qu'il est venu pour prévenir les dieux nordiques d'un danger menaçant la réalité, et induit par la relocalisation d'Asgard à Broxton. Quelque part dans Alfheim (l'un des 9 mondes connectés par Yggdrasil l'arbre monde), un peuple entier est exterminé par les guerriers d'Ulthana Thoth. Sur terre les arsgardians ne font pas les fiers car ils doivent se lancer dans le chantier cyclopéen de reconstruction d'Asgard qui en a pris un coup pendant Siege. Balder se lamente car il estime être le plus mauvais monarque qu'Asgard ait jamais connu. Heimdall est frappé par une vision qui le laisse inanimé sur le sol. Sif n'arrive pas à réconforter Thor. Ce dernier souhaite se consacrer avant tout à la reconstruction. Il promet à Donald Blake de lui laisser un peu de temps dans un proche avenir. Jane Foster aide les habitants de Broxton qui ont été blessés pendant Siege. Il est certain qu'Asgard n'est plus très loin dans la liste des mondes à conquérir par les hordes d'Uthana Thoth.

JM Strackzynski avait relancé la série Thor en 2007 dans Thor 1 et il était parti peu de temps après (Thor 3) pour ne pas avoir à sacrifier son histoire sur l'autel du grand événement saisonnier "Siege". En 2011, Marvel Comics décide de confier la structure de ses comics à 5 scénaristes : Brian Michael Bendis (Avengers), Ed Brubaker (Captain America), Jason Aaron (X-Men et Wolverine), Jonathan Hickman (Fantastic Four) et Matt Fraction (Iron Man et Thor).

Matt Fraction choisit de continuer sur les bases posées par JM Stranckzynski : Asgard sur terre, Balder souverain des Asgardians, Odin dans une sorte d'Enfer où il combat sans relâche monstre après monstre, les habitants de Broxton faisant bon voisinage avec les asgardians. Fraction semble avoir une vision un peu plus cohérente que Strackzynski. Pour commencer, les circonstances lui permettent de trouver une occupation (la reconstruction d'Asgard) à tous les asgardians plutôt qu'ils ne se tournent les pouces en contemplant Broxton. le récit commence avec la même lenteur solennelle que celle mise en place par Strackzynski, mais entrecoupée de scènes d'affrontements brutaux et impitoyables. En outre, Matt Fraction n'hésite pas à plonger dans la mythologie de Thor pour la développer en l'ouvrant sur les World Eaters. Cet ennemi semble un peu générique, mais il se rattache à l'Yggdrasil et il implique le lien qui unit Asgard avec les 8 autres mondes. du coup Fraction fait preuve d'une ambition assez téméraire qui est d'embrasser pleinement la composante fantastique de l'univers de ces dieux vivants nordiques. Au bout de quelques pages, il perd en route Donald Blake dont le lecteur finit par se demander pourquoi il est apparu en début de volume.

Les illustrations ont été réalisées par Pasqual Ferry dans un style qui sort de l'ordinaire. Cet illustrateur affectionne les lignes de contour simples, sans variation d'épaisseur et assez fines. Il fait preuve d'un sens intelligent de l'utilisation de l'espace dans les cases, et il utilise régulièrement des mises en page s'étalant sur 2 pages en vis-à-vis. Malheureusement la reliure est assez serrée et mange la partie interne des pages, vers la reliure, ce qui dégrade significativement le plaisir de lecture. Il a la capacité de donner des postures majestueuses aux dieux nordiques, à l'instar d'Olivier Coipel, en un peu moins intense. Il dispose d'un don certain pour concevoir des apparences de personnages qui frappent l'imagination telles celles des habitants de Nidavellir, des World Eaters eux-mêmes, ou d'un dieu nordique ressuscité dans ce tome. Par contre dans le troisième tiers du volume il se complaît dans des cases de grandes tailles avec des dessins qui semblent à moitié esquissés (des traits de crayons qui ne sont pas encrés). Ce choix très particulier cumulé à l'absence de décors finit par rendre les illustrations vides et inintéressantes, superficielles.

L'épisode 620.1 raconte comment l'un des plus anciens ennemis de Thor s'introduit dans Asgard pour dérober l'un de ses trésors, alors que les asgardians s'apprêtent à festoyer en l'honneur de Thor. Abnett et Lanning propose un scénario divertissant sans prétention qui se laisse lire et s'oublie rapidement. Les illustrations sont professionnelles et détaillées, pour un rendu plus superhéros que mythologique.

Cette reprise en main par Matt Fraction présente de bons cotés : une volonté de s'aventurer sur le territoire des dieux et de développer leur mythologie à grand spectacle, avec les deux premiers tiers bénéficiant d'illustrations pleines de personnalité. Malheureusement la qualité des dessins décline rapidement dans le dernier tiers et le scénario comprend quelques éléments difficiles à faire passer (les méchants génériques, le retour de 2 asgardians bizarrement justifié, la disparition de Donald Blake en cours de route). Matt Fraction continue de faire grandir le concept d'Yggdrasil dans The Mighty Thor 1 (épisodes 1 à 6) qui marque également le retour d'Olivier Coipel.