Antoine, jeune homme solitaire et taciturne, vit dans un coin de Bretagne perdu, face à l'océan. Il apprend soudain la mort d'un homme politique, maire de la ville de banlieue parisienne dans laquelle il a grandi. Ressurgi alors en Antoine, le passé qu'il tentait de fuir. Des années plus tôt, cet homme politique s'est retrouvé au coeur d'un scandale sexuel, avec comme complice, sa maîtresse de l'époque, la mère d'Antoine.
Olivier Adam avait jusqu'à présent deux spécialités : les bords de mer hors saison et les hommes vivant à côté de leur pompes, pour ne pas dire à côté de leur vie. Il n'avait pas son pareil pour décrire les plages désertées, balayées par le vent et les bourgs quasi vides, lorsque les estivants sont retournés vers les grandes villes. Dans ces lieux propices à la mélancolie, erraient, comme des âmes en peine, des hommes et/ou des femmes, que la vie avait cabossé et qui ne savaient comment se soigner, autrement que dans ce dialogue avec la nature qui les entourait.
Là se trouve à mon sens le meilleur de l'auteur, incarné par des romans comme
Falaises ou
Des vents contraires. Il y créait une délicieuse petite musique où les états d'âme de ses héros blessés se perdaient dans la beauté fragile des espaces marins.
Hélas, depuis quelques livres,
Olivier Adam s'est émancipé quelque peu de ces lieux qui allaient si bien à sa plume. Il s'est transformé en sociologue engagé, délaissant les grands espaces pour la vie de banlieue en pavillon et l'étude (un peu caricaturale) de la domination de classe.
La douce musicalité de ses récits n'a pas résisté à ce triste déménagement. Quant au sociologue, trop de parti pris, il peine à convaincre. Les riches, les puissants se transforment forcément en salauds sans le moindre coeur, qui exploitent la misère et jouissent de leur pouvoir au détriment des plus faibles. Ils sont forcément de droite, détestent la culture, ne s'intéressent qu'au fric et n'ont aucun affect, aucun sentiment, outre la volonté de puissance. Dans
La Renverse les voilà prédateurs sexuels, sans foi ni loi.
La Renverse, qui prend comme base les affaires de scandales sexuels type DSK ou George Tron, alterne ainsi le meilleur d'
Olivier Adam, mais surtout le pire. Dès qu'il décrit des paysages marins et/ ou de personnages fragiles, il nous entraîne avec lui dans sa douce et belle mélancolie. Dès qu'il s'attaque aux forts, et y va de son prêchi-prêcha, sa plume devient lourde, pataude, bêtement (trop) engagée. La compassion, l'empathie se meurent et il n'y a plus que manichéisme teinté de mépris, comme si avec l'argent et/ou le pouvoir on perdait forcément toute part d'humanité.
Une preuve de plus qu'engagement politique et littérature ne font pas forcément bon ménage. J'espère qu'
Olivier Adam retournera vite contempler un bord de mer en oubliant, loin de l'agitation politique, toutes velléités militantes.
Tom la Patate
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