Estampillé roman pour jeunes adultes, voilà encore ce besoin de « classer » assez agaçant et qui peut ainsi limiter l'envie et l'accès à un livre.
Ce roman s'adresse à tout lecteur avide de découvertes, d'univers actuels, d'adolescents contemporains.
Car contemporéanité il y a dans les attitudes, le langage, l'écriture des mails… et
Olivier Adam a bien compris les jeunes qu'il nous décrit, leurs émois, leurs regards sur notre monde, leurs désespérances.
Sur fond d'une Bretagne battue par les flots, sinistre en période non touristique, il campe la région dans toute sa splendeur et sa sinistrose qui étouffe de jeunes adolescents arrivés de Paris sur désir et ordre de parents.
Dans leur maison, presqu'une maison de vacances, il nous décrit les uns et autres, leurs mal-être, leurs mésententes, leur amour malgré l'incompréhension sous-jacente.
Un couple en désunion, un garçon attentif, interrogatif, très intériorisé et une fille en révolte dont la disparition sera la trame du suspense entretenu tout le long du livre.
Des moments haletants de grande tension, des envies d'adolescence malmenées par la vie parentale, la peur, les non-dits, les retrouvailles.
Un extérieur juge et curieux souvent à mauvais escient, une diffusion malsaine de vidéos et des élèves qui se défoulent sans savoir, sans connaître… simplement le mal.
Le mal penser d'une autre famille, les mots tenus par Léa lors d'un de ses derniers courriels sont éloquents sur la malséance d'une famille et de son engagement dans la Manif pour tous et ce qui en découle.
Olivier Adam soulève ici des questions et que l'on soit jeune ou moins jeune, elles ne peuvent laisser indifférents et doivent amener une réflexion posée et non orientée.
En cela, ce livre est riche, passionnant, reflétant notre époque et les réactions des uns et des autres.
Comme il l'écrit : « Nous sommes les victimes et nous allons devoir fuir ». Rien que cette phrase donne froid dans le dos… et attire l'attention sur la dangerosité du jugement trop hâtif.
Magnifique livre qui se termine bien et heureusement car l'espoir rend possible d'être.