Tout peut s'oublier, c'est le titre du livre mais aussi le mot ou plutôt la phrase de la fin. On n'est pas obligé d'être d'accord.
Nathan, la quarantaine vient d'être quitté par Claire. Il part au Japon, où l'herbe est plus verte, se ressourcer dans les traces de souvenirs communs. Il rencontre Jun, jolie et jeune japonaise pleine de vie. Il s'en éprend. Il rentre, elle le rejoint, huit ans de vie avec un petit Léo en prime puis un sale jour elle disparait, avec Léo.
Débute alors une recherche qui le renverra au Japon, où il connaîtra, loin de ces jardins et de ces temples encombrés de zenitude, l'enfer des geôles japonaises et de sa justice moyenâgeuse. Lors de mariages mixtes, en cas de séparation, l'étranger n'a plus aucun droit et s'il insiste, c'est un harceleur ou un ravisseur d'enfants.
Heureusement, la France beau pays où l'herbe est bien verte ne laisse pas tomber ses ouailles.
En parallèle, Lise la voisine du dessus, divorcée c'est plus commode pour l'histoire, est elle aussi en perte de fils qui a viré black bloc, rejette tout, parents compris, ces suppôts de Satan, comprenez du pouvoir en place.
Plusieurs lectures sont possibles. On s'apitoie sur Nathan, victime de la vie qui va de malheur en malheur jusqu'au tréfond des gardes à vue japonaises à la
Carlos Ghosn, et on souffre avec lui.
Autre lecture, Nathan n'est victime que de lui même, Claire le quitte, il ne sait pas pourquoi, Jun le quitte ayant préparé son départ depuis des mois, il ne voit rien et ne comprend rien. Lise prend le relais, il ne s'est même pas aperçu qu'un jour elle s'était installée chez lui. Jun lui dira, il se laisse porter, il ne décide rien, ce poids inerte qui vous épuise de le porter trop longtemps et dont il faut vous délester pour vivre de nouveau. Nathan, sa part de responsabilité dans un couple ne consiste pas à ne pas prendre les siennes.
Tout peut s'oublier se laisse lire comme Nathan se laisse vivre. Plutôt bien écrit et une fin prenante. Des bémols lorsque l'auteur étale sa connaissance du Japon, et à contrario de sa condescendance envers ces touristes qui visitent des équivalents de Tour Eiffel japonaises, Condescendance aussi lorsqu'il évoque ces spectateurs de cinéma, Nathan gère une salle de cinéma, qui ne connaissent pas Joachim Trier, Kenneth Lonergan,
Lee Chang-dong et autres Mia
Hansen-Love. On oublie parfois d'être sympathique. Et ce petit Léo, objet d'une quête mais dont l'auteur ne parle guère.
Tout peut s'oublier est le mot de la fin. On n'est pas obligé d'être d'accord. .Où irait on sinon, telle une plume portée par le vent ?