Amour, couple, vacuité des êtres, monotonie de la vie, sensation de vide, divorce, paternité, mais aussi, pauvreté, sans-abri et migrants, Bretagne éternelle, Japon millénaire,
Olivier Adam explore une nouvelle fois des thèmes chers à sa plume d'écrivain breton amoureux du Japon…
«
Tout peut s'oublier » nous plonge dans le désarroi et la colère que ressent
Nathan, ce trentenaire un peu désabusé, pas très loquace, un tantinet terne et sans grand dynamisme mais cependant complètement passionné de cinéma. Pour
Nathan, propriétaire d'une salle à Dinard, les programmations de films d'auteurs, et particulièrement de cinéastes japonais constituent le centre d'intérêt principal de sa vie professionnelle en dehors de sa famille constituée de Jun, son ex-femme japonaise et de
Léo son fils de cinq ans, deux êtres qu'il aime profondément. Depuis que Jun l'a quitté,
Nathan s'est installé contraint et forcé dans la routine de la garde partagée, espérant toujours que les choses vont finir par s'arranger. Lorsqu'il réalise un matin que Jun s'est littéralement évaporée sans laisser d'adresse, abandonnant appartement et boutique de céramiste sans un mot d'explication, avec leur fils de 5 ans, il s'effondre.
Nathan connait le Japon et n'ignore pas le drame que vivent certains français privés de leurs enfants par leur ex épouse rentrée au Japon.
Ce roman est une vraie révélation de la distance qui sépare deux pays pourtant amis, deux cultures, deux systèmes judiciaires, deux conceptions de la parentalité et du droit qui va avec.
J'ai dévoré ce roman passionnant et très bien écrit dans lequel on partage les angoisses de ce père bafoué, qui s'interroge sans fin sur son aptitude à vivre en couple ainsi que l'analyse souvent très pertinente que fait
Olivier Adam de l'évolution de la société française, des idées reçues à son sujet et du choc que provoque la confrontation au réel. de même, le Japon rêvé n'est pas celui qu'il va nous faire découvrir. L'enquête que mène
Nathan pour retrouver son fils remet d'ailleurs un coup de projecteur sur l'affaire de la disparition d'Alizée qui piétine toujours alors que
Nathan se trouve lui aussi plongé dans l'enfer du système carcéral nippon…
Olivier Adam ne cache rien des incroyables insuffisances japonaises en matière de droit mais ne mâche pas non plus ses mots lorsqu'il s'exprime sur la fracture française et la crise sans précédent que traverse la
France macroniste, tant sur le plan social, sociétal, politique, qu'environnemental.
En résonance avec l'actualité (ce qui pour moi constitue un attrait supplémentaire), ce dernier roman d'
Olivier Adam est fort bien construit, fluide, poignant, connecté au réel, et profondément humain.
J'en recommande vivement la lecture.