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sur 303 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sortir un livre sur la vieillesse en plein COVID19, il fallait oser ! Laure Adler a osé. Les seniors, les anciens, les gens âgés, du troisième ou quatrième âge (à quand le cinquième?), on peut bien se donner bonne conscience en trouvant tous les synonymes qu'on voudra, il s'agit bel et bien des VIEUX ! Et les vieux commencent à peser vraiment, dans cette société où il faut être jeune, beau, intelligent, dynamique et efficace.

A juste raison, Laure Adler s'interroge, nous interroge : c'est quoi, au juste, être vieux en 2021 ?
Curieusement j'ai posé - il y a quelques mois - quasiment la même question aux membres d'un groupe de femmes (pas jeunes...) dont je fais partie : A partir de quel moment se définit-on comme vieux ?

Laure Adler convoque artistes, écrivain(e)s, philosophes, femmes engagées, pour cerner du mieux possible cette question. Elle parcourt le monde de son regard curieux et récolte les comportements de ceux, ethnies lointaines, qui mettent les vieux (et surtout les vieilles) à l'écart passé un certain âge, les enjoignant de mourir ailleurs que dans la cité (au fait, ne faisons-nous pas la même chose avec nos EHPAD hors les murs?) ; de ceux qui vénèrent leurs anciens, de ceux qui les gardent avec tendresse à la maison (un ami touareg s'est étonné en venant chez moi : des maisons de retraite ? c'est quoi ? chez nous, les vieillards, ils restent en famille!).

Les questions que pose Laure Adler, nous nous les sommes forcément posées, surtout si nous « prenons de l'âge » (comme on dit « prendre du poids », dit Laure Adler!). A partir de quand vais-je moi-même me considérer comme vieille ? Mais ma famille, ne m'aura-t-elle pas classée dans cette catégorie bien des années auparavant ?
Que faire de ma vieillesse ? Me laisser aller doucement jusqu'à la fin ? Lutter ? Et la mort, c'est quand, c'est quoi exactement ? etc.

L'auteure ne donne pas forcément ses réponses, elle interroge plutôt Simone de Beauvoir, Mona Ozouf, Benoîte Groult, Jankélévitch, Hugo, Monet, Hokusai, Soulages, et tant d'autres.

J'aime les livres dans lesquels les mots invitent à réfléchir mais aussi à regarder et à entendre. C'est le cas ici, des pages nous invitent à en ouvrir d'autres, livres d'art, essais sur la peinture et la musique. Un livre comme un dictionnaire, où chaque article pousse à aller en chercher d'autres, comme une quête infinie de culture, de pensée, de savoir, de savoir-être.

Ce livre est un florilège d'expériences de gens connus ou non, qui nous pousse à tout moment à nous interroger sur nous-mêmes.
Sans proposer de solutions toutes faites à ce lent processus évolutif qu'est la vieillesse, Laure Adler nous permet d'envisager non pas un mais de multiples moyens de vivre cette période bénie/honnie de la vie qu'est le grand âge. A chacun, et surtout à chacune, d'entre nous d'en faire son miel, d'y puiser plusieurs fois par jour l'énergie de sourire et de faire, encore et encore. Et de continuer, aussi loin que possible, d'être acteur de sa propre vie.

Je me souviens avoir pensé que la vie, c'est comme la diffusion à l'infini d'ondes provoquées par une pierre jetée dans l'eau d'un lac. D'abord, les ondes s'élargissent, toujours plus grandes, puis se resserrent, concentriques et amenuisées jusqu'au centre, là où j'ai jeté la pierre. Toujours plus de, puis toujours moins de : rencontres, amours, découvertes, voyages, savoirs. Jusqu'au resserrement final sur moi, ma toute petite personne, si petite.
Eh bien, il me semble que Laure Adler propose une autre philosophie, un autre savoir-être : et si je lançais de petites pierres, même en fin de voyage, dans un lac encore très grand ?

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Je me suis retrouvée dans cet essai, fruit d'une réflexion d'une personne de ma génération sur la vieillesse.
Non, 20 ans n'est pas le plus bel âge de la vie, oui, on peut être plus heureux beaucoup plus tard.
Dans ce livre érudit, l'autrice s'appuie sur de nombreux et nombreuses écrivain.es, peintres, cinéastes vivant.es ou mort.es, (plusieurs par suicide, d'ailleurs), souvent des femmes pour agrémenter son propos.
Vieillir en France dans un lieu misérable n'est pas la même chose que vieillir en Afrique dans une tribu qui respecte la sagesse des anciens (peu nombreux).
Un.e artiste se révèle parfois dans sa dernière oeuvre, munificente.
A noter que cet essai a été rédigé pendant la crise sanitaire, et s'en est inspiré.
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J'ai vraiment apprécié cet essai littéraire, philosophique et sociétal sur la vieillesse. Il faut dire que je me sens concernée par le sujet de "La voyageuse de nuit" de Laure Adler car j'ai déjà de l'âge et il arrive qu'on me laisse une place dans le métro (ce que personnellement j'apprécie).
Ce dont parle Laure Adler c'est de l'âgisme, une forme de discrimination par l'âge.
Il est vrai que l'on ne peut rien contre le vieillissement et qu'il concerne tout le monde. Pour autant, on peut ne pas se sentir vieux à un âge avancé (et inversement) et le supplément de temps écoulé ne doit pas se traduire par une réduction de la joie de vivre.
Il n'en demeure pas moins que la logique économique du court terme imposée par le système libéral a érigé le jeunisme comme modèle, ce qui fait qu'à quarante-cinq ans on peut être considéré comme "périmé" dans le monde du travail. Alors que dire de la considération sociale des retraités, dont la connotation renvoi au retrait.
Laure Adler pose beaucoup de questions passionnantes ; elle présente aussi de nombreuses références littéraires dont celle De Chateaubriand qui lui a suggéré le titre de son essai, « La voyageuse de nuit » comme métaphore de la vieillesse.
Pour écrire ce livre, elle a été inspirée par "La vieillesse" de Simone de Beauvoir, publié il y a cinquante ans et qui évoquait déjà la vieillesse comme un problème de société et de civilisation.
Laure Adler est également confrontée à la dépendance de ses parents. Elle a d'ailleurs fait des enquêtes en Ehpad et reconnait avec beaucoup de lucidité le travail du personnel et des aidants tout en constatant les abus dans certains établissements dont l'intérêt financier prime. Alors il y aurait-il plusieurs vieillesses ?
Ce qui est certain c'est qu'il ne s'agit pas d'un livre triste. Au contraire, il encourage à vivre, à faire des projets à n'importe quel âge. D'ailleurs la référence à Marguerite Duras que Laure Adler a bien connue m'a enchantée parce que l'âge n'était pas un problème pour elle.
Et puis, un livre qui se termine par la chanson Prohibition de Brigitte Fontaine, j'adore !


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C'est un sujet trop tabou ou pas assez parler "Vieillir"
Ce livre nous pose des questions sur nous même.
Elle aborde le sujet de manière littéraire, phislosophique et de manière financière.
Laure Adler m'a donné envie de lire pleins d'autres ouvrages.
Il y a eu le scandale des maisons de retraites et le sujet est très bien traité dans cette ouvrage sans rentré dans une enquête.
Il y a beaucoup de délicatesse dans cet essai.
La chanson " Encore un soir"de Céline Dion m'a accompagné dans cette lecture que je ne peux conseiller même elle fait voir les choses autrement.
Merci à l'autrice pour ce remarquable travaille.
Je remercie mon libraire pour ce conseil.
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Un bel écrit sur la vieillesse que nous donne Laure Adler. C'est fourni en référence littéraire mais également en rencontre, en expérience dont celle de l'auteure. J'ai beaucoup aimé l'écriture, le traitement du sujet. Je l'ai lu sur la vieillesse, la mort mais d'un point de vue plutôt "optimiste. J'ai apprécié notamment le passage sur le confinement et la place des plus de 70 ans dans cetge période. Je vous le recommande

#netgalleyfrance #lavoyageusedenuit
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Dans ce livre, Laure Adler nous dresse un panorama aussi complet que passionnant sur un sujet aussi intéressant qu'effrayant dans nos sociétés contemporaines : le vieillissement et le troisième (voire quatrième) âge. Dans ce "récit" richement documenté, la journaliste en appelle, avec beaucoup de malice et de légèreté, à des références littéraires et à des témoignages d'écrivain(e)s divers et variés pour dédramatiser ce cap de la vie que beaucoup perçoivent comme un couperet...Cependant, pour que le panorama soit complet, Laure Adler nous parle également de la réalité du vieillissement et du troisième âge dans notre société européenne contemporaine, tableau tout aussi passionnant mais bien moins réjouissant, voire alarmant, mais ô combien salutaire !

Un livre passionnant qui vacille entre fiction et réalité bien ancrée et entre dédramatisation de l'effet de vieillesse et alerte sur la considération de cette même vieillesse en France, sans la moindre concession.
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« Moi je suis devenue une autre, alors que je demeure moi-même. » Simone de Beauvoir a raison bien sûr. Et Laure Adler, dans son livre, qui n'a rien d'un roman, mais plutôt d'un journal intime, égrène ce temps de la vieillesse. Qu'en est-il aujourd'hui ? Oh le constat est simple : la société actuelle traite les vieux et les vieilles comme des citoyens de 3ème zone et les parque dans des coins perdus et entre quatre murs que l'on appelle EHPAD. On meurt loin des siens en général, souvent en s'endormant comme ça on n'embête plus personne. Pourtant revenons à Simone : on vieillit certes, mais en restant toujours soi-même. Ce livre est à lire. Surtout que les jeunes le lisent en masse. Pourquoi ? Pour envisager le pire : leurs vieux jours. Et qu'ils se fassent déjà une idée du monde monstrueux qu'ils se préparent. Notre génération est au seuil de ce moment crucial et déjà elle en a peur.
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Dans cet essai, Laure Adler s'interroge sur les raisons qui font de la vieillesse un tabou. L'auteure croise des comédiennes, des médecins, des penseurs, des vieillards célèbres et des petites dames du quartier.

Une petite pépite pleine de citations à se redire jour après jour. Exemple avec cette citation de Sénèque : « Toutes vos craintes sont des craintes de mortels mais tous vos désirs sont des désirs d'immortels. »

Une réussite et une lecture pour tous, pas seulement pour les vieux !
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