Dairen est assurément un bon roman de sf, et je me suis globalement régalé en le lisant. Certes, il ne brille pas forcément par son style mais présente une remarquable densité, en terme de thématiques abordées, un imaginaire intéressant et une narration rythmée construite autour de trois personnages principaux.
Le récit se déroule environ 15000 ans dans le futur. Voici plusieurs milliers d'années que l'humanité s'est élancée à la conquête de la galaxie, bien aidée en cela par
Dairen, un artefact gigantesque de plusieurs centaines de kilomètre de diamètre, et présentant plusieurs cercles internes. Construit par une race extraterrestre aujourd'hui disparue, les humains ignorent dans quel but il fut érigé et même certains aspects de son fonctionnement. Ils le colonisèrent et en firent le fer de lance de leurs conquêtes (plusieurs milliers de mondes colonisés) regroupées sous le terme de Sphère d'Expansion. L'existence de la Terre, bien qu'attestée par de nombreuses sources, ne fait pas consensus, la doctrine officielle la présentant comme un mythe, pour la bonne et simple raison qu'elle demeure introuvable. La société de
Dairen est très structurée et hiérarchisée. le pouvoir spirituel (et législatif) est incarné par le Hon-
Dairen, une sorte d'empereur, dont la longévité questionne. le pouvoir exécutif et militaire est détenu par le Kampaku, toujours choisis parmi les Patrices des quatre Familles Supérieures. Celles-ci sont liées, par un système féodale, aux vingt quatre Familles Inférieures. Enfin il faut également mentionner la Caste des Scribes qui s'occupent de la Bibliothèque, qui conserve l'ensemble des connaissances de l'humanité. L'histoire débute dans un contexte de guerre, les troupes du Patrice Jath Baroda échouant depuis quatre ans à soumettre les Zyis, une race extraterrestre vivant sur la planète Uyuni.
Le récit s'articule autour de trois personnages principaux : le Patrice Jath Baroda et ses deux fils, Oleg et Seth. On suit donc, grosso modo, trois trames narratives. le tout est rythmé et on ne peut pas dire que l'on s'ennuie. Les thèmes et réflexions abordés sont nombreux :
-la confrontation entre deux cultures diamétralement opposées, au niveau technologique et sociale, qui débouche sur une guerre asymétrique. C'est donc ici le thème du contact qui est mis en avant, en forme de métaphore de la colonisation et des ses méfaits.
-une dimension sociologique, avec l'évocation de la structuration de
Dairen, son évolution, qui part du principe qu'une société porte en elle, à la fois les forces qui la sclérosent et celles qui la font évoluer. La notion de classe social, voir de caste, est très présente, à travers la mise en scène d'une organisation féodale. La dimension technologique est peu présente (clairement, on est pas dans de la hard sf)
-une réflexion sur la nature du pouvoir, le vrai (là, on bascule presque dans de la philo), comment l'obtenir, quoi en faire...
-une dimension historique : que signifie
L Expansion pour l'humanité, notamment dans son rapport aux races extraterrestres, dans une perspective floue, au regard d'un passé aujourd'hui largement méconnu ?
-enfin, même si ce n'est pas forcément la plus présente, une réflexion sur le rôle et l'accès au savoir dans une société donnée.
En bref, un très bon roman de sf, bien structuré, porteur de nombreuses réflexions, distrayant, et dont le seul point faible me semble être la plume de l'auteur, pas toujours très heureuse.