Livre intéressant (qui commence à dater) concernant une technique dont je n'avais personnellement jamais rien entendu et encore moins vu pratiquer, dans la psychiatrie actuelle. Pourtant, elle semble une alternative intéressante à l'impasse des thérapies de parole « simples »ou médiatisée par les outils habituels et conventionnels, ou des méthodes plus trash, qu'elles soient médicamenteuses, chimiothérapiques, de contention lourde, ou à base d'électro-chocs. Et je ne parle même pas des méthodes utilisant le virtuel.
Le livre en parle assez bien, étayant les propos de diverses sources à la fois thérapeutiques et empiriques.
Albernhe fait une revue de divers articles et thèses sur le sujet, chacune apportant l'une ou l'autre spécificités et apports.
Enfin, Albernhe laisse parler quelques « grands » auteurs qui ont une connaissance, ou une pratique ou des qualités théoriques qui résonnent utilement au propos de son livre.
Evidemment, personne n'en parle plus, j'ai trouvé par hasard ce livre, en fouinant dans une librairie de seconde main. Enfin, en attendant un énième retour de manivelle, de mode, comme l'humain en est coutumier. Tout se recycle. Comme déjà cet enveloppement était lui-même repris par les Etats-Unis en le toilettant et le renommant« pack ». Peut-être qu'on réanimera le mourant d'ici quelque temps. Un peu comme un hibernatus thérapeutique.
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Pourquoi une terminologie anglo-saxonne [packing] pour évoquer une thérapie mise à l'honneur par un Français au XVIIe siècle, Jean Floyer ? Probablement parce que en médecine comme dans d'autres domaines tout semble affaire de modes et d'empreintes culturelles et que vers 1960 un psychiatre américain, du nom de Woodbury, a réintroduit en France cette technique oubliée et considérée comme quelque peu désuète par la majorité des praticiens français d'alors.
[Aussilloux] Le mot anglais "pack" est utilisé en français courant sous d'autres acceptions et celles-ci infiltrent les représentations que l'on peut avoir de la méthode thérapeutique. C'est d'abord le pack des avants de rugby, engagés dans un même objectif, soudés, confondus dan la mêlée ; c'est aussi l'emballage du supermarché, qui rend solidaires plusieurs éléments que l'on ne peut plus acheter séparément ; c'est, enfin, le mode de certaines négociations où il s'agir d'accepter ou de refuser un ensemble de propositions, sans en pouvoir disjoindre aucune. Il conviendrait pou la thérapeutique de garder l'énergie canalisée du rugby sans la confusion de la mêlée, la solidarité des éléments de l'emballage sans en perdre l'individualité, l'esprit de réussite de la négociation sans tomber dans le tout ou rien !
[Gentis] On fait il me semble un grand pas, dans ce métier, le jour où l'on peut enfin admettre cela : je suis là sans idées, sans représentations, sans repères théoriques assurés. Car s'il est vrai que le psychotique s'attaque souvent à "vos" idées, s'il cherche à vous empêcher de penser sinon à vous rendre fou - n'est-ce pas après tout pour se protéger de vos idées, de vos pensées, de vos représentations qui le détruisent parce qu'il lui est impossible de s'y reconnaître, de la habiter, parc equ'il lui est impossible de se poser comme sujet face à un autre qui ne lui laisse aucune place, avec son bric-à-brac représentatif, pour poser ses fragiles pieds de sujet - parce que le seul fait de se savoir pensé est chargé pour lui d'une violence insoutenable ?
L'expérience de re-vécu ou de déjà vu hallucinatoire aurait une fonction abréactive sur les traumatismes psychiques subis antérieurement par le sujet, ce qui n'est pas sans évoquer la théorie de l'analogon, défendue par Paul Sivadon Mais le pack ne se réduit pas à une expérience d'immersion aquatique : le pack est juste mouillé, humide et non inondé. L'humidité recherchée ici imprègne les draps qui entourent vigoureusement le sujet et rappelle la sueur et les secrétions liquidiennes qui humectent le revêtement cutané. On pense alors volontiers à la transpiration due à l'anxiété, à la chaleur ou aux efforts physiques, voire à l'énurésie de l'enfant ou à l'incontinence du vieillard.
L'enveloppement se différencie donc d'autres techniques théraputoques centrées sur l'approche corporelle par un certain nombre de facteurs dont plusieurs sont loin d'être spécifiques, mais dont l'association finale le devient.