C'est le premier jour des vacances pour
Cousa, une toute petite fille. Les garçons ne veulent pas jouer avec elle, le chat non plus, et sa grand-mère fait la sieste.
Cousa sort dans le jardin, découvre un passage juste à sa taille – parfois c'est pratique d'être petite. Elle s'y glisse, et comme Alice, se retrouve de l'autre côté. Là, au bord de la rivière, elle va rencontrer… un ours. Un vrai, qui renifle
Cousa, pêche un saumon, et s'en retourne vivre sa vie d'ours. de retour à la maison,
Cousa ne racontera rien.
Une vingtaine de phrases, de grandes illustrations épurées mais précises, une gamme chromatique dans les verts et ocres, et tout est dit des émotions et des sensations d'un enfant qui fait l'apprentissage de la solitude et de l'autonomie par une journée d'été.
Livrée à elle-même,
Cousa, déçue, aurait pu se résoudre à s'ennuyer, mais la curiosité l'emporte : un trou dans les buissons, elle s'y faufile ; de l'eau, elle y trempe les pieds ; un ours, elle écarquille un oeil d'abord (prudence…) puis les deux et se tourne pour mieux l'observer.
Nulle part il n'est dit qu'il fait chaud, mais le jeune lecteur le comprendra tout de suite :
Cousa est en culotte et pieds nus, un rideau de porte empêche les mouches d'entrer dans la maison, le jardin est blanc de soleil (il est près de quatre heures à l'horloge), on dîne dehors. Ces détails sont aussi évocateurs de la liberté des vacances : pas besoin de s'habiller, on est libre de se promener jusqu'au soir. le grenier est un terrain d'aventures où des pots de fleurs, des boîtes de conserve, des cartons, des livres se transforment en ville fortifiée, habitée par des dinosaures, des Playmobil, la girafe Sophie, des petits soldats…
D'autres détails soulignent à quel point
Cousa est petite : elle doit se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre la poignée de la porte, les grands la chassent, et il lui faut deux coussins pour s'asseoir à table. Même le chat a l'air plus gros qu'elle, et l'ours est « gigantesque ». Elle apparaît minuscule, au bord de la rivière, sur la double page à fond perdu, mais un grand « Waouh » exprime sa surprise et sa joie face à tout ce qu'il y a à découvrir quand on est une petite fille intrépide.
Quant au silence de
Cousa, qui ne révèle pas sa rencontre avec l'ours, quel parent n'en a pas fait l'expérience, n'obtenant à ses questions empressées, au retour de l'école, « tu as passé une bonne journée ? » que des réponses évasives…
Adrien Albert nous offre là un album sensible et d'une grande justesse (drôle aussi : les expressions de
Cousa, ses postures sont irrésistibles) qui devrait devenir un classique.