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Que dire en refermant ce livre qui puisse rendre justice à cet auteur ? Certes, il s'agit d'un nouveau venu sur la scène littéraire et pourtant, quelle maîtrise, quelle maturité et quel style surprenant et décoiffant !
Je ne m'attendais absolument pas à cela en commençant ma lecture.
Sur fond de pandémie mondiale décimant des millions de personnes, nous suivons caméra au poing, oui, tel est le terme me venant à l'esprit pour définir cette narration, deux hommes qui se rencontrent, se plaisent et consomment dans l'urgence leur faim de l'autre.
L'auteur nous fait zoomer sur leurs moments, sur des courtes scènes parfois, mais toujours des fragments de moments emplis de poésie et d'urgence, de désir, de corps s'entremêlant sans tabous.
L'urgence, la faim de l'autre, l'obsession, le désir absolu saupoudré de vers, de poèmes déclamés !
Tout se mélange, se confond, se percute et on est secoués dans tous les sens.
Mais...Christian vient de Californie, a traversé l'océan pour vivre son rêve de découvrir notre pays en étant assistant d'anglais dans un lycée. Ce bel homme blond obsède Jonathan, un Français vivotant et papillonnant d'un homme à l'autre jusqu'à cette rencontre.
L'éphémère situation de cet amant amène au paroxysme son obsession pour ce si beau Californien libre et sans limites, le rendant encore plus accro à lui, le poussant dans des tirades enflammées de poésie et de débats intérieurs sans fin.
Quel avenir pour ces deux hommes puisque Christian doit repartir ? Jonathan va-t-il accepter ce départ ?
Je ne veux vous en dire plus pour vous laisser le plaisir de découvrir par vous-même ce bijou porté par la plume exceptionnelle de cet auteur incroyable !
Sachez juste que cette fin est pour moi l'une des plus surprenantes et plus belles jamais lues ! La cerise sur le gâteau de ce livre à part...
Merci à toi Tadzio, pour ce moment hors du temps. Tu as parsemé de flashs de beauté et de poésie mes quelques heures avec Christian et Jonathan.
N'attendez plus si vous souhaitez une nouvelle plume, un nouveau style décoiffant et une histoire menée tambour battant...
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J'ai ouvert ce roman avec à l'esprit les diverses paroles élogieuses que j'avais pu glaner ici et là. Notez que c'est toujours plus compliqué quand on sait que la plupart des lecteurs ont adoré ! ça me donne la désagréable sensation d'une pression supplémentaire, comme s'il fallait absolument que j'entre dans un moule ! Et j'ai su que cela allait se compliquer encore plus lorsque j'ai lu la première phrase. Une phrase au présent. Et les suivantes plutôt lapidaires. Et je rigole alors en moi-même… Quand je pense que la veille je discutais justement avec un autre auteur de cette forme de narration avec laquelle j'ai beaucoup de difficultés ! Lire ce roman allait donc être un calvaire ??
Heureusement, on en est loin ! le style unique est déstabilisant et les phrases courtes comme des couperets tranchent dans le vif d'un récit dépouillé. Là une scène qui prend tout son temps, là juste un instant fugace. Là-bas Christian, un jeune californien, ici Jonathan, un professeur français. Et tout à coup, le premier contact. Une simple rencontre pour l'un, une apparition presque divine pour l'autre. Des instants volés à la vie avec des peaux qui claquent pour crier au monde leur besoin. Besoin de vivre et besoin de l'autre jusqu'à l'obsession. le tout sur fond de pandémie, accompagné du parfum de la mort et du bruit des sirènes hurlantes…
J'ai trouvé ce récit assez glauque dans le fond et l'obsession de Jonathan plutôt malsaine. Une bulle fragile dans un monde chaotique et des sentiments poussés à l'extrême jusqu'à l'idolâtrie, offrent cependant un récit surprenant. le narrateur observe un temps, caméra sur l'épaule puis il devient acteur. Et comme un film tourné au ralenti, on ressent, on goûte, on voit. D'abord à travers l'oeil de la caméra puis à travers les iris de Jonathan qui n'ont de cesse de dévorer cet homme sur son piédestal.
Un plan large et soudain. Lumière ! Action !
Stop ! Arrêt sur image. Plan rapproché de corps qui s'ébattent, oublieux de la tragédie qui se joue comme un bruit de fond.
Travelling arrière. Plan large sur un amant qui prend toute sa place dans un esprit qui ne voit plus que lui. Lui et sa peau bronzée. Lui et ses mèches dorées. Un astre qui illumine la vie du narrateur de toute sa beauté. Mais un soleil qui brille trop puissamment n'est-il pas le signe inéluctable de la fin ?
Panoramique sur une relation de dépendance, entre retrouvailles et absences déchirantes. Entre délires et jouissance. Et toujours ce doute lancinant d'un futur qui pourrait bien s'assombrir. La fin d'un monde.
Le plateau s'obscurcit. La lumière s'éteint.
Vous l'aurez compris, un jeune auteur à suivre. du talent au bout de la plume, une prose nue et un univers empreint de poésie lyrique ; un style atypique réjouissant qui s'éloigne des codes pour mieux nous imprégner de sa saveur unique. Un récit hors norme comme un film à jamais gravé sur les rétines.
En revanche, si je dois lancer un appel, c'est celui de songer à écrire des romans qui soient faciles à chroniquer… trois jours que je me casse les dents dessus… parce qu'il ne faut pas trop en dire mais en dire un peu quand même ! Parce que ce roman est inhabituel et que c'est terriblement difficile à rendre. Et que… mince ! Vous n'avez qu'à le lire et puis c'est tout !!!
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Pour commencer, je souhaitais remercier les éditions Ex Æquo pour l'envoi de ce service presse. Maison d'éditions qui sait dénicher des auteurs "Extraordinaires" qui nous sortent de notre confort, de nos habitudes livresques. Des "Ovnis", un mot galvaudé pour les décrire, mais tellement différents du commun des mortels...
Bienvenue dans un autre monde, celui de Tadzio Alicante.
Nous débutons l'histoire en alternant des deux côtés de l'océan. C'est le "Schisme".
Nous avons Christian, beau blond lumineux aux yeux bleus, en Californie et Jonathan, le narrateur, se disant insignifiant, de taille moyenne, « des yeux bleus vert huître » en région Parisienne.
C'est l'apocalypse, une pandémie ravage le globe.
Travelling. Tout est décrit au travers de l'oeil du narrateur, qui se fait réalisateur derrière sa caméra. On suit les personnages dans leur vie, leurs pensées, leurs émotions, les rencontres, leurs amis, leurs amants... et la mort qui les entoure.
Une pincée de Kubrick, de Godard, et de World War Z (excusez-moi pour mes pauvres références cinématographiques, celles de Tadzio sont plus étoffées, je pense)
Mais, la littérature reste bien présente, et souvent servant de modèle; une maison qui fait penser à Bret Easton Ellis, un amant qui lit De La Bruyère et De La Fontaine, un livre de Thomas Mann posé sur une table de nuit (référence importante à la construction de l'intrigue), et bien d'autres encore.
Et Christian veut revenir à ses premières amours de jeunesse qu'est la France, pour l'instant peu impactée par le virus, et décide de prendre un poste d'assistant d'anglais au Lycée.

Alors, viennent la rencontre, la confrontation, l'apparition et "l'épiphanie";
C'est une évidence entre ces deux personnages, ils sont compatibles jusque dans la rime Jonath.an et Christi.an.
Le narrateur va se focaliser sur leurs échanges, sur le Je et le lui. Leurs corps fusionnent dès la première rencontre, la caméra filme en champ, contre-champ, Jonathan vit la scène et hors champ il visionne la scène.
Jonathan devient accro à Christian le solaire, le fataliste, son étoile, apprend de lui des premières fois, au cannabis, à la construction de flocons de neige en papier... Il ne peut plus s'en détacher.
Des allers-retours, une escapade, et toujours des références littéraires; des adorées, Phèdre, Eluard, Sagan, et d'autres détestées, Vautier qui dégouline de bonheur, mais le narrateur, lui, veut se réclamer du malheur.
Des attentions de Christian à son good boy, qui lui offre entre autre un Dostoïevski. Tout cette partie est consacrée à ces deux êtres interstellaires.

Et c'est la fin du monde, "Eschatologie". La mort de Venise de Thomas Mann prendra tout son sens...

Chez Tadzio Alicante, aucun sentiment frileux, tout est décrit sans fioriture, c'est cru, naturel, lyrique souvent, à la lisière de la philosophie, poétique et introspectif. Pas de demi-mesure, on adore ou on abhorre, et bien moi j'ai adoré, même si parfois, il a remis en question certaines de mes certitudes, sans toutefois me les faire renier, j'ai adhéré à l'histoire, à sa plume, à son originalité, à sa personnalité et à l'extra-terrestre littéraire qu'il est.
Pour une première fois, ce livre est une réussite, et l'auteur a, pour ce qui me concerne, un avenir plus que certain.
À découvrir absolument
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C'est la fin du monde.
La fin du monde tel qu'on le connaît.

Une pandémie décime l'espèce humaine, les morts font la une de tous les journaux, s'affichent sur toutes les chaînes. Dans ce décorum si terriblement réaliste, la caméra zoome. Sur Christian d'abord, un Californien avec le soleil de Los Angeles dans les cheveux. Il fait l'amour sur la plage. Il est beau. Sur Jonathan ensuite, un professeur français avec dans les iris les éclats de la Seine sous l'indifférence du ciel. Il parle de Duras et de Nabokov au garçon qui vient de jouir en lui.

Entre les deux hommes, un schisme océanique, mais aussi La mort à Venise, de Thomas Mann, tel un étrange lien de mots, la mise en abîme d'une obsession à venir.

Zoom arrière.

Sous la plume unique de Tadzio Alicante, les deux acteurs évoluent dans leurs mondes parallèles, des mondes de doutes et de sexe, de peur et de désirs, de futurs incertains semés de signes annonciateurs.

Transition par le vide, entracte. La scène se vide. Les deux acteurs restent dans la lumière. Épiphanie. Ils se rencontrent. Les fragments de leur histoire nous sont jetés tels des miettes de pain, des flashs. Désir puzzle, amour en morceaux, tessons de jouissance.

Entre Chalendon et Ernaux, entre Duras et Despentes, l'auteur nous livre l'histoire superbe et sans concessions de la jonction de ces deux trajectoires. Débarrassée de ses fioritures, déshabillée jusqu'au xylème, la poésie ici est brute, minérale. On retourne à l'essentiel : le mot. Sa valeur. Sa couleur. le poids de ses lettres sur la langue.

« Je ne fais pas que l'écrire, je le prononce également. Prononcer son prénom, CHRISTIAN, à chaque seconde. le scander encore CHRIS-TI-AN et encore CHRIS-TI-AN jusqu'à ce qu'il perde sa valeur (non) et sa signification (jamais) CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN.
Puis j'ai cherché des mots pouvant rimer avec son prénom mais rien qui ne me satisfasse. Soudainement, comme une évidence, un trésor caché sous mon nez mais invisible : JonathAN — ChristiAN. Nous rimons. Joie hallucinée s'emparant de mon coeur et de mon corps. »

Alicante ne raconte pas : il montre, il dessine, il filme. Organiques à l'extrême, ses lignes sentent la mer, le sperme et cette chaleur inouïe, celle du ciel en feu, celle des corps qui se percutent, entre désir et amour – y a-t-il une différence ? Quelle importance après tout… – celle du brasier qui couve dans la poitrine de Jonathan. Elles portent la couleur dorée de Christian.

« L'alcool a endormi sa tête qui sommeille entre mes cuisses. Elle semble morte. Ses paupières qui tirent sur le violet couvrent le ciel bleu que son regard propage partout habituellement. À un moment, je cède et deviens hérétique. Je commets un sacrilège, je touche l'idole et passe une de mes mains dans ses cheveux d'or. Ils s'accrochent à elles et sont gluants comme du sperme frais. »

De la fulgurance du plaisir aux affres sans fin du manque, de l'acédie de l'obsession qui creuse les entrailles à l'ivresse extatique des retrouvailles, l'auteur dissèque les sentiments sous scialytique, coups de scalpel lyriques sur le corps de Jonathan, un corps en déroute, qui ne vit, ne pense, ne respire plus que pour lui, Christian, son Christ, son étoile.

« Christian, écris-moi davantage. Je ne veux pas qu'on ait pitié de moi car je sais ma fatalité, je la sais et je la répéterai comme une formule usée d'avoir été trop dite : je suis de la race de ceux qu'on abandonne, qui attendent et meurent. »

Il est de ces livres que l'on a du mal à décrire tant il déflore un territoire encore vierge ; le garçon from L.A. est de ceux-là. le style, la construction, tout ici porte une patte unique et nouvelle. Portée par une plume d'un talent inouï, ce roman se lit comme on regarde défiler des diapositives, comme on avale gorgée après gorgée un vin plein de soleil. Impossible de lâcher cette oeuvre, cette histoire qui vous transporte, vous bouleverse, au point de pouvoir ébranler ce que vous croyiez être vos goûts en matière de lecture. La qualité extrême de l'écriture d'Alicante, tour à tour tranchante, vibrante, et sensible, se révèle dans toutes ses nuances au sein de ce tout premier roman qui en appelle beaucoup d'autres. Chaque mot est à sa place, chaque phrase est dénudée sous nos yeux, et j'ai appris une nouvelle définition du beau en écriture. Nul besoin de verbiage quand on maîtrise le verbe, l'auteur nous le démontre avec maestria.

Une oeuvre magistrale, à lire un soir de canicule.
Un coup de coeur.

Un coup au coeur.
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